Place Cp1 de Yopougon, un soir de mercredi 12 octobre. L’espace bien vaste, sert de terrain de foot à plusieurs jeunes de la commune. En tout cas, il y a beaucoup de monde.
Dans la foulée, un couple de passage entame une causerie bien à propos. «Voila la Place Cp1. C’est ici que la Jfpi tient son meeting du samedi prochain», lance l’homme à la femme qui sûrement, découvre pour la première fois cet espace, répond avec quelques inquiétudes.
«Ah bon, c’est ici ! Mais tu penses qu’il aura beaucoup d’homme à ce meeting», demande-t-elle à son compagnon. «Tu doutes de quoi ! On parle de Yopougon. Après ce qu’on a vécu, nous avons un défi à relever», explique le jeune homme à sa compagne qui se laisse quelquefois habiter par le doute. Effectivement comme il le dit, la plus grande commune de Côte d’Ivoire a un défi à relever dans cette situation de crise politique. Car il est su de tout le monde que cette cité a payé un lourd tribut dans le conflit post électoral que la Côte d’Ivoire a connu avec ses milliers de morts et de déplacés ou d’exilés. «Nous avons un devoir de responsabilité vis-à-vis du peuple ivoirien. Yopougon doit montrer qu’elle reste Yopougon, bastion des mouvements démocratiques. C’est pourquoi nous serons à ce meeting de ce samedi quoi qu’il arrive», précise F.D. un jeune patriotique bien connu dans les milieux politiques de la cité. Z.W. entrepreneur de son état ne dit pas autre chose. Il attend impatiemment le samedi 15 octobre. «Si nous restons dans notre coin chacun, on nous tuera et il n’y aura rien. Nous avons donc le devoir de nous lever pour dire non à tout ce qui se passe. C’est incroyable ce qu’on voit. De plus en plus, le pouvoir montre aux Ivoiriens qu’il n’est pas là pour les Ivoiriens. Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir», lâche-t-il dans un maquis dans le secteur de Yop Sidéci. «Le temps de la peur est passé. On ne peut pas vivre constamment dans la terreur», ajoute-t-il totalement confiant. «Monsieur le journaliste, écrivez que le samedi, on sera à la Place Cp1 pour dire à Gbagbo que quel que soit ce qui va lui arriver, nous serons toujours avec lui. Nous, on ne le trahira jamais», conclut notre jeune entrepreneur en bâtiment. Et il n’est pas le seul à vivre dans la fièvre de ce meeting qui fait déjà trembler le pouvoir. Au point que la presse du Rhdp bascule dans la panique. Dans sa publication du mercredi dernier, le confrère «Le nouveau réveil» désormais à la solde de Ouattara ne s’est pas gêné d’afficher à sa une «Danger le 15 octobre». Alors que la Jfpi qui organise ce meeting a été suffisamment clair à maintes occasions, en parlant de cet évènement qui s’annonce grand, vu l’engouement qu’il suscite. Le pouvoir veut bien procéder par intimidation pour venir à bout des patriotes. Car le meeting du samedi est un moment de vérité. «Yopougon n’est pas Koumassi. Le pouvoir ne peut pas faire ici, ce qu’il a fait dans la commune de Koumassi. Ici, c’est Yopougon, bastion du Président Gbagbo. Personne ne pourra nous intimider. Yopougon restera Yopougon. C’est ça qui est la vérité», font remarquer des jeunes patriotes qui ont fait leur le combat du Président Gbagbo. Dans le secteur de Selmer, le meeting de ce samedi est au cœur de certaines causeries et discussions. Etant donné que la Place Cp1 est juste à quelques encablures. «Le samedi on fait le show à la Place Cp1. J’espère que vous serez là», demande une jeune fille à ses copines du quartier. Evidemment, elles étaient depuis longtemps dans la perspective de ce rendez-vous historique. «Ce sera sans manquer ma copine. Est-ce que c’est toi qui vas nous demander ça?», tranche d’ailleurs l’une d’entre elles. Du côté de Toit-rouge, c’est presque la même chanson en attendant le samedi. C’est vrai que le secteur a douloureusement subi les hommes de Ouattara, mais les patriotes sont déterminés à relever le défi de la mobilisation. «Toit-rouge a toujours su répondre à l’appelle de la Côte d’Ivoire.
Chaque fois que le pays nous appelle, nous avons été là par milliers. Le samedi, je vous promets qu’on sera encore là», confit la main sur le cœur, un jeune patriote. «Nous avons beaucoup de camarades qui ont pris le chemin de l’exil, parce que leur sécurité est menacée. D’autres ont carrément été tués par les Frci parce qu’ils sont juste des partisans de Gbagbo. Mais ça ne nous fait pas peur. Tout Toit-rouge sera là. Nous avons commencé à laver nos tenues à l’effigie de Gbagbo. Nous allons les porter le samedi», annonce fièrement C. Z. enseignant de son état. Et il n’est pas le seul à attendre ce rendez-vous. K.S, un jeune chauffeur de taxi communal appelé woro-woro joue à fond dans sa voiture, «Y a rien en face», le titre patriotique du groupe Les Galliets. «Que celui qui n’est pas d’accord n’emprunte pas mon taxi, c’est tout. Si c’est pour ça qu’on veut appeler les Frci pour me tuer, je suis prêt. Gbagbo nous a parlé, mais on ne l’a pas écouté. Voila qu’aujourd’hui, il n’a pas encore fait un an qu’on le regrette. Même nos amis du Rhdp regrettent Gbagbo, mais aucun n’aura le courage de le dire… Le samedi, on va montrer au Rhdp que nous ne sommes pas morts. Personne ne peut tuer le Fpi et le mouvement Patriotique. C’est un esprit que Gbagbo a mis en chaque Ivoirien». Comme on le voit, ce samedi, la Place Cp1 pourrait donc refuser du monde. Il s’agit quand même de la Côte d’Ivoire.
Guehi Brence
Le Temps
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