Arrestation de Séka Séka Le passeport biométrique ivoirien est-il fiable ?

Anselme Séka Yapo, l’homme dont le nom a été souvent associé aux ‘’escadrons de la mort’’ sous le régime de Laurent Gbagbo était porteur, au
moment de son arrestation, de deux passeports biométriques sous des identités différentes. Son périple s’est donc achevé sur les bords de la lagune Ebrié où il devra sûrement éclairer les fins limiers de la police criminelle sur les disparitions ou circonstances des morts de Robert Guéi, Guy André Kieffer et sur les noms des parrains et financiers des ‘’escadrons de la mort’’. Mais en attendant qu’il fasse éclater la vérité sur tous ces morts non encore élucidés, la fiabilité du passeport biométrique est aujourd’hui remise en cause avec cette découverte renversante. Le commandant Séka Séka était détenteur de deux passeports biométriques ordinaires au moins. Avec cette nouvelle, de sérieux doutes pèsent sur le caractère infalsifiable du passeport biométrique. Car l’Etat ivoirien avait en son temps rabâché
les oreilles des populations quant à sa grande fiabilité. Il n’est pas possible à une même personne ayant déjà laissé ses empreintes biométriques dans la base de données, de revenir même sous un autre nom, se faire délivrer ce document de voyage. Un homme peut ainsi avoir dix (10) passeports de pays différents et sous la même identité. Mais quand il a dix (10) identités différentes pour les dix (10) passeports alors il y a problème ! Même s’il est vrai que sa position hier dans le dispositif sécuritaire sous Gbagbo a pu permettre à Séka Séka de se faire établir des passeports en supplément ou à profusion et que cela s’est passé même avant
le 11 avril 2011, cette découverte suscite des interrogations à élucider. Par la police criminelle, la direction de la surveillance du territoire (DST) et le service d’établissement des passeports. Y a-t-il eu complicité quelque part ? Cette question doit être tranchée. D’autant plus que d’autres exilés, comme hier IB lui aussi, circulent avec des passeports biométriques ivoiriens, portant leur photo mais souvent avec une identité différente.
Maxime Wangué et Charles Kouassi
L’intelligent d’Abidjan

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Un billet pour l’enfer !

