Par Pascal Airault Source: Jeune-afrique
Le projet de réforme de la filière cacao a été présenté par ses concepteurs à Alassane Ouattara, vendredi. Objectif : assainir le secteur, une condition des bailleurs pour que la Côte d’Ivoire atteigne le point d’achèvement de l’initiative PPTE.
Vendredi matin, sur le coup de onze heures, le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, et les ministres du comité interministériel des matières premières (Économie et Finances, Agriculture, Industrie, Commerce) ont reçu au palais présidentiel d’Abidjan les concepteurs de la réforme de la filière café-cacao. Ces derniers ont présenté leur projet dont la mise en œuvre est programmée à partir de janvier 2012.
Les anciennes structures de gestion de la filière (BCC, FDPCC, ARCC, FRC) sont dissoutes. La réforme prévoit notamment le retour à une structure unique, comme le Cocobod au Ghana, en charge de la commercialisation et de la régulation du secteur. Cet organe devrait prendre la forme d’une société anonyme composée de 12 représentants (8 de l’État et 4 du privé). Dès la prochaine campagne, en octobre 2012, les autorités souhaitent mettre en place un système de vente anticipée à la moyenne. La salle des marchés sera abritée au 23e étage de l’immeuble de la Caistab à Abidjan. Un prix CAF (cost and fret) de référence sera établi à chaque nouvelle campagne. La récolte sera entreposée dans des magasins de stockage au niveau régional.
Dérives
Ont notamment participé à la conception de la réforme les experts du ministère de l’Économie et des Finances, le ministre de l’Agriculture, Songafowa Coulibaly, la présidente du Comité de gestion de la filière café-cacao, Massandjé Touré-Litse, et le conseiller économique du président, le Français Philippe Serey-Eiffel, qui a consulté les grands exportateurs du pays. Reste maintenant à obtenir l’approbation des bailleurs de fonds sur cette réforme. Ceux-ci conditionnent l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE (date à laquelle l’annulation de dette est définitivement adoptée) à la bonne efficacité et rationalité de la nouvelle structure. Pour éviter les dérives du passé.
La lecture des différents audits café-cacao réalisés récemment par les cabinets KPMG et Sec Diarra, à la demande des institutions de Bretton Woods, donne le vertige. Les experts n’ont pu que constater la disparition, entre 2002 et 2008, de 370 milliards de F CFA des caisses des organes de gestion de la filière : le Fonds de régulation et de contrôle (183 milliards), le Fonds de développement et de promotion des activités des producteurs de café et de cacao (136 milliards), la Bourse du café et du cacao (43 milliards) et l’Autorité de régulation du café et du cacao (8 milliards).
La production de cacao en Côte d’Ivoire a atteint un record de près d’1,5 million de tonnes en 2010-2011, une performance après la grave crise postélectorale qui avait laissé craindre un effondrement. Pour cette campagne, ouverte depuis le 1er octobre, le prix indicatif d’achat du cacao aux planteurs ivoiriens a été fixé à 1 000 francs CFA (1,52 euro) le kilo. La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao avec quelque 35% de parts de marché. Les fèves brunes représentent 40% des recettes d’exportation du pays et environ 20% de son PIB.
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Par Pascal Airault, envoyé spécial à Abidjan
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La longue attente pour faire aboutir la réforme de la filière café-cacao avait suscité la frayeur de perdre le PPTE. Les ministères impliqués et les producteurs ont campé de part et d’autre sur leur position. Chacun voulant protéger ses intérêts, le processus a pris du temps. La crise postélectorale a aussi joué en défaveur. Mais, sous la pression des bailleurs de fonds et dans l’intérêt de la nation, le Président de la République n’a pas fait de concession. Ce qui compte pour lui, c’est comment obtenir le fameux PPTE, et permettre à la Côte d’Ivoire d’avoir des ressources pour assurer son développement. C’est en cela qu’il a donné instructions fermes aux différents ministères impliqués pour que quelque chose lui soit proposé. Et qu’à son tour, il puisse le présenter aux bailleurs et les convaincre à faire accepter le dossier ivoirien dans les instances. C’est dans cette dynamique que le projet de réforme qui tardait à prendre forme, a été rendu plus tôt. Les Ivoirins attendent donc de voir la suite.
HK
L’Intelligent d’Abidjan
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