Législatives: Ouattara pour l’augmentation du nombre de Pro-Gbagbo au sein de la Commission électorale

Par Abel Doualy Source: Fraternité Matin – Législatives: Ouattara promet l’augmentation de la représentation du FPI au sein de la CEI

M. le Président de la République, quel est le sens de cette visite et quelles sont ses implications pour la Côte d’Ivoire ?

Je suis venu voir mon aîné, le président Diouf secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) pour le remercier pour son soutien constant pendant toute ma carrière professionnelle et tout mon parcours politique. Il a toujours été pour moi une source de sagesse et de conseils.

Je voudrais indiquer que je suis venu aussi dire merci au président Diouf pour avoir eu des mots très forts de soutien à notre endroit, aux Ivoiriens et aux Africains vivant en Côte d’Ivoire et pour avoir affirmé clairement que les élections avaient été démocratiques et suivies par l’Oif. Cela, selon lui, demandait le respect de la volonté du peuple ivoirien et son soutien à la démocratie.

Cette crise post-électorale, vous le savez, a été terrible. Elle a causé beaucoup de souffrances à tous les Ivoiriens et également aux ressortissants des pays de la Cedeao et des Etats africains. C’étaient des moments importants pour la Côte d’Ivoire et grâce à sa position, à celle des Nations unies et de toutes les institutions internationales, nous avons pu traverser cette crise.

Je suis donc venu dire à M. le président que la Côte d’Ivoire est maintenant engagée dans la réconciliation. La sécurisation est faite et je pense que nous avons une situation apaisée. Nous préparons les élections législatives pour le 11 décembre ; elles seront transparentes et démocratiques comme la présidentielle. La situation économique s’améliore également très rapidement et nous espérons, dès l’année prochaine, atteindre un taux de croissance de deux chiffres. La Côte d’Ivoire en a les potentialités.

Nous voulons surtout réaffirmer notre appartenance à la Francophonie et dire que malgré une certaine distance observée ces dernières années, nous sommes très fiers de notre appartenance à notre organisation commune et satisfaits de la coopération qui s’est renforcée ces derniers temps. Nous remercions l’Oif de toutes les dispositions prises, pas seulement dans le domaine électoral et politique, mais également en matière de soutien à la formation, à la promotion culturelle et pour le suivi d’un certain nombre de programmes.

Le président Diouf était en Côte d’Ivoire les 3 et 4 août derniers. Je lui avais promis de venir le saluer, ici, et je suis content de l’avoir fait. S’il pouvait nous faire l’honneur de revenir à Abidjan, nous en serions très flattés et très honorés.

La bonne nouvelle, M. le Président, c’est l’éligibilité de la Côte d’Ivoire à l’Agoa. Que dites-vous à ce sujet ?

Dès notre arrivée, nous en avons été informé. A Abidjan, je crois que la nouvelle a été annoncée par le Premier ministre et le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères. Ceci veut dire que la Côte d’Ivoire respecte maintenant les règles élémentaires de bonne gouvernance, les droits de l’homme. Cette éligibilité à l’Agoa permettra aux entreprises ivoiriennes d’exporter librement et sans droit de douane vers les Etats-Unis qui sont un très grand marché. Nous pensons pouvoir en profiter et cela contribuera au renforcement de la croissance.

Nous exportons déjà beaucoup de cacao et les Américains, vous le savez, sont de gros consommateurs de chocolat. Exporter le cacao sur les Etats –Unis sans droit de douane est tout de même un encouragement à l’importation de ce grand pays. Nous exportons également un peu de pétrole puisque des entreprises américaines exploitent maintenant ces ressources en Côte d’Ivoire. Nos industries, que ce soit dans le domaine du coton, des fruits et légumes, pourront également exporter sans droit de douane aux Etats-Unis. Nous allons exploiter ces opportunités.

Concernant les élections législatives en Côte d’Ivoire, que faites-vous pour satisfaire aux conditions posées par le Fpi pour y prendre part ?

Les élections, je vous le répète, doivent être démocratiques et transparentes. Nous avons toujours, ensemble, mis en place les structures pour cela. Il s’agit de la Commission électorale indépendante (Cei) qui travaille sur la base des mêmes règles que celles qui ont guidé l’élection présidentielle. Ce que j’ai indiqué à la délégation du Fpi, qui m’a rendu visite il y a quelques semaines, c’est que je ferai tout ce que je peux faire personnellement.

Par exemple, augmenter la représentation du Front populaire ivoirien au sein du bureau de la Commission électorale indépendante pour que ce parti puisse faire entendre sa voix. Je suis prêt à le faire. D’ailleurs, j’ai signé un décret pour accroître le nombre des vice-présidents de la Cei afin que le Fpi puisse y siéger. En outre, nous avons décalé d’une semaine la date limite de dépôt des candidatures aux élections législatives. Tout ceci pour permettre au Front populaire ivoirien de s’organiser et venir.

Les discussions sont en cours et j’espère que, individuellement ou collectivement, certains cadres de ce parti participeront au scrutin. Je le dis avec beaucoup de sincérité dans leur intérêt. Le Rdr, en raison du rejet de ma candidature en 2000, n’était pas allé aux législatives. Cela a été une erreur que je ne souhaite pas voir le Fpi commettre.