Par COULIBALY Vamara dans Soir Info du 17.10.11

Aller simple, pourrait-on dire de ce voyage du commandant Yapo Séka Séka Anselme, le redouté ex-garde du corps de Mme Simone Ehivet Gbagbo, qui s’est fait coincer, ce samedi 15 octobre 2011, à bord d’un vol de la compagnie Sky, en escale à Abidjan. Un billet d’avion qui conduit directement en «enfer». C’est le scénario catastrophe que vit, depuis trois jours, l’ancien aide de Camp. Il répondra, peut-être aux côtés de Laurent Gbagbo, des nombreuses exactions et autres crimes de sang, que la rue d’Abidjan lui impute, depuis 2002. Du point de vue purement professionnel, l’on peut tirer son chapeau aux services de renseignement ivoiriens, pour avoir réussi ce coup de maître. Ils ont démontré leur efficacité et leur sens élevé de la discrétion. Mais quand l’on gratte un peu la paille de cette arrestation, l’on ne peut pas s’empêcher de voir une ombre des autorités ghanéennes derrière ce coup. C’est vrai, le Ghana n’est pas particulièrement chaud, pour livrer les refugiés ivoiriens qui sont sur son sol. Mais Accra peut donner des renseignements sur leurs mouvements. C’est certainement ce qui vient de se produire. Séka est arrêté, au moment où le procureur de la Cpi (Cour pénale internationale) est en Côte d’Ivoire pour l’ouverture d’une enquête sur les exactions postélectorales ayant fait un peu plus de 3.000 morts. Les juges de la Cpi ont autorisé, le 3 octobre dernier, Luis Moreno-Ocampo à enquêter sur des crimes contre l`humanité et des crimes de guerre commis durant les troubles les plus récents, tout en laissant ouverte la porte pour une enquête remontant à 2002. La justice ivoirienne a placé en détention préventive et inculpé – pour atteinte à la sûreté de l`Etat, crimes économiques ou crimes de sang -l`ex-président, son épouse Simone et une centaine de personnalités de leur bord, civiles et militaires confondus. Le procureur de la Cour pénale internationale a promis une enquête « impartiale » sur les crimes commis durant la crise postélectorale ivoirienne, qui devrait viser entre trois et six responsables. Les enquêteurs de la Cpi, déjà déployés sur le territoire, « se concentreront sur les crimes les plus odieux et les personnes qui ont les plus grandes responsabilités ». Mais ces deux faits ne sauront cacher l’arbre de la « noyade collective » des terminalistes ivoiriens à l’examen du Baccalauréat de cette année. 20,59%, c’est le taux d’admission, toutes séries confondues. Comparativement à 2010 ou le pourcentage était estimé à 23,71, l’on peut dire que la moisson 2011 n’a pas été bonne pour les candidats. Et ce n’est pas exagéré de dire qu’elle est catastrophique, si l’on tient compte des résultats des dix années précédentes. Comment expliquer cette chute drastique du taux de réussite au Baccalauréat en Côte d’Ivoire ? Certains spécialistes se précipitent pour mettre à l’index la crise post-électorale qui, pendant près de sept mois (d’octobre 2010 à avril 2011), a sérieusement perturbé l’école ivoirienne. L’exode massif de nombreuses familles d’Abidjan vers l’intérieur, fuyant la vague de violence qui a suivi le deuxième tour de la présidentielle, a troublé les élèves dans leur ensemble et presque désarticulé l’école qui, il faut le dire, était déjà à l’agonie. Du point de vue psychologique, les élèves ivoiriens étaient déstabilisés avant même les examens. Pour d’autres, ce taux de réussite particulièrement faible peut trouver ses origines dans les nombreuses grèves des enseignants. Le taux d’échec d’environ 80% ne saurait cependant s’expliquer par ces deux faits uniquement. Face à ce résultat catastrophique, il y a lieu de poser la problématique de la qualité de l’enseignement dispensé dans nos écoles, et donc du coup, celle de la qualité des enseignants. De quel type d’enseignants dispose l’école ivoirienne, aujourd’hui ? Il ne faut pas se voiler la face, toute négation de la responsabilité des enseignants dans les échecs scolaires traduirait purement et simplement la mauvaise foi. Il n’est pas rare de voir de nos jours, des enseignants et leurs élèves à la même table, non pas pour des cours de renforcement, mais malheureusement pour ingurgiter de l’alcool. Partant de ce fait, que peut-on raisonnablement attendre de ce type d’enseignants de plus en plus nombreux dans le système éducatif en Côte d’Ivoire ? Quels sont les critères de recrutement des enseignants dans les établissements privés ? Pour le peu que nous savons, les établissements privés qui, par le passé, étaient une référence par la qualité des leurs enseignements, sont devenus aujourd’hui un fourre-tout où les taux d’échec donnent une idée assez nette du niveau des enseignants qui y dispensent les cours. Car, pour nous, il reste évident que les performances des élèves reflètent, d’une façon ou d’une autre, celles de leurs enseignants. Autant l’on ne peut pas comprendre qu’un bon journaliste fasse un mauvais journal, autant il paraît incompréhensible qu’un bon enseignant, un vrai pédagogue, forme de mauvais élèves. Que s’est-il donc passé pour que le niveau amorce cette chute libre effroyable ? Chaque année, pratiquement à la même période post-examens, l’on se contente de porter les mêmes critiques acides sur l’enseignement, sans jamais chercher à faire une rétrospection sur le fruit de l’ensemble des qualités des enseignants. Autrement dit, les enseignants, les formateurs ne font presque jamais d’effort pour remettre en cause leurs méthodes pédagogiques. Sinon, comment comprendre que les taux de réussite plutôt que de connaître une amélioration, dégringolent au fil des années sans que l’on ne puisse donner de façon convaincante les raisons de cette contreperformance. Les 80% d’échec au Baccalauréat 2011 nous ramènent aussi à l’analyse que les classes de plus en plus bondées d’élèves ne permettent pas aux enseignants de dispenser les cours dans la sérénité. Dès lors, la responsabilité de l’Etat est aussi engagée dans les échecs scolaires de plus en plus nombreux et qui, de toute évidence, alarment les parents.

