Le président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly a accordé récemment une interview au quotidien ‘‘La nouvelle’’ au cours de laquelle, le premier responsable de LIDER a posé des conditions devant permettre au président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) Charles Konan Banny de mener à bien sa mission.
Mamadou Koulibaly a interpellé le président de la Cdvr sur la nécessité de faire la lumière non seulement sur les événements qui ont secoué la Côte d’Ivoire pendant la période postélectorale mais également sur des événements précédents. «La commission dirigée par Monsieur Konan Banny s’intitule Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation. Nous espérons donc que la vérité sera faite sur les bombardements de Bouaké, le pilonnage de l’aviation ivoirienne par l’armée française, les tueries de l’hôtel Ivoire en novembre 2004.
Nous espérons que la vérité sera mise à jour sur le trafic du cacao et du diamant dans la zone dite CNO, sur l’ouverture d’une usine de traitement du cacao ivoirien à Bobodioulasso. Nous espérons que la vérité jaillira sur l’occupation par des populations burkinabé des forêts classées et non classées dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Une véritable réconciliation ne peut être faite que si toutes les composantes du conflit sont prises en compte. Il y a des pays sanctuaires qui ont abrité la rébellion. Il y a des pays de la Cedeao dont les soldats ont combattu en Côte d’Ivoire. Il y a des pays occidentaux qui ont bombardé les populations ivoiriennes et la résidence de l’ancien chef de l’Etat. Il reste à espérer que Monsieur Banny saura appréhender le problème dans sa globalité», a souligné le professeur Mamadou Koulibaly. Qui a fait remarquer qu’il appartient à Charles Konan Banny d’expliquer aux Ivoiriens sa méthodologie et les objectifs qu’il s’est assignés afin de mener à bien sa mission. S’agissant des législatives, le président de LIDER a souhaité que les autorités ivoiriennes prennent des dispositions sécuritaires pour le bon déroulement de ces échéances. Poursuivant, Mamadou Koulibaly qui sera candidat à Koumassi aussi bien aux législatives qu’aux municipales a posé comme condition le retour des Ivoiriens en exil au Liberia ou au Ghana. Et de justifier : « Ce sont des Ivoiriens qui sont sur la liste électorale, et ces élections ne peuvent être crédibles que si tout le monde est là pour voter. Il faut tirer les leçons du dernier scrutin présidentiel. Nous y sommes allés sans sécurité, nous avons eu une guerre. Faisons tout pour aller à ces législatives avec l’assurance que toute la classe politique va y participer. La sécurité et la liberté d’action, d’expression et de circulation des partis d’opposition sont des éléments importants dans une démocratie. LIDER espère que ceux qui ont déversé des bombes sur Abidjan au nom de la démocratie n’abandonnent pas le combat en cours de route. La démocratie ne peut se réduire à un bulletin de vote, même s’il est certifié. Il faut aujourd’hui que chacun prenne la mesure de ses responsabilités pour défendre une vraie démocratie en Côte d’Ivoire». Par ailleurs, jugeant les cinq mois de gestion du président de la République, le professeur Mamadou Koulibaly a affirmé qu’Alassane Ouattara a violé la constitution par la proclamation de la fin du mandat de l’Assemblée nationale. «Deuxièmement, Monsieur Ouattara s’engage à modeler le Conseil constitutionnel. Il désigne ses membres comme s’il s’agissait d’un nouveau Conseil constitutionnel. La distinction entre des gens nommés pour trois ans et ceux nommés pour six ans n’était valable que pour les conseillers constitutionnels initiaux. Aujourd’hui, il s’agit d’un ancien Conseil, dont le président ne peut être remplacé sauf s’il démissionne. Moi, je n’ai pas vu de lettre de démission de Yao N’dré et pourtant il a été remplacé. C’est illégal. Par ailleurs, la Constitution dit que les membres du Conseil constitutionnel doivent être nommés par le président de la République et le président de l’Assemblée nationale. Parmi les récentes nominations, je ne sais pas lequel j’ai nommé, et pourtant des membres ont été nommés», estime le président de l’Assemblée nationale. Tout en ajoutant que les députés ont perçu conformément à leurs émoluments une ‘‘modique somme’’ qui ne peut pas tenir «lieu de paiement des salaires des députés et du personnel de l’Assemblée nationale. La rémunération des parlementaires ne dépend pas du bon vouloir de Monsieur Ouattara, elle est fixée par l’article 69 de la Constitution».
Touré Abdoulaye
L’Intelligent d’Abidjan
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