Miaka à Ouattara « Relisons l’accord complémentaire 4, l’an 2000 n’est pas 2011 »

Participation du Fpi aux législatives : L’ancien parti au pouvoir semble décidé à ne pas competir aux législatives. Son leader Oureto s’est ouvert à l’Onuci pour expliquer la différence avec le cas du Rdr en 2000. / Miaka Oureto répond au Président Ouattara

De retour des USA, le président de la République a exhorté l’opposition conduite par, parti de l’ex-président Laurent Gbagbo, à ne pas commettre l’erreur du Rdr en 2000. Il les a pratiquement supplié Miaka Oureto et ses camarades à participer aux législatives. « Ce serait une erreur. J’attends de rencontrer la direction du Fpi pour leur dire que ce serait une erreur de boycotter les élections législatives. Nos frères et sœurs du Fpi doivent comprendre qu’ils ne doivent pas commettre les mêmes erreurs que le Rdr en 2000 », a souhaité le Président Ouattara. Pour lui, cette formation dont les dirigeants veulent tourner le dos à la course au Parlement, doivent se raviser. Sur la question, le chef de l’Etat a prévu de rencontrer bientôt les « frontistes » pour en savoir davantage. En réponse à cette main tendue Miaka Oureto a tenu à dissocier le cas du Rdr en 2000 de celui du Fpi en 2011 : « Du point de vue historique, nous ne sommes pas dans le même contexte. Le Rdr a refusé d’aller aux législatives, parce qu’un de ses candidats, en la personne du président Alassane Ouattara, avait eu son dossier qui avait été rejeté. Nous, ce n’est pas le cas qu’on pose. Nous posons des questions de sécurité. La sécurité est un problème d’ordre général qui concerne tous les Ivoiriens et non des individus de manière particulière », a relancé le leader du parti bleu. La délégation du Fpi à cet égard a entrepris une tournée d’explication de sa position. Elle a rencontré le représentant facilitateur, Bouréima Baldini et elle s’est rendue au siège de l’Onuci. Des démarches effectuées dans le souci de respecter les dispositions de l’Apo (Accord politique de Ouagadougou). A chaque rencontre, le Fpi s’est dit préoccupé de la question sécuritaire pour permettre à leurs électeurs de participer au vote dans la quiétude. « Dans l’accord complémentaire 4, il était dit que le désarmement devait intervenir deux mois avant la présidentielle », a rappelé Miaka. En définitive, la délégation a discuté de la question de réconciliation. Odette Lorougnon, Dano Djedjé, Amani N’Guessan et Alphonse Douaty ont accompagné leur leader Miaka.

Sam-Wakouboué
L’expression
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Participation aux législatives / Miaka Oureto répond au Président Alassane Ouattara :

L’Intelligent d’Abidjan

‘’Le contexte n’est pas le même’’

Le représentant du facilitateur de l’Accord Politique de Ouagadougou (APO), Bouréima Badini a reçu le lundi 26 septembre 2011 en son cabinet sis à l’immeuble BIT au Plateau, une délégation du Front Populaire Ivoirien, conduite par Miaka Oureto. Il a été surtout question de la sécurité, des législatives et de la réconciliation.

La délégation que conduisait Miaka Oureto était composée d’Amani N’Guessan, Dano Djédjé, Alphonse Douati et d’Odette Lorougnon, tous du Front Populaire Ivoirien (FPI). Après l’Onuci, la délégation FPI s’est retrouvée chez le représentant du facilitateur de l’APO. «Nous savons que nous avons connu des dysfonctionnements avec l’élection présidentielle. Maintenant, s’il est question d’aller aux autres élections, eu égard à l’environnement sociopolitique qui règne dans l’ensemble, nous avons estimé qu’il était nécessaire que nous venions vers le facilitateur à travers son représentant, pour poser nos préoccupations afin qu’elles puissent avoir des solutions», a dit Miaka Oureto, secrétaire général du FPI. «L’issue de l’APO a des dispositions qui nous paraissent idoines pour aller à des élections justes, avec une sécurité qui puisse rassurer tout le monde. Ce qui n’a pas été le cas pour les présidentielles. Dans l’accord complémentaire 4, il est dit que le désarmement devait intervenir avant les élections. Il y a eu beaucoup de polémiques sur cette question, le désarmement n’a pas eu lieu, le pays a connu une situation terrible. Il n’est plus question pour nous que notre pays revive ces situations de tragédie», a-t-il avoué. C’est pourquoi, le FPI estime qu’il «est bon que dès maintenant, on s’asseye pour discuter pour trouver toutes les solutions idoines afin que dans l’avenir, tout se passe dans un climat apaisé». Répondant à l’appel du Président de la République d’aller aux législatives, Miaka Oureto a été sans ambages : «du point de vue historique, le contexte n’est pas le même. Le RDR a refusé d’aller aux législatives parce que le dossier de l’un de ses candidats en la personne du Président Alassane Ouattara, avait été rejeté. Ce n’est pas notre cas. Nous posons des questions de sécurité. C’est un problème d’ordre général qui concerne tous les Ivoiriens et non des individus de manière particulière ». Puis de terminer : « Nous partons rassurés de la disponibilité du représentant du facilitateur, qui a prêté une oreille attentive à nos problèmes et qui s’est engagé à jouer le rôle qui est le sien».
A Dedi

