Après les évènements d’Agban – Le grand nettoyage de la gendarmerie a commencé

Le général Kouassi Gervais, commandant supérieur de la gendarmerie ne veut plus se laisser surprendre par des sautes d’humeurs des soldats de son corps. Après la mutinerie de la nuit du 14 au 15 octobre dernier, où des gendarmes ont tiré pendant une heure dans le plus grand camp de gendarmerie du pays, c`est-à-dire Agban, ‘’Gervinho’’ comme l’appellent ses hommes, a décidé de ‘’ nettoyer’’ le corps d’élite. Pendant que les enquêtes se poursuivent pour situer les responsabilités des uns et des autres par les auditions et des arrestations, la volonté du patron de la gendarmerie d’apporter le coup de balai s’accentue. Selon une source bien introduite, un vent de nettoyage souffle à la gendarmerie nationale. Pas question pour le remplaçant d’Edouard Kassaraté Tiapé à la tête du corps le plus respecté en Côte d’Ivoire pour sa discipline et surtout son sens du devoir républicain, de laisser prospérer le désordre et l’incivisme. Ainsi, précise notre source, tous les maquis dans l’enceinte du camp d’Agban, où les soldats décompressaient après le boulot, ont été détruits. Le message est clair : l’alcool et les armes ne font pas bon ménage. L’ordre, aux yeux du commandant, passe nécessairement par la maitrise des effectifs et des mouvements des troupes. Par conséquent, il a été décidé de jeter un coup d’œil sur les dossiers de recrutement des gendarmes. Surprise : selon notre source, certains soldats ne sont pas passés par les concours pour intégrer les fichiers de la gendarmerie. Comment cela a-t-il été possible ? Notre interlocuteur affirme que la preuve a été faite que ces éléments ont été recrutés en dehors de la voie légale et versés dans les effectifs. En fait, lorsque la crise militaro-politique a éclaté en septembre 2002, l’on se souvient que 2000 jeunes avaient été recrutés sans procédure par l’armée ivoirienne. Ceux que l’on a baptisé les ‘’2000 recrues’’ ont été par la suite reversées dans les différentes composantes de la grande muette. Et certains ont intégré les rangs des forces de première catégorie (la police) et de deuxième catégorie (la gendarmerie). En plus, l’ex-parti au pouvoir, le FPI de Laurent Gbagbo a pris le soin de faire le plein de la gendarmerie et de la police avec ses militants. C’est le bouillant président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, alors n°3 du FPI qui a levé le voile sur cette scabreuse affaire des quotas aux concours d’entrée à la police et à la gendarmerie en juin 2010. Dans une sortie musclée, le N°2 de l’ex-régime a dénoncé le ministre de l’Intérieur d’alors, Désiré Tagro et ses complices qui selon lui, faisaient autant de mal aux Ivoiriens que l’ex- rébellion. Avant que le ministre mis en cause avoue lors d’un conclave de son parti le 13 juin 2010 que les 2/3 de places aux concours d’entrée à la police étaient réservées aux membres de la direction du FPI qui se les partageaient. Après la chute du régime, que faire de ses soldats recrutés sur la base du militantisme? Cette préoccupation est à l’étude. En attendant un vaste mouvement de mutation dans les brigades de gendarmerie à travers tout le pays a été entrepris par le commandement supérieur. Aussi, tous les soldats ayant une présence prolongée à Agban ont-ils été mutés ailleurs. Et une opération d’indentification des familles et le nombre exact de leurs membres est en cours dans le camp. Le commandant supérieur est déterminé à restaurer la discipline et l’ordre au sein de la gendarmerie. Surtout que le chef des mutins du 15 octobre, qui a lancé un message sur la radio de la gendarmerie, a appelé à une révolte contre la manière de diriger les troupes. Pour le Général Kouassi donc, il n’est plus question de tergiverser dans la tâche de redonner à la gendarmerie, sa réputation de loyauté aux institutions de la République.

Lacina Ouattara
Le Patriote

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