Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) vient d’être autorisé par les juges de cette cour à venir enquêter en Côte d’Ivoire sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre, commis pendant la période post-électorale de novembre 2010. Mais avant que le procureur Luis Moreno Ocampo ne foule le sol ivoirien, la CPI annonce déjà les couleurs, par le rapport préliminaire d’une trentaine de pages, réalisé par l’équipe de la juge Fatou Bensouda, et intitulé « le rapport prélimiaire de la IIIè chambre de la CPI sur la situation en République de Côte d’Ivoire ». Ce rapport dont nous avons reçu copie hier lundi 03 octobre 2011, s’appuie sur les témoignages des victimes de la guerre, des documents d’Ong de défense des droits de l’Homme et d’autres documents sur lesquels les enquêteurs de la Cpi ont pu mettre la main. Ce qu’il faut en retenir, c’est que les différents camps présents dans le conflit ivoirien post-électoral sont épinglés pour les violences commises en Côte d’Ivoire. Qu’il s’agisse de l’actuel camp au pouvoir dirigé par le président Alassane Ouattara, de l’ancien régime du président déchu, Laurent Gbagbo, des Forces nouvelles de Guiullaume Soro, tous sont reconnus pour avoir commis des crimes et autres violations des droits de l’homme, à divers niveaux. Le rapport cite également les forces impartiales Onuci et Licorne, et aussi des mercenaires burkinabé, maliens et libériens comme auteurs de crimes et de violences. Les dépositions des victimes ont été classées en deux groupes. Le premier concernant les faits qui se sont produits avant le 28 novembre 2010, date du second tour de l’élection présidentielle ivoirienne, et le second relatif aux événements postérieurs à cette date. Dans un cas comme dans l’autre, les camps Ouattara, Gbagbo et Soro sont cités. Le rapport note que 302 personnes interrogées ont signalé avoir été des victimes de la crise née de l’élection du 28 novembre, et avoir été atteintes par des partisans ou des forces pro-Ouattara, quand 107 indexent des forces pro-Gbagbo d’avoir commis des violences sur elles. Plus précisément, selon le rapport, les victimes ont identifié des militants du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) et des Forces nouvelles (Fn), ainsi que des chasseurs traditionnels Dozos. Côté Gbagbo, les ex-Forces de défense et de sécurité (Fds), la compagnie républicaine de sécurité (Crs), la police nationale, la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), des groupes de miliciens sont accusés d’avoir commis des exactions. Dans certains cas d’auditions, selon le rapport, ni les forces pro-Gbagbo, ni celles proches d’Alassane Ouattara ou de Guillaume Soro ne sont formellement accusées. Ces victimes indexent plutôt des individus armés reconnus comme des mercenaires burkinabè, maliens, libériens. Au regard donc du document réalisé par l’équipe conduite par la juge Fatou Bensouda, les trois principaux responsables de crimes contre l’humanité perpétrés en Côte d’Ivoire ces dernières années, et clairement identifiés, sont messieurs Alassane Ouattara, Guillaume Soro et Laurent Gbagbo. Le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo qui a obtenu son autorisation d’enquêter en Côte d’Ivoire, va élucider ces allégations de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il a promis d’être efficace, impartial et indépendant. Des voeux qui vont s’apprécier dans les conclusions de ces investigations sur le terrain.
Hamadou ZIAO
L’Inter
Titre J-ci.net
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