Arrêté puis relâché hier, Ezzedine « victime d’une cabale » va-t-il quitter la Côte d’Ivoire ?

Source: L’Intelligent d’Abidjan

Ibrahim Ezzedine arrêté puis relâché, hier

L’AFFAIRE QUI OPPOSE depuis Mars 2009, la société de distribution et de transport de marchandises d’Ibrahim Ezzedine, opérateur économique ivoiro-libanais à la nouvelle SISA de M.Ble Anondo, a connu un autre épisode hier avec l’arrestation du premier cité. L’opérateur économique de l’empire du riz était au violon de la gendarmerie du port autonome d’Abidjan pour avoir fait opposition à l’exécution d’une décision de justice, en l’occurrence, celle de la cour suprême. Tout a demarré hier mercredi matin à 9 heures quand maître Tchimou, huissier de justice, agissant pour le compte de la nouvelle SISA, est venu remettre sous escorte de gendarmes un procès-verbal de réintégration à M. Ezzedine. Ce PV enjoignait l’opérateur économique à quitter les lieux qu’il occupe afin que soit installée la société nouvelle SISA. C’est dans l’exécution de cette mission que les gendarmes ont rencontré de la résistance. La garde rapprochée d’Ibrahim Ezzedine s’est opposée à la force publique. Il s’est ensuivi une chaude altercation au bout de laquelle, les gendarmes tiennent en respect la garde rapprochée. Ils maîtrisent Ibrahim Ezzedine qu’ils conduisent manu-militari dans les locaux de la gendarmerie du port. Ces faits se sont déroulés dans la matinée. Les locaux de l’entreprise étaient pratiquement en état de siège. Une forte présence de gendarmes, des hommes de la Garde Républiaine, des Frci était visible. A l’intérieur du bâtiment, tout était sens dessus dessous. Nous avons trouvé des employés en train de ranger ce qui pouvait encore l’être. Difficile pour le personnel de s’exprimer devant la gravité des événements vécus. Une dizaine d’éléments composés de collaborateurs ont été interpellés en même temps qu’Ezzedine. Ils ont été libérés en début d’après-midi. Au même moment et curieusement, les camions qui avaient aidé à faire le déménagement sont revenus dans l’après-midi, chargés du matériel de bureau enlevé dans la matinée. On nous explique que ceci est dû à des négociations qui étaient en cours pendant qu’Ibrahim Ezzedine était encore en garde à vue. Or, c’est seulement le lundi qu’Ezzedine a été informé d’une réquisition du Procureur de la République autorisant son expulsion. Une tentative de médiation à l’initiative de la direction du Port avait retardé l’opération. L’homme d’affaires ivoiro-libanais disait n’être pas disponible avant jeudi pour une rencontre tandis que la partie adverse craignait un dilatoire. Une confidence d’un lieutenant de la Garde Républicaine sur les lieux, nous apprenait même que l’opérateur économique avait été alerté avant l’arrivée des gendarmes. Mais sûr de lui, et se disant n’avoir rien à se reprocher dans une affaire purement civile, commerciale et non pénale l’homme d’affaires n’a pas paniqué et n’a pas voulu croire au pire. Dans la soirée aux environs de 1 heures, l’opérateur économique Ibrahim Ezzedine a été relâché. Après une grande mobilisation de ses amis, des employés, de membres de la communauté libanaise. Et sous l’engagement d’initier un dialogue avec son adversaire, pour trouver un arrangement à l’amiable.

Encadré
Ezzedine va-t-il quitter la Côte d’Ivoire ?
Avant même sa mésaventure d’hier, Ibrahim Ezzedine avait confié son désarroi à des proches. Il envisageait quitter la Côte d’Ivoire pour s’installer dans un autre pays de la sous-région. Il se disait victime d’une cabale et clamait n’avoir rien fait pour mériter d’être victime d’ostracisme et être frappé de sanctions, dont le gel de ses avoirs. Sanctions malgré lesquelles, il continuait de tenir ses engagements vis-à-vis de l’Etat ivoirien et de ses employés. Ibrahim Ezzedine a toujours nié toute collusion avec l’ancien régime. Ses proches s’interrogeaient hier encore sur les motivations de l’hostilité à son égard, de certains hommes forts du régime Ouattara, qui ont confié qu’ils auraient sa peau. Ibrahim Ezzedine pour sa part, semblait serein face à ces menaces. Ce qui le préoccupait, c’était de laver son honneur après cette garde à vue humiliante, visant à l’affaiblir et à le démoraliser. Mais c’est en homme debout, fier, déterminé et combatif qu’il est rentré chez lui hier vers dix-huit heures. Selon son entourage, il n’y a pas de quoi lui en vouloir, d’autant plus qu’il y avait de la place pour tout le monde dans l’importation du riz et d’autres secteurs d’activités où il opère. Ibrahim Ezzedine ne croyait pas qu’il dérangeait tant avec ses six mille employés qui font vivre près de cent mille personnes. Il rêvait donc de partir de la Côte d’Ivoire, mais sans vraiment y croire; lui qui depuis 25 ans et sous les présidents Houphouët, Bédié, Guéi et Gbagbo, a commencé au bas de l’échelle pour monter son groupe, objet de tous les fantasmes et de tant de convoitises.
Ismael Dembélé

