De quel « pardon » parle Ouattara en Côte d’Ivoire ?

Par Allain Jules Libre Opinion

Comme le disait Jean Jaurès, « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire; ne pas subir la loi du mensonge triomphant. » Contrairement à de nombreux observateurs de la crise postélectorale ivoirienne, dont certains avaient une lecture biaisée et guidée par la xénophobie ou par le prisme de l’ethnicisme, ce mal africain, j’avais toujours pensé et je le pense toujours d’ailleurs qu’ils étaient et restent dans le faux. La victoire d’un camp sur un autre est simplement érronée.

De quoi s’agit-il ?

Que les Africains ne se voilent pas la face, quelque soit le camp choisi. En Côte d’ivoire, il s’agissait simplement d’une guerre sans merci entre la Françafrique de gauche, moins violente, un peu, beaucoup quand même, et la Françafrique de droite, belliqueuse, arrogante et assassine, un peu, beaucoup, passionnément. Pire, menée qui plus est, aujourd’hui, par un homme sans vergogne, réactionnaire et cruel: Nicolas Sarkozy.

L’avantage a donc été du côté de ceux qui détenaient les clés de la bourse, le pouvoir et tutti quanti. Aujourd’hui, j’observe simplement que le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara n’est pas un démocrate. Que fait l’escroc Luis Moreno-Ocampo en Côte d’Ivoire ? Pourquoi ne va-t-il pas chercher Bush aux Etats-Unis ? Après un processus électoral serein, la crise postélectorale a vraiment endeuillé ce beau pays qu’est la Côte d’Ivoire. Mais, lorsque le président ivoirien s’est déplacé jeudi dernier à Abobo (quartier populaire d’Abidjan), pour rendre hommage aux victimes de cette crise, il précise en clôture de son discours:

« […]Votre tâche est importante car c’est sur vous que repose le succès de notre œuvre de réconciliation.

Alors chers parents des victimes, acceptez de pardonner en mémoire de nos disparus.

Acceptez de pardonner par amour pour notre chère patrie.

Que Dieu protège la Côte d’Ivoire.

Je vous remercie.

Prenons-le au mot. Il demande aux autres de pardonner mais lui, que fait-il ? Il embastille tous ceux qui de près ou de loin ont travaillé avec l’ancien chef de l’Etat emprisonné, Laurent Gbagbo. Si c’est de cette manière qu’il faut organiser des législatives sur fond d’exclusion de ses adversaires, alors, je m’inscris en faux face à cette théorisation hypocrite du droit, de la démocratie et de la réconciliation. Ce n’est plus la démocratie mais, la dictature.

Dans un autre ordre d’idées, comment est-ce possible que des innocents soient en prison ? Accepter ainsi que la décrépitude politique s’installe en Côte d’Ivoire et en Afrique est une faute. Que font des personnalités comme Danielle Boni Claverie en prison ? Cette dernière, journaliste chevronnée et ancienne ministre de la femme, a commis quel crime ? Celui d’avoir travaillé avec Laurent Gbagbo ? Non, on est en plein délire.

Il y a plein d’autres personnalités emprisonnées. La Côte d’Ivoire peut-elle vraiment se passer d’eux pour mener à bien son redressement ? Il n’y a pas de démocratie sans opposition fiable et viable. Quelle déception de voir une personne sur qui la Côte d’Ivoire devait pouvoir compter se discréditer de la sorte. Alors, de quel « pardon » parle Ouattara ? Alassane Dramane Ouattara, fort du soutien de la France de droite devrait se ressaisir sinon, comme à notre habitude, nous serons impitoyables et sans concession.

Source : http://allainjules.com (blog)

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