S’il y a une société secrète et mystique qui suscite de grandes interrogations, c’est l’Ancien et mystique ordre de la Rose-croix (Amorc). C’est une communauté qui a toujours inspiré crainte et frayeur. D’ailleurs, pour les rosicruciens, le caractère secret de leurs activités provient de cette volonté de se prémunir de la persécution depuis sa création. Des histoires, pas toujours nettes, sont dites au sujet du cercle ésotérique qu’est l’Amorc. Pour certains, il s’agit d’une communauté de magiciens, de prestidigitateurs. D’autres voient les rosicruciens comme un cercle de sorciers assoiffés de sang qui s’adonnent à des pratiques obscures, de magie noire. D’autres encore prennent la Rose-Croix comme une secte dont les enseignements sont déviationnistes. Le pouvoir de certains irait en somme au-delà du naturel pour tomber dans le paranormal. C’est pour percer tous ces mystères que nous avons mené cette enquête. Tout est parti d’une conférence de presse animée au temple de Yopougon par le conférencier officiel de la Rose-Croix en Côte d’Ivoire, Adingra Jean-Pierre, enseignant à l’Insac et conférencier de l’université Rose-Croix internationale (Urci). Il a ouvert la voie et le reste a suivi. Le 10 septembre 2011, lorsque nous franchissions l’entrée du temple de Yopougon, encore appelé le domaine, j’avais une peur glaciale au ventre. Au siège de Yopougon comme à celui de Cocody, deux sphinx à la tête de cobra au visage d’homme et au corps de lion nous accueillent : «C’est le symbole de la puissance, du pouvoir», a révélé Kouéyou Clément. Dans le Domaine de Yopougon où nous avons assisté à la conférence de Dr. Adingra Jean-Pierre, règne une atmosphère inhabituelle. Dans la salle, une fumée d’encens couvrait tout. Musique grégorienne ou classique pénétrait le corps, l’âme et l’esprit. C’était notre premier contact avec la petite communauté. Pas grand monde. Juste un petit groupe de personnes qui n’avaient rien d’extraordinaire. Juste des gens normaux comme tout le monde, accueillants et qui voulaient finalement s’ouvrir au monde extérieur : «Nous ne sommes plus une société secrète, mais une société discrète», a précisé le responsable du temple de Yopougon, Kouéyou Clément. Brochures, livres Cd, etc nous ont été remis par M. Kouéyou pour mieux avoir des éléments précis sur la question. Grâce à leur collaboration, nous avons pu pénétrer au cœur des mystères de la Rose-Croix.
Origine et nature
La Rose-Croix est un mouvement philosophique, initiatique et traditionnel mondial, non sectaire et non religieux, apolitique, ouvert aux hommes et aux femmes sans distinctions de race, de religion ou de position sociale. La tradition rosicrucienne fait remonter les origines de l’Amorc aux anciennes écoles de mystères d’Egypte, aux environs de 1500 avant Jésus-Christ, sous le règne de Thout Môsis III. Son organisation proprement dite est fixée vers 1350 avant l’ère chrétienne, sous le règne du pharaon Amenhotep IV, plus connu sous le nom de «Akhenaton», considéré comme le fondateur du monothéisme. D’Egypte, l’ordre s’est répandu en Grèce sous l’impulsion de Thalès et de Pythagore, en Italie grâce à l’école de Plotin, puis l’Europe du moyen-âge par le biais des alchimistes et des Templiers. Dans les siècles qui suivent, les penseurs de la Renaissance et les spiritualistes de l’Europe moderne contribuèrent à son extension, tant en Orient qu’en Occident. Le premier document écrit mentionnant officiellement la Rose-Croix est la «Fama Fraternitatis» imprimé à Paris, à Kassel, et à Londres en 1614. Deux autres manifestes furent aussi publiés. Ce sont la «Confessio Fraternitatis» (1615) et les «Noces chimiques de Christian Rosenkreutz» (1616).
Au 18ème siècle, il existait un lien très étroit entre l’ordre de la Rose-Croix et la Franc-maçonnerie, mais ce lien a été rompu et ces deux organisations sont aujourd’hui totalement indépendantes, même si un des grades maçonniques est celui de «chevalier Rose-Croix». Au regard de ces pratiques, de la diversité de ses membres, de la philosophie qui sous-tend son existence, l’Amorc, selon Dr. Adingra, se situe au carrefour de toutes les confessions religieuses.