COULIBALY Vamara

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Aéroport Félix Houphouet-Boigny : Le film de l’arrestation de Séka Séka
Nord-Sud

Les policiers de l’aéroport Félix Houphouet-Boigny ont réalisé une belle prise, samedi dernier.
C’est un beau coup de filet que les agents de la police des frontières et les gendarmes ont réalisé, samedi, à l’aéroport international Félix Houphouet-Boigny. Le ‘’wanted’’ sur lequel ils ont mis le grappin n’est autre que le commandant Enselme Séka Yapo dit Séka Séka, en cavale depuis la capture de Laurent Gbagbo, le 11 avril dernier. Il a été cueilli à l’aéroport de Port-Bouët où il était en escale. Selon des informations dignes de foi, le patron de la sécurité personnelle de l’ex-première Dame, Simone Gbagbo, avait embarqué, aux Iles Maurice, très tôt dans la matinée de samedi, à bord d’un vol régulier. En partance pour la capitale guinéenne, Conakry, l’avion emprunté par Séka Séka a fait une escale à Abidjan aux alentours de 15 heures à l’aéroport Félix Houphouet-Boigny. Dans la capitale guinéenne, Enselme Séka Yapo avait une rencontre importante. Il aurait même déclaré à la police, qu’il avait rendez-vous avec le chef d’état-major guinéen. C’est au cours de cette escale que l’aide de camp de Simone Gbagbo qui voyageait pourtant sous une fausse identité, a été pris dans les filets des forces de sécurité. Nos sources à l’aéroport de Port-Bouët assurent que c’est un Ivoirien qui voyageait à bord du même appareil qui aurait signalé aux policiers présents sur la plate-forme aéroportuaire, un individu suspect dans l’avion. Les policiers qui voulaient en avoir le cœur net, s’empressent de vérifier l’information. Et là, c’est bingo. Le suspect en était bel et bien un. Il s’agissait de l’un des hommes forts du régime Gbagbo. Il a été conduit au poste de police où les gendarmes de l’aéroport sont venus le chercher. C’est donc à la gendarmerie mitoyenne de l’aéroport de Port-Bouët, que Séka Séka a accepté de se dévoiler après avoir été cuisiné par ses anciens frères d’armes. Mais, comme le gros poisson ne pouvait pas rester-là, il a été conduit, sous une bonne escorte, au camp commando de Koumassi où il est gardé depuis samedi soir. Il a déjà été soumis à un premier interrogatoire et rien n’indique que les autorités militaires voudront lui laisser le moindre répit.

Selon toute vraisemblance, le wanted qui a été appréhendé, samedi dernier, à l’aéroport Félix Houphouet-Boigny, devrait séjourner encore quelques jours, pour nécessité d’enquêtes. Car, il faut savoir que le nom de Séka Séka a été associé à de nombreuses atrocités commises en Côte d’Ivoire. On lui attribut notamment la paternité des escadrons de la mort qui ont fait fureur dans le pays, de 2003 à 2006. Réputé sans pitié, le capitaine Anselme Séka Yapo serait également le patron du commando qui a enlevé, en avril 2004, le journaliste franco-canadien, Guy André Kieffer. Toujours aux avant-postes quand il s’agit de cruauté, Séka Séka, passé commandant en août 2010, est cité dans des exécutions sommaires qui ont été commises à l’Ecole de gendarmerie d’Abidjan, durant la crise post-électorale qui a duré de décembre 2010 à avril 2011. Là-dessus, c’est le général Georges Guai Bi Poin qui a rajouté une couche épaisse de ce qu’on savait de négatif sur l’ex-aide de camp de Mme Gbagbo.

Arrêté puis interrogé pour des faits d’exécutions sommaires à l’Ecole de gendarmerie, l’ancien patron du Centre de commandement des opérations de sécurité (CeCos) n’a pas hésité, un seul instant, à charger le Cdt Séka Séka. Celui-ci devrait très rapidement être entendu par les services du procureur de la République près le tribunal du Plateau, Simplice Kouadio Koffi. Le juge Patrick Ramaël qui suit l’affaire Kieffer devrait aussi montrer beaucoup d’intérêt à entendre l’une des pièces-maîtresses de l’enlèvement du journaliste franco-canadien.

Marc Dossa

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