Propos recueillis à Paris par ABEL DOUALY Fraternité Matin

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Côte d’Ivoire: élections législatives du 11 décembre, préparatifs sur fond de cacophonie (ANALYSE) (Xinhuanet)

ABIDJAN — Le compte à rebours a commencé pour les élections législatives ivoiriennes officiellement prévues pour le 11 décembre prochain. Toutefois, à l’approche de cette date, des sons discordants se font entendre autour des préparatifs et du chronogramme du scrutin.

Les premiers éclats de voix ont retenti au sein même des partis politiques devant prendre part au scrutin.

C’est l’exemple du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, parti d’Henri Konan Bédié allié à Alassane Ouattara) où l’élaboration de la liste des candidats a été laborieuse.

Des « candidats à la candidature », en majorité des jeunes, ont crié leur frustration de ne pas figurer sur la liste des retenus pour défendre les couleurs de leur parti politique aux législatives.

« Les responsables du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition pro-Ouattara) ont recommandé une candidature unique pour cette coalition dans les circonscriptions électorales, mais cela suscite toujours des grincements de dents et des frustrations », a fait remarquer Marcellin Konan, leader d’un mouvement de jeunesse à Yopougon (ouest d’Abidjan).

Du côté des partis pro-Gbagbo, la situation n’est pas non plus reluisante. En témoignent les hésitations et des avis contradictoires donnés par des responsables de ces partis concernant leur participation aux législatives ou le boycott du scrutin.

L’annonce du report de la date butoir du dépôt des candidatures au 31 octobre que vient de faire la Commission électorale indépendante (CEI) constitue l’une des conséquences directes de cette cacophonie au sein des participants à la course aux législatives.

La date initiale du 26 octobre (mercredi) n’était plus tenable, la Commission électorale n’ayant enregistré qu’une soixantaine de candidatures, sur 255 postes à pourvoir au Parlement.

« Ce constat nous a amené à octroyé une rallonge de cinq jours », a confessé le porte-parole de la CEI Yacouba Bamba.

UNE DATE IMMUABLE ?

Celui-ci a toutefois déclaré que cette mesure n’aura pas d’incidence sur la date du 11 décembre retenue pour le scrutin, assurant même qu’il s’agit d’une date « immuable ».

Pour M. Bamba, toutes les dispositions ont été prises par la CEI en interne pour une organisation efficace des élections, selon le chronogramme établi.

« Le léger réaménagement que nous avons porté à ce chronogramme est conforme à la loi. Nous restons dans le délai défini par les dispositions légales », a-t-il précisé.

Mais pour certains observateurs, après le report de la date du dépôt des candidatures, c’est au tour de la date même de l’élection d’être menacée.

« La date du 11 décembre pourrait connaître un changement au regard des pressions qui commencent à voir le jour », ont-ils estimé.

LA PRESSION DES PRO-GBAGBO POUR UN REPORT

Sur le terrain, le Congrès national pour la résistance et la démocratie (CNRD, mouvements et partis politiques pro-Gbagbo) a donné le ton de ces pressions.

Dans une déclaration publiée mardi, les membres de ce regroupement pro-Gbagbo ont interpellé le pouvoir et demandé le report du scrutin législatif « pour donner une chance à la démocratie, la paix et la réconciliation ».

Pour ceux-ci, les élections peuvent constituer un élément important du processus de réconciliation nationale, si elles se déroulent dans un climat de confiance et de sérénité.

« Aller aux élections dans la précipitation, en éludant les problèmes en amont, ne fera qu`amplifier, en aval, la situation actuelle avec son cortège de drames et de souffrances indicibles. Nous en avons eu la malheureuse expérience avec les élections présidentielles de 2000, puis de 2010 dont les conséquences sont encore très visibles », a averti le CNRD.

Les pro-Gbagbo qui se disent « disposés à jouer pleinement leur rôle dans un processus électoral équitable » ont égrené certaines conditions telles que la libération de leurs camarades détenus, le retour des exilés et des déplacés, la révision de la composition de la CEI, le dégel des avoirs des cadres de l’opposition.

Par ailleurs, le sous-secrétaire d’Etat américain chargé de la démocratie et des droits de l’homme Daniel Baer en visite le 19 octobre dernier en Côte d’Ivoire avait souhaité une participation du Front populaire ivoirien (FPI, opposition, parti de Laurent Gbagbo) aux législatives pour permettre à la Côte d’Ivoire de mettre en place une Assemblée nationale représentative.

LA SERENITE DU POUVOIR

Face à ces faits, le président ivoirien Alassane Ouattara a choisi de jouer la carte de la sérénité et de la constance.

« Dans ce processus de démocratisation, le gouvernement ivoirien met tout en œuvre pour organiser les élections législatives le 11 décembre prochain », a insisté M. Ouattara lors d’une intervention mercredi à la tribune de l’UNESCO à Paris.

Pour le chef de l’Etat ivoirien qui entend ainsi rester constant sur sa position, les législatives, tout comme les élections présidentielles, seront conformes aux accords conclus entre les parties ivoiriennes, notamment dans le cadre de l’Accord Politique de Ouagadougou.

La Côte d’Ivoire tente de retrouver la normalité après une crise post-électorale aigüe qui a secoué le pays cinq mois durant.

Les Ivoiriens se trouvent dans l’attente des élections législatives devant permettre le renouvellement du Parlement ivoirien.

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