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Expropriation des biens – Ibrahim Ezzédine expulsé de ses bureaux, hier
Source: Nord-Sud
Ibrahim-ezzedine-roi-du-negoce.html » Ibrahim Ezzédine, roi du négoce sous l’ère de Laurent Gbagbo, ancien président de la République, est dans de beaux draps. Alors qu’un litige foncier l’oppose au Syndicat national des importateurs de véhicules d’occasion dont le porte-parole Moussa Doumbia l’accuse de vouloir s’installer illicitement sur le domaine public (16 ha) au niveau du carrefour «Solibra », le commerçant est encore cité dans une autre affaire pas du tout propre. Depuis mercredi, il a été sommé de quitter ses bureaux « illégalement » occupés à la zone portuaire. Les employés d’Ezzédine ont été priés de quitter les lieux. Des ordinateurs aux fournitures bureautiques en passant par les meubles, tout a été embarqué dans des camions stationnés à l’entrée des entreprises situées en zone portuaire. A savoir, Gmci (global manutention de Côte d’Ivoire) et Sdtm. L’ordre d’expulsion a été exécuté par le cabinet d’étude de Me Helène Lacoumb Tiacoh, huissier de justice, installée à la rue du commerce à Treichville. En présence d’éléments de la brigade de gendarmerie du port-autonome d’Abidjan et un détachement de la garde républicaine(Gr) commandé par le Lt Tagro. Selon Me Tchimou, l’huissier chargé de faire appliquer la loi, c’est un arrêt de la chambre judiciaire de la cour suprême qui l’autorise. D’après lui, la décision a été rendue depuis mars 2009. La décision exigeait, a-t-il précisé, la réintégration de la nouvelle Sisa, propriétaire des bâtiments. «Aujourd’hui, il était question de la réintégration de la nouvelle Sisa dans ses locaux qu’elle n’aurait pas dû quitter», a-t-il insisté.
Bley Anondo, chef d’entreprise et Ezzédine Ibrahim se disputent le lot n° 30 VB du domaine portuaire d’Abidjan. Une situation qui met à mal les activités économiques de ces deux hommes d’affaires. Mais ce que la Cour suprême reproche au port d’Abidjan est clair et sans équivoque. «Attendu que la demande introduite par la société Nouvelle Sisa tend à sa réintégration dans sa propriété composée du lot n° 30 VB du port autonome d’Abidjan sur lequel se trouve bâti son ensemble immobilier et d’où elle a été expulsée par les responsables du port en dehors de toute décision de justice. Attendu que la direction du port autonome d’Abidjan en procédant de cette manière commet une voie de fait. Il convient de procéder conformément aux dispositions légales par la réintégration de la société Nouvelle Sisa dans ces locaux », a rapporté le collaborateur de Me Hélène Tiacoh. Partenaire local du groupe de négoce Louis Dreyfus, Ibrahim Ezzédine est très actif dans le secteur du riz, depuis l’année 2001. De fait, ce Libano-ivoirien est aujourd’hui le premier importateur de riz du pays. Sa société, SDTM-CI, détient 70 % de parts de marché, devant Olam Ivoire, avec moins de 10 % du «gâteau». «Il s’est créé un espace en faisant un peu de dumping. Il pouvait aussi prendre le risque de faire du dépôt-vente pour densifier son réseau de distribution, quitte à faire des pertes », explique un concurrent, qui évoque aussi de précieux soutiens politiques qui favoriseraient le business d’Ibrahim Ezzédine. Nous avons tenté de rentrer en contact avec Ibrahim, en vain. Sur place, un individu se présentant comme l’un de ses cousins nous donne des explications. «Il est en négociations avec l’autre partie pour trouver un compromis», a-t-il indiqué. Joint par téléphone hier, Mme Ezzédine a précisé qu’une conférence de presse est prévue aujourd’hui pour donner leur version des faits.

Ouattara Moussa

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