Encadré

Et si c’était une erreur du FPI …

La nouvelle court depuis quelques jours. Le Front Populaire Ivoirien (Fpi), le parti créé par Laurent Gbagbo ne participera pas aux prochaines élections législatives prévues avant la fin de l’année. Du moins si certaines de ses conditions ne sont pas satisfaites. Entre autres, la libération de son leader Laurent Gbagbo, le rééquilibrage de la Commission électorale indépendante, le retour des exilés. Aspirations légitimes pourrait-on dire si l’on examine de façon minutieuse les revendications du désormais parti de l’opposition. L’élection législative est une élection avant tout politique. Et le Fpi qui n’est plus aux affaires ne veut certainement pas prendre le risque de donner raison à ses détracteurs qui estiment qu’il est minoritaire en allant à ces élections aux conditions du pouvoir en place. Cette position est sans doute politiquement décente. Mais en même temps, les revendications quelque peu maximalistes des frontistes contiennent en elles-mêmes les risques de l’affaiblissement du parti officiellement né en 1990. Comparaison n’est pas raison. Mais si cela était à refaire, au Rdr on réfléchirait par deux fois. Alassane Ouattara, le président de cette formation politique aujourd’hui président de la République en sait quelque chose de sorte qu’il s’est érigé en conseiller des instances dirigeantes du Fpi à son retour des Etats-Unis dimanche. ‘’Je pense que nos frères et sœurs du FPI doivent comprendre qu’ils ne doivent pas commettre la même erreur que le RDR en 2000. Il faut absolument participer à ces élections législatives. Je le souhaite pour ma part’’, avait répondu le Chef de l’Etat à une question relative au boycott des législatives par le Fpi. Ce conseil d’Alassane Ouattara revêt, à l’analyse, une dimension politique dans la mesure où la participation du Fpi à ces élections lui profite davantage. Mais au-delà des interprétations, le Fpi devrait prendre en compte cette observation de l’un de ses adversaires politiques. Qui, mieux que Ouattara, est bien placé pour appréhender les conséquences d’un boycott des législatives, des élections hautement politiques. L’on se souvient que, prétextant du rejet de la candidature de son mentor, le Rdr avait refusé de participer aux législatives de 2000. Et elles avaient eu lieu sans le Rdr. La législature qui en est sortie n’a souffert d’aucune crise de légitimité et elle a été reconnue par toutes les instances internationales malgré tout le lobbying du Rdr et de son patron Alassane Ouattara. Le Fpi, le Pdci, l’Udpci, le Mfa, l’Udcy, le Pit et des indépendants y ont siégé. En somme le Rdr avait été mal inspiré. Même quand survint la crise de 2002 et son corollaire d’accords, le Rdr n’a eu son salut que par le soutien du Pdci et de quelques députés indépendants pour arracher le vote de certaines lois favorables à Ouattara. Une situation qui a même occasionné des chamboulements au sein des groupes parlementaires proches de l’opposition. Nombreux sont ceux qui ont été débauchés par le pouvoir Fpi en place qui contrôlait l’essentiel de l’appareil de fonctionnement de l’Etat. C’était le côté face de la médaille. Aujourd’hui c’est le côté pile. Le Rdr est au pouvoir et contrôle tout ou presque avec ses alliés. La donne a changé et Laurent Gbagbo est en prison. Quel combat peut mener et gagner le Fpi, esseulé qu’il est, s’il ne participe pas aux législatives ? C’est à l’Assemblée nationale que se prennent les lois les plus importantes dans la gestion des affaires de l’Etat. Que peut faire le Fpi si certaines lois venaient à passer demain au parlement comme une lettre à la poste ? Guillaume Soro a dit que quand on a le pouvoir, il faut le consolider. Que pourrait le Fpi demain si une loi modifiait drastiquement et sociologiquement le collège électoral ? Ce serait sa mort à jamais. Ses adversaires pourront allègrement célébrer son requiem. C’est pourquoi le Fpi devrait se mobiliser plus que jamais pour être présent à l’hémicycle. Il pourra y exercer les pressions nécessaires pour obtenir, pourquoi pas, la libération de son leader historique et des autres prisonniers. Il a toutes ses chances avec ses bastions imprenables : Adzopé, Alépé, Gagnoa, Issia, Guiglo et certains quartiers d’Abidjan. Le Fpi peut-il accepter de voir ces bastions basculer chez son adversaire ? C’est à lui de tirer les leçons et d’analyser les résultats des futures concertations avec le Président de la République.
S. Débailly

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