Interview: Après le clash au Parlement – Brissi Claude Takaléa (Sg de Lider) répond au FPI « Koulibaly n’est pas le problème…tournez-vous ailleurs »

Après le clash à l’Assemblée nationale / Brissi Claude Takaléa (Sg de Lider) répond au Fpi
« Mamadou Koulibaly n’est pas le problème…Tournez-vous ailleurs »

Entretien réalisé par S. Débailly Source : L’Intelligent d’Abidjan

Le secrétaire général de Lider et député à l’Assemblée nationale Dr Brissi Takaléa Claude n’est pas d’accord qu’on accuse Mamadou Koulibaly d’avoir empêché la tenue de la deuxième session ordinaire du parlement. Il apporte des éclairages sur la question et aborde le sujet Gbagbo qui semble être la pomme de discorde entre le parti de Mamadou Koulibaly et le Fpi.

Le président de l’Assemblée nationale est accusé d`avoir empêché la rentrée parlementaire. Quelle est votre réaction en tant que député et en tant que secrétaire général de Lider de Mamadou Koulibaly ?

J’ai dirigé ce groupe parlementaire avec Mme Gbagbo pendant dix ans et nous avons ensemble engrangé de belles victoires. Notre absence se fait sentir. Je le constate. Parce qu’au fond, cela fait sept (7) mois que l’Assemblée nationale est ignorée financièrement par l’exécutif, et donc le petit personnel qui n’est pas payé ne vient plus au travail au grand complet. À supposer que toutes les conditions aient été remplies et l’hémicycle ouvert. Quelle rentrée parlementaire dix (10) députés auraient fait sans les autres groupes parlementaires ? Comment payer le transport du personnel et des députés. Mamadou Koulibaly n’est pas le problème. Au contraire, le 22 Avril 2011, courageusement, il a convoqué la conférence des présidents pour la première session; aucun député Fpi en dehors de moi (il était encore le président par intérim du groupe parlementaire Fpi, ndlr) n’était présent. Les mêmes nous ont sermonné d’avoir vendu le parlement à moindre frais à Alassane Ouattara pour vouloir aujourd’hui ce qu’ils ont refusé hier. Je note que Mamadou Koulibaly s’est élevé à toutes les tribunes qui lui ont été offertes de- puis Avril 2011 contre la décision illégale des tenants du pouvoir actuel d’ignorer l’Assemblée nationale. C’est dans ce sens qu’il a refusé de se rendre à l’invitation du président de la Cdvr (Commission Dialogue Vérité et Réconciliation, ndlr) à Yamoussoukro, invité en tant que président de l’Assemblée Nationale par les mêmes qui ne reconnaissent l’existence du parlement que par intermittence. Il a pris la Nation à témoin dans une déclaration argumentée. Ainsi dit, sa seule volonté de faire fonctionner l’Assemblée nationale ne saurait suffire. Dans la pratique, c’est l’exécutif qui donne les moyens de fonctionnement de l’Assemblée nationale. Il n’est donc pas juste de laisser dire et faire croire que c’est Mamadou Koulibaly qui est le problème. Que nos amis se tournent vers l’exécutif.

Quel est aujourd’hui le problème qui vous oppose à vos camarades d’hier ? D’aucuns pensent que c’est votre position sur la libération de Gbagbo. Est-ce votre avis ?

Gbagbo libre, nous serons les plus heureux à Lider. Mais ce n’est pas par des injonctions péremptoires, du genre « libérez Gbagbo », que nous parviendrons à obtenir sa libération. Je voudrais aussi rappeler au passage à nos amis du RDR qui peuvent l’avoir oublié, que Laurent Gbagbo est celui-là même qui, à l’époque du ‘’Front républicain‘’, a fait une tournée au nord de la Côte d’Ivoire avec feu Djéni Kobina pour un Rdr naissant. C’est le même Laurent Gbagbo dont me parlait, Amadou Gon (l’actuel Secrétaire général de la Présidence), disait qu’Alassane Ouattara a dit qu’il n’oubliera jamais ce qu’il a fait pour lui. C’est également ce même Laurent Gbagbo qui, en prenant l’article 48, a permis à Alassane Ouattara d’être candidat à l’élection présidentielle. Je ne pense pas que Alassane Ouattara, devenu Président, n’ait comme programme de gouvernement : expédier Laurent Gbagbo au tribunal pénal international. Mais la situation le dépasse aujourd`hui et c’est la manière de l’aider à résoudre ce problème et gouverner de façon apaisée le pays qui est une attitude responsable. Il nous appartient d’avoir les attitudes appropriées pour le bien de Gbagbo.

Comment le voulez-vous, si les partisans de Gbagbo sont une menace permanente ?

