Hadj Encore magouilles et escroqueries les pèlerins crient leur ras-le-bol

Mauvaise organisation, reports successifs des vols… /

Une triste première en Côte d’Ivoire. Des dizaines de pèlerins ivoiriens et parents de pèlerins ont bloqué des rues des Deux-Plateaux, hier, pour crier haro sur les reports successifs de leurs vols.

Impossible de se rendre à Adjamé-Liberté en passant par le boulevard Mitterrand, hier matin. Ceux qui veulent contourner en passant par le lycée technique sont également refoulés. De fait, des dizaines de pèlerins et parents, aussi furieux qu’indignés, ont barricadé les voies à l’aide de tronc, d’arbre et de pierres. Hommes, fem­mes, vieilles personnes, enfants, tous ont assiégé les deux voies qui passent devant et derrière la direction générale des cultes. Très actives, des femmes âgées sont assises sur la route à même le bitume. C’est un spectacle rare. Tous scandent : « on veut nos avions ; nos vols ont été reportés ; on nous a dit de retourner à la maison, alors que l’Arabie-Saoudite ferme ses frontières, dimanche ». Ils veulent comprendre ce qui se passe. Et c’est dans l’espoir de se faire entendre par Pascal Kouakou N’Guessan, le directeur général des cultes ou Mamadou Kourouma, le commissaire du hadj, qu’ils sont-là. Cependant, ces derniers sont introuvables, et impossible de les joindre. Dans l’indignation, des pèlerins assiègent les locaux de la direction générale des cultes. Ils ne trouvent aucun interlocuteur. Des journalistes qui les suivent, peu après, sont confrontés au même problème. L’atmosphère est explosive. Entre injures et protestations, les pèlerins ressortent des locaux. « On nous a caché la vérité : il n’y a pas d’avion. Le premier vol qui devrait partir, vendredi, est finalement parti, samedi. Lundi, le second vol est parti. Alors que nous étions tous entassés à l’aéroport, on nous a dit que seul le troisième vol partira ce soir (ndlr : mercredi) et qu’il fallait qu’on rentre chez nous», explique Ali Dagnogo, un pèlerin, dans la cinquantaine. Aucune autre information ne leur a été donnée quant à leur départ. Sur dix vols programmés, seuls trois ont pu être effectués. « En plus, ce sont les membres de la délégation présidentielle qui sont partis dans les premiers vols », ajoute Ibrahim Diallo, un autre candidat au pèlerinage 2011, qui risque de le rater. Pourtant, Daniel Bamba Cheick, le directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, se réjouissait du nombre-record de pèlerins cette année : 6.000. Pour l’instant, seuls moins de 2.000 d’entre eux sont assurés de fouler la terre sainte.
Raphaël Tanoh

Photo. Tabaski Abidjan par D.r

Des pèlerins introuvables sur la liste
La manifestation des pèlerins n’avait pas pour seul but de réclamer leurs vols. Le manque d’avion n’est que la face visible de l’iceberg dans la mauvaise organisation de ce hadj 2011. Plusieurs pèlerins se plaignent qu’ils n’ont pas vu leurs noms sur la liste des pèlerins prévus dans les vols. Alors qu’ils remplissent toutes les conditions. Parmi eux, Ibrahim Diallo dont le dossier a été enregistré sous le N° 0025/0188/1723 TGAN01. Abdramane Ouologuem se plaint également. Son dossier a été enregistré sous le N° 0021/0548/5176. Tout comme ces deux pèlerins, de nombreux Ivoiriens sont confrontés à ce problème, cette année. Selon Diallo, ils n’ont pas trouvé d’interlocuteur pour répondre à leurs préoccupations. Et si rien n’est fait, ils manqueront leur hadj par la simple faute d’une mauvaise organisation.

R.T.

Des ihrams vendus aux pèlerins
Alors que le président de la République a offert gratuitement des ihrams (étoffes saintes) aux pèlerins ivoiriens cette année, certains d’entre eux affirment qu’on leur a vendu ces étoffes à 15.000 Fcfa. Alassane Diakité qui représentait son père à la manifestation en témoigne. Le dossier de son géniteur, Meboutou Dosso est enregistré sous le N° 0022/0537/0854. « Il se trouve sur la liste des départs. Il m’a demandé de venir prendre son ihram, mais lorsque que je l’ai réclamée, on m’a dit que c’était payant. Et que l’ihram coûte 15.000 Fcfa », indique-t-il. Quant au nom de celui qui le lui a vendue, il ne l’a pas. Mais Diakité n’est pas le seul à s’en plaindre. Un des pèlerins du nom de Moussa Doumbia renchérit qu’il a lui aussi payé son ihram, au même prix. Il ajoute qu’ils sont plusieurs dans ce cas.

R.T
Nord-Sud

Affaire 77 pèlerins bloqués en Turquie : Le conseil évangélique s’explique
Partis de la Côte d’Ivoire, le 26 septembre 2011, les pèlerins ivoiriens avaient été bloqués en Turquie. L’apôtre Janvier Bouabré, président national du Conseil évangélique de Côte d’Ivoire (Ceci), organisateur de ce pèlerinage chrétien, indique qu’il s’agit d’un malentendu. Israël qui célébrait le « Youm Kippour », une fête sacrée, avait fermé tous ses services, selon lui. « Le partenaire israélien, ‘‘Tour Operator’’, n’a pu donner cette information à temps », indique l’apôtre. Ce qui a contribué à bloquer 77 pèlerins ivoiriens pendant 10 jours. « Lors de ce séjour forcé, les visas qui avaient une validité de 15 jours, ont expiré» regrette-t-on. De plus, il y avait les chambres, la nourriture à assurer. Face à ces problèmes imprévus, ajoute l’apôtre Bouabré, un effort considérable a été fait par le chef de l’Etat qui a offert 250 millions de Fcfa pour décanter la situation. Ainsi, les pèlerins chrétiens ont pu effectuer leur pèlerinage. Il regrette que des candidats se soient illustrés de la plus mauvaise des manières, en envoyant des messages à tout le monde pour s’indigner de leur problème. Cela dans le but de nuire au chef de l’Etat. Ce que le Ceci regrette, dit-il. Car, contrairement aux autres années, le chef de l’Etat a beaucoup aidé les pèlerins chrétiens.

Raphaël Tanoh

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