Dieu n’est pas un surhomme siégeant au ciel
Dr. Adingra Jean-Pierre, appuyé en cela par Kouéyon Clément, a été formel : «l’Ancien et mystique ordre de la Rose-Croix n’est pas une religion», parce que « les membres appartiennent à toutes les confessions religieuses parmi lesquelles «des Juifs, des chrétiens, des bouddhistes et même des animistes». C’est pourquoi d’ailleurs, chez les rosicruciens «le symbole de la Rose-Croix, une rose au centre d’une croix n’est pas lié au christianisme». Dans la philosophie rosicrucienne, la croix représente «le corps physique de l’homme» et la rose placée au centre de cette croix «symbolise son âme en épanouissement». En cela, la Rose-Croix est perçue comme «le symbole de la dualité de tout être humain». C’est donc un symbole «non religieux, mais traditionnel et universel». En plus, l’ordre de la Rose-croix, selon les informations reçues, ne se rattache à aucun prophète ou Messie tels que Moise, Jésus, Bouddha, Mahomet, etc. de même, son enseignement ne repose sur aucun livre sacré. En définitive, l’Ancien et mystique ordre de la Rose-Croix est «respectueux de toutes les religions et les membres sont libres de pratiquer la religion de leur choix».
Pour les pratiquants de la Rose-Croix, on peut avoir la foi en Dieu, sans suivre un credo religieux. L’homme peut avoir une conception de Dieu différente de celle qui est prônée par les religions tant, selon Dr. Adingra, «les rosicruciens ne voient pas Dieu comme un surhomme siégeant quelque part dans le ciel et décidant seul de la destinée de l’homme». Pour les rosicruciens, Dieu est «l’Intelligence absolue qui est à l’origine de toute la création et dont l’essence imprègne et anime tout ce qui existe». On peut en déduire que la conception de Dieu des rosicruciens est plus philosophique : «Pour l’intelligence célébrale humaine, Dieu est impossible à appréhender. En revanche, on peut étudier les lois par lesquelles Dieu se manifeste à la création, dans la nature et dans l’homme lui-même». C’est donc une vision plus «scientifique, que religieuse». A en croire Dr. Adingra, le mysticisme et la science ne sont nullement incompatibles. Car, alors que les mystiques s’intéressent au pourquoi, les scientifiques recherchent le comment des choses.
En outre, les rosicruciens que nous avons rencontrés refusent qu’on assimile leur mouvement à une secte. Pour eux, la vision de l’ordre de la Rose-Croix est loin des pratiques d’une secte, car contrairement à la secte qui contraint le membre à suivre un gourou et à se couper du monde, la Rose-Croix «privilégie l’esprit de famille et demande au membre de participer aux activités de la société». Les dirigeants de l’ordre désignés sous le nom d’Imperator, de grands conseillers, élus pour un mandat de 5 ans renouvelable s’opposent à tout culte de la personnalité. Ce ne sont donc pas, selon eux, des gourous qu’il faut suivre obligatoirement. En plus, tout membre est libre de ses opinions car l’Amorc est, selon ses adeptes, apolitique. Au-delà de ces aspects qui caractérisent l’Amorc, nous nous sommes intéressés à l’enseignement donné au sein de cette société initiatique.