Je pense que Laurent Gbagbo a écrit en lettres d’or certaines pages de l’histoire de notre pays. Il en a sali d’autres comme Ouattara et comme Bédié en tant qu’homme politique. L’homme que nous avons aidé à être Président de la République, moi, en premier, est un homme simple et pragmatique. Était-il le même dont l`arrestation a signé notre désespoir commun, prisonnier qu’il était d’un système. Cette façon de traiter le dossier relatif à Laurent Gbagbo me froisse énormément. Je pense même que beaucoup parmi ceux qui crient aujourd’hui ne souhaitent pas le retrouver. Parce que dans les derniers instants passés dans le ‘’bunker‘’ il a dû se rappeler beaucoup de choses et chercher ceux qui l’ont mis dans une telle situation. Je ne pense pas que ceux qu’il cherchait se trouvent dans la direction où les gens veulent orienter les regards. Ce n’est pas dans notre direction. Mamadou Koulibaly et moi, serions très fiers si Gbagbo était libre demain, de le regarder en face. Nous pourrons nous comprendre parce que le 10 Mars 2011 il nous a appelés, Mamadou Koulibaly et moi pour nous livrer lui même le compte rendu fait par Affi N’guessan qui revenait d’Addis Abeba avec les résultats du panel. Ils ne sont pas nombreux qui peuvent dire qu’ils ont été consultés en ces moments difficiles pour et par Laurent Gbagbo. Nous ne lui avons jamais menti et il le sait.

Voulez-vous dire qu’il a été induit en erreur ?

Possible. Peut-être s’agit-il des mêmes personnes qui ne voulaient pas qu’on fasse un congrès-bilan. Pourtant, il au rait fallu que nous demandions pardon à nos militants, à ceux qui nous ont soutenus et dont les enfants étaient recherchés ou sont morts. Des Ivoiriens ont tout perdu sans qu’ils aient soutenu un des candidats mais soupçonnés de l’avoir fait. Il aurait fallu dire à ceux-là, nous vous demandons pardon pour ce que nous avons souhaité faire pour vous et que nous n’avons pas réussi à faire. Demander pardon à l’ensemble des Ivoiriens qui nous avaient confié leur destin et même aux autres partis politiques, pourquoi pas ? Nous avions et avons beaucoup à gagner dans la paix retrouvée. J’ai peur que les positions radicales n’entretiennent la difficulté des autorités à régler avec élégance le cas de Laurent Gbagbo. Par ailleurs, je suis personnellement gêné par les attitudes de nos anciens camarades qui compromettent certaines de nos démarches. Sachez, en ce qui me concerne, que je suis son dentiste et depuis notre retour du Maroc qui avait fait grand bruit à l’époque, je dois faire son bilan tous les six mois. Cela fait six mois qu’il est à Korhogo et des démarches sont faites. Tout ceci pour vous dire que rien ne nous oppose à ceux qui demandent la libération de Gbagbo. Au contraire nous souhaitons sa libération mais c’est dans la méthode d’approche que nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde. A Lider, nous rêvons que Ouattara, Bédié et Gbagbo passent ensemble à la télévision la main dans la main, sceller la réconciliation pour le grand bien des Ivoiriens. J’ajoute pour terminer que nous n’avons pas créé Lider contre le Fpi ou contre Gbagbo mais en finir avec la belligérance perpétuelle dans laquelle les partis politiques se sont installés. Les Ivoiriens aspirent à la paix. Nous avec. Le créneau est porteur vu le nombre de nos adhésions au quotidien.

Encadré

Ago Marthe n’avait pas signé la demande d’ouverture de la deuxième Session ordinaire et pourtant…

L’ouverture de la deuxième Session ordinaire de l’Assemblée nationale le mercredi 5 Octobre 2011, a été un échec pour le parti des refondateurs. Sur 93 députés, le Front Populaire Ivoirien n’a obtenu que neuf signatures. La première vice-présidente Amon Ago Marthe, Lorougnon Gnabry Marie-Odette et Boni Beda n’ayant pas signé bien que présents ce jour à l’hémicycle. En plus des neuf signataires FPI, s’ajoutent un élu du groupe Loyauté en la personne de l’honorable Zamblé Bi Ta et celui du groupe UDPCI en la personne de l’honorable Konan Alla. Au total, ce sont onze représentants du peuple sur un effectif de 225 députés, qui ont failli forcer la main à Mamadou Koulibaly pour procéder à l’ouverture de la deuxième Session ordinaire de l’Assemblée nationale. A onze, ils ont voulu parler au nom de toute l’Assemblée nationale. ‘’Là où ses membres se réunissent, se trouve l’Assemblée nationale’’, lit-on au Métro Assemblée Nationale, ligne 12 à Paris. Manifestement, les putschistes signataires de la demande d’ouverture de la deuxième Session 2011, ont voulu faire fi de la loi du quorum et de la majorité. Leur protestation ne vise que Mamadou Koulibaly et non le Président Ouattara. La preuve, c’est que le groupe parlementaire FPI a boudé la première Session ordinaire de l’Assemblée Nationale convoquée conformément aux dispositions en vigueur, par Mamadou Koulibaly le 22 Avril 2011. Et quant à cette rentrée qui devrait se faire le mercredi 5 Octobre 2011, c’est le jeudi 29 Septembre 2011 que le courrier a été déposé au secrétariat du président de l’Assemblée nationale, soit à un jour de la fin de la semaine. Pour cette deuxième Session, ils (députés FPI) n’ont pas cru utile d’associer d’autres groupes parlementaires à leur initiative parce que n’ayant pas obtenu leur accord. Et pis, cette deuxième Session s’apparentait bien à un PV de conférence des présidents. Hier, au cour d’un meeting, le président de Lider, Mamadou Koulibaly, a saisi l’occasion pour signifier cela.
Dosso Villard

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