Présentation de l’ouvrage « Côte-d’Ivoire : De la recolonisation à l’inévitable révolution »:Un réfugié, jeune pro-Gbagbo révèle les dessous pervers de la crise ivoirienne
C’est un refugié de guerre qui parle. Serges-Arnaud Degré, jeune responsable d’une structure spécialisée de la jeunesse du Front populaire ivoirien, brise le silence à travers un chef-d’œuvre. Il est baptisé « De la recolonisation à l’inévitable révolution ». Samedi dernier au Chant d’Oiseau de Cotonou, l’homme a tenu avec la presse nationale, une séance de dédicace pour mieux expliquer les profondes motivations de son action. Volumineux de 133 pages, ce chef-d’œuvre dont seule la couverture imagée d’hommes en uniforme, manipulant des chars de guère fait penser à une situation catastrophique, est un « Courage ».
Et l’auteur, Serges-Arnaud Degré, sans cagoule ni masque, présente dans une démarche bien sûr partisane, mais non moins objective, l’autre face de cette guerre qui a secoué la Côte-d’Ivoire, son pays et qui a mis fin au régime du désormais ancien Président, Laurent Gbagbo. Présenté par Nevis Stéphane, l’ouvrage « De la recolonisation à l’inévitable révolution » désormais disponible sur le marché livresque est subdivisé en 6 différents chapitres.
Dans une posture d’historien, Serges Degré part d’abord du processus de la colonisation de la Côte-d’Ivoire avec ses corollaires comme par exemples la résistance populaire, notamment celle des intellectuels, l’exploitation abusive de ses ressources par le Colon sans compter les nombreuses victimes que l’usage de la puissance a faites dans le rang des résistants. Autrement dit, à travers ce premier chapitre, Serges Degré vous fait découvrir la Côte-d’Ivoire à l’étape coloniale dans toutes ses dimensions avec les 4 grands groupes ethniques qui la constituent jusqu’à ce jour.
Dans le second chapitre, l’auteur poursuit sa démarche d’historien et aborde une autre époque de son pays qui l’a vu naître et grandir. C’est bien la période empreinte de rudes batailles avec le colonisateur et qui s’est finalement soldée par l’indépendance des nations africaines, mais avec le conditionnement des nouveaux dirigeants d’une unique façon de gérer leur peuple désormais « libre ». Là, l’auteur parle du multipartisme qui se révèle selon lui, le choix d’un régime imposé par le colonisateur. Mais pour en arriver à ce système de gestion, il a fallu un événement majeur.
Il s’agit de la chute du mur de Berlin en 1989 qui a conduit à la libéralisation selon Serges-Arnaud Degré, « de la manière de penser ». Et c’est justement de ce pan de l’histoire que l’auteur du chef-d’œuvre : « De la recolonisation à l’inévitable révolution » parle dans le 3ème chapitre de son ouvrage. A travers cette partie du livre, l’auteur retrace le contexte historique du multipartisme dans les pays africains devenus libres pour la plupart dans les années 1960. Au chapitre 4 de l’ouvrage, Serges-Arnaud Degré crève l’abcès. Il rend sans hypocrisie ni langue de bois, la France responsable des atrocités notées lors de la guerre qui a secoué sa patrie.
Baptisé « Le coup d’Etat de la France », ce chapitre révèle les racines de cette crise qui a fait au jour d’aujourd’hui 660.000 refugiés, plusieurs milliers de morts et de blessés et des dégâts matériels impressionnants. « C’est le coup d’Etat le plus long de l’histoire », renseigne Serges Degré dans son ouvrage tout en prenant comme point de départ, l’époque du décès du premier Président ivoirien, Félix Houphouët Boigny qui a déclenché une guerre de succession sans merci dans le rang de ses proches et de ceux qui le combattaient.
Mais ce coup d’Etat, la France l’a réussi et l’auteur de l’ouvrage a su trouver les mots pour le démontrer dans son chef-d’œuvre. Pour lui donc, « le pouvoir d’Alassane Ouatara est un pouvoir imposé par le « recolonisateur » français ». Et il voit le nouveau régime comme l’aboutissement d’un coup d’Etat engagé depuis des années. Au chapitre 5 de son ouvrage, Serges Degré développe un nouveau concept. Il s’agit de « La recolonisation ». C’est précisément dans ce chapitre que le jeune écrivain parle de la période post électorale en Côte-d’Ivoire.
Il prend comme l’un des nombreux exemples de la recolonisation de son pays, les propos du Président Sarkozy et certaines pratiques auxquelles se sont adonnées les nouvelles autorités de la Côte-d’Ivoire une fois installées au pouvoir. « La France a fait son devoir », avait déclaré Nicolas Sarkozy juste après la chute de Laurent Gbagbo selon les révélations du jeune Responsable du FPI. Et ce n’est pas tout. A travers son chef-d’œuvre, l’auteur évoque les faveurs qui sont actuellement faites aux Français. « Tous les contrats sont désormais signés par des entreprises françaises », a mentionné Serges Degré avant d’aborder le dernier chapitre de son ouvrage qu’il intitule « l’inévitable révolution ».
Là, le jeune écrivain fait le bilan des frustrations nées de l’après Gbagbo. Entre autres, il évoque le limogeage de 1500 fonctionnaires de la Présidence de la République de la Côte-d’Ivoire, 48 mandats d’arrêts décernés contre des proches de l’ancien Président déchu, 660.000 refugiés de guerre et une chasse à l’homme effrénée déclenchée contre des partisans de Gbagbo qui sont restés en Côte-d’Ivoire malgré tout avec pour corollaires, le musèlement de l’opposition ivoirienne.
Face à ce tableau assez sombre, l’auteur conclut : « Toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour diviser davantage les Ivoiriens. Et quand le peuple sera débordé, la révolution sera inévitable ». Il conseille alors aux nouvelles autorités de prendre la situation au sérieux afin de permettre aux opposants, de s’exprimer et ce de façon constructive pour que vive la Côte-d’Ivoire.
Donatien GBAGUIDI
Journal L’EVENEMENT PRECIS 24/10/11
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