Il s’appelle Philippe Serey-Eifell alias PSE. Il est le conseiller français d’Alassane Ouattara, chargé des questions économiques, en particulier des infrastructures. Cet ancien-vice président de l’Institut pour l’Afrique (IA), un club d’ex-fonctionnaires du FMI, fondé par Ouattara, fait la pluie et le beau temps au palais présidentiel. A l’IA, il était déjà chargé des projets d’infrastructures. Selon la dernière édition de la Lettre du Continent, il vient d’être nommé coordonnateurs des conseillers du chef de l’Etat, c’est-à-dire le patron des conseillers du palais. Ce qui fait dire que Serey-Eiffel est une sorte de Premier ministre bis. Est-ce pour cela que le « Premier ministre » du palais est entré en collision avec le Premier ministre, Guillaume Soro, le 7 août ? L’ancien compagnon d’Alassane Ouattara est l’Antoine Césario du palais, du nom de ce puissant conseiller français d’Houphouët-Boigny qui règnait à la tête de la direction de contrôle des grands travaux (Dcgtx), qui comptait alors une centaine d’ingénieurs et d’économistes étrangers. Césario, nous apprend La Dépêche Diplomatique, contrôlait techniquement, économiquement et financièrement cette structure. D’ailleurs, Phillipe Serey faisait partie de l’équipe de Césario, qui l’avait recruté en 1979. Déjà, à cette époque, la Direction des grands travaux était perçue comme un « Etat dans l’Etat », tant le Français qui y régnait faisait la pluie et le beau temps au palais présidentiel. Passé les années Houphouët, Ouattara, qui se réclame de l’houphouétisme, entend marcher dans les pas du « père de la nation » en s’offrant lui aussi son Césario en la personne de Jean-Philippe Serey. Arrière-arrière-petit-fils de Gustave Eiffel, constructeur de la tour qui porte son nom à Paris, a fait l’Ecole nationale des ponts et chaussées en septembre 1972. En recrutant Serey, Ouattara ne fait que remettre en selle un habitué des grands travaux, puisque Jean-Philippe Serey a pris la tête de la Direction de contrôle des grands travaux( Dcgtx) en 1990, après que Césario soit tombé en disgrâce. Avant d’être nommé à la tête de la Dcgtx, il y avait fait ses armes en passant successivement par le Lptp, le laboratoire de la Dcgtx, au service autonome des structures en 1984, à la direction des études économiques et développement, puis directeur général adjoint en 1989. Il sera emporté par les frictions sociopolitiques qui ont secoué la Côte d’Ivoire après la mort d’Houphouët- Boigny. Le 20 avril 1994, Henri Konan Bédié, qui entre-temps avait pris le pouvoir, remplace Serey par Tidjane Thiam, qui devint ainsi le premier patron ivoirien de cette entreprise. Avec l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, revoilà donc Jean-Philippe Serey.
Assane NIADA
L’Inter
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