Enseignements initiatiques et ésotériques
Ces enseignements initiatiques touchent des domaines inexplorés, inconnus et inexpérimentés par le commun des mortels. Ce qui est enseigné franchit les frontières de l’humaine condition. La profondeur de l’enseignement n’a de limite que le degré du besoin de l’homme de pousser sa quête au-delà de sa conscience. Les initiations rosicruciennes proprement dites, se fait dans un temple en dehors de l’enseignement sous forme de monographies adressées chaque mois à tous les membres (ils s’échelonnent sur douze (12) degrés chaque degré étant consacré à l’étude d’un thème majeur de l’ontologie rosicrucienne). Cette initiation poursuit trois (3) buts. Le premier but est de permettre d’admettre rituellement le candidat dans un nouveau degré. Le 2ème but, c’est de confier au candidat de «nouvelles clés ésotériques». Le troisième but est «de permettre au candidat de communier avec la partie la plus divine de son être, c’est-à-dire, la partie spirituelle». A ce niveau, nos informateurs, et même Dr. Adingra, n’ont pas voulu pousser les choses trop loin. Ce dernier, lui, s’est contenté de nous livrer à grands traits quelques termes abordés : «On traite de la nature de Dieu, des lois de la création, de l’origine et de la finalité de l’univers. On réfléchit sur les concepts de temps et de l’espace. On réfléchit également sur la matière en tant qu’énergie », le but ontologique de la vie, l’âme humaine et ses attributs, les phases de la conscience et leurs facultés, les phénomènes psychiques, l’alchimie des rêves, les mystères de la mort, de l’après-vie et de la réincarnation, la science des nombres, les symboles traditionnels, les religions, leurs natures et leurs missions, etc.», dixit Dr. Adingra qui a ajouté que cette liste n’est pas exhaustive. En plus, des techniques mystiques sont enseignées : «La visualisation, la méditation, la régénération, l’éveil psychique, l’harmonisation astrale, la commission spirituelle, la projection psychique, la télépathie, l’entraide métaphysique, la guérison mystique, la respiration consciente, l’énergie psychique, la connotation, etc.».
Au-delà de ces pratiques, et même à la base de cette initiation, pour le rosicrucien, se trouve l’amour de la sagesse. En cela, ils cultivent une perception totalement philosophique qui libère l’homme de certaines pesanteurs pour mettre en exergue, selon cette perception, ce qu’il a « de plus divin : «Est sage celui qui a réveillé en lui, par exemple, les vertus comme la patience, la tolérance, la générosité, le courage, la non violence, la bienveillance», a révélé Dr. Adingra. Il s’agit donc pour les rosicruciens de «chercher à se parfaire pour leur propre bien-être, mais pour celui des autres» à travers une sorte à «alchimie spirituelle» qui permet de «transmuter chacun de nos défauts en sa qualité opposée». Cette pratique, selon notre informateur, est «la contrepartie spirituelle de l’alchimie matérielle que pratiquaient les alchimistes du moyen-âge dont le but était de transformer les métaux vils en métaux précieux, notamment en argent et en or ».
Les 7 pouvoirs contenus dans la Bible, selon les rosicruciens
1/ Le niveau littéral
C’est le sens commun courant qui est donné au mot dans la Bible tel qu’on le trouve dans le dictionnaire. C’est le sens dénotatif.
2/ Le niveau historique
Ce niveau établit la véracité des évènements tels qu’ils se sont produits, avec ses personnages historiques.
3/ Le niveau symbolique
Ce niveau découle du niveau historique parce que les personnages qui meublent les évènements historiques jouent un rôle archétypal. Ce sont des archétypes du roi. Pour accéder à la signification et au rôle de ces personnages historiques, il faut la lecture des symboles.
4/ Le niveau moral
Cela concerne les prescriptions de la Bible, de changement de mentalité, de relation avec les autres.
5/ Le niveau mathématique
C’est le niveau cabalistique. Pour en tirer quelque chose, il faut maîtriser la cabale. C’est la science des nombres.
6/ Le niveau des lois cosmiques
Il y a les lois de la divinité qui sont prescrites dans la Bible. Sans initiation ésotérique, impossible d’identifier ses lois.
7/ Le niveau analogique ou mystique
Ce niveau (ce pouvoir), une fois intégré à l’humain, permet à l’humain de fusionner avec les attributs divins. Alors l’être qui est dans l’humain devient l’être humain. Jésus a dit, « Et le Christ s’est fait chair ». Sa chair s’est confondue à la puissance Christique d’où le nom de Jésus-Christ avec un trait d’union. Mais tant que cette union n’est pas faite, on appelle Jésus Le Christ, qui n’est qu’un titre du moment où il devient Jésus-Christ, cela veut dire que sa contrepartie humaine a été immergée dans la partie spirituelle et il devient alors le Christ. Il dit, « Mon Père et moi, nous ne sommes qu’un »
François KONAN
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