France Sarkafrique – Sarkozy accusé de favoriser son ami Bolloré en Afrique

Source: lexpress.fr par
Par Michel Martins

Selon Jacques Dupuydauby, ex-dirigeant du groupe portuaire Progosa, interrogé par Mediapart, des chefs d’Etat africains auraient avoué avoir subi des pressions de la part de l’Elysée au profit du groupe Bolloré.

« Quand Vincent Bolloré s’implante quelque part, il utilise le président français comme son VRP de luxe. Nicolas Sarkozy, de son côté, met dans la balance les relations franco-africaines et fait des pressions […] On est passé de la Françafrique des mallettes à la Sarkafrique des concessions. » Dans l’interview que publie Médiapart ce lundi, Jacques Dupuydauby ne mâche pas ses mots, et accuse ouvertement le président de la République de « chantage d’Etat » au profit de son ami Vincent Bolloré.

Au lendemain de son départ à la retraite, l’homme d’affaires franco-espagnol, président du groupe portuaire Progosa, ancien vice-président du groupe Bouygues et proche des réseaux chiraquiens, affirme avoir personnellement recueilli les confidences embarrassantes de plusieurs présidents africains, dont Faure Gnassingbé (Togo), Denis Sassou N’Guesso (Congo) et Paul Biya (Cameroun).

« Vous ne pourrez plus compter sur l’appui de la France »

Les trois dirigeants lui auraient affirmé qu’ils ne pouvaient (ré)attribués la gestion des ports de Lomé, Pointe-noire et Douala à son ex-société en raison des pressions exercées par Nicolas Sarkozy au profit du groupe Bolloré. Selon lui, le message de l’Elysée était clair: « Si vous ne faites pas ce qu’on vous demande en donnant telle et telle chose à Bolloré, vous ne pourrez plus compter sur l’appui de la France. »

Dans cet entretien, Jacques Dupuydauby évoque également l’intervention de l’Elysée pour les ports de Misrata en Libye, et d’Abidjian en Côte d’Ivoire, attribués malgré les bouleversements politiques au groupe Bolloré. Selon l’ex-homme d’affaires, Patrick Balkany, député-maire de Levallois-Perret et Alain Carignon, un proche de Brice Hortefeux, jouaient un rôle de « courroie de transmission » entre le chef de l’Etat et ces dirigeants africains.

Le bras de fer Dupuydauby-Bolloré ne date pas d’hier

Par ailleurs, l’ex-dirigeant qui a été comdanné le 7 septembre dernier à vingt ans de prison ferme et plus de 350 millions d’euros d’amendes par un tribunal de Lomé (Togo) pour « abus de confiance », « délit d’escroquerie » et « groupement de malfaiteurs » affirme que « toute cette affaire a été orchestrée par Vincent Bolloré ». Jacques Dupuydauby demande également l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire par la nouvelle majorité socialiste du Sénat.

Le bras de fer qui oppose Jacques Dupuydauby et Vincent Bolloré en Afrique ne date pas d’hier. Voilà des années que le Sévillan d’adoption et le Breton de souche échangent menaces et anathèmes ou croisent le fer dans les prétoires. Manoeuvres frauduleuses, escroquerie et diffamation, accuse l’un; corruption et favoritisme, rétorque l’autre.

Par Michel Martins

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