Législatives-Côte d’Ivoire: Le FPI anticipe-t-il sur son échec ?

Législatives-Côte d’Ivoire: Le FPI anticipe sur son échec

Côte d’Ivoire – Le Front populaire ivoirien (FPI) semble sérieusement aux abois. A tel point qu’à deux pas des élections législatives, ses partisans cherchent à faire pression sur les nouvelles autorités ivoiriennes. A preuve, le parti de l’ex-président Laurent Gbagbo a annoncé mercredi dernier la suspension de sa participation aux travaux de la Commission électorale indépendante (CEI), chargée de les organiser d’ici mi-décembre.

Les dirigeants du FPI reprochent au régime du nouveau chef d’Etat Alassane Ouattara (ADO) son refus d’un dialogue républicain en vue d’examiner, entre autres, les questions concernant la sécurité, la recomposition de la CEI, et le redécoupage des circonscriptions électorales.

 

La CEI a été complétée récemment, mais sur le schéma défini par l’accord de Linas-Marcoussis de janvier 2003. Or, parmi les dix partis signataires, le FPI qui était déjà ultra-minoritaire, a perdu certains de ses soutiens les plus actifs, suite à la crise postélectorale.

Ainsi, aujourd’hui, au sein de la commission, ceux qui représentaient les ministères concernés par les élections, comme le ministère de l’Intérieur, ont été remplacés. Dans l’équipe de l’année dernière, il y avait des pro-Gbagbo. Aujourd’hui, ils ont été nommés par des ministres entièrement dévoués à Alassane Dramane Ouattara.

Par la suspension de leur participation aux travaux de la Commission électorale, les caciques en liberté du parti en déconfiture, voudraient dénoncer ce qu’ils considèrent comme un déséquilibre flagrant de la Commission électorale indépendante en faveur du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Pour le FPI, la composition actuelle de la commission ne garantit pas la transparence et l’équité des élections législatives prévues à la mi-décembre.

Les propos et agissements des responsables actuels du FPI sont étonnants et décevants. Le week-end dernier, lors de sa réunion à Accra au Ghana, la direction du FPI ne s’est pas prononcée sur la participation ou non de l’ex-parti présidentiel aux élections de décembre prochain. A croire que ce parti redouterait un échec lors des prochaines législatives, sachant qu’il ne contrôle plus rien depuis son éviction du pouvoir.

Le FPI nouveau voudrait-il donc pratiquer désormais la politique de la chaise vide ? Les successeurs de Afi N’guessan auraient-ils opté pour la stratégie de la terre brûlée ? En tout cas, boycotter le processus n’apporte rien. D’autant que les Accords politiques de Ouagadougou demeurent toujours aussi valables. Certes, avec tout ce qui s’est passé, on voyait mal le FPI revenir en force.

En se retirant de la CEI de la sorte, qu’espèrent donc les partisans de l’ancien président, Laurent Gbagbo ? Mettre un grain de sable dans le couscous du nouveau pouvoir ? On se voit alors contraint de mettre leur bonne foi en doute.

En se retirant, ce parti confirme tout le mal que ses adversaires pensent de lui. De plus, ses dirigeants ne feront que s’isoler politiquement, aux dépens même des causes qu’ils cherchent à défendre.

On les comprendrait mieux, s’ils se retiraient de la CEI pour aider le parti à se fortifier dans l’espoir d’un repositionnement salutaire sur l’échiquier politique national. Les voilà plutôt qui font preuve de myopie dans leur stratégie de reconquête d’un électorat qu’il sera difficile de convaincre. Que veulent donc les nouveaux dirigeants du FPI ? Enterrer ce parti laminé après dix ans de pouvoir sans bilan sérieux ?

Les Africains en général, les Ivoiriens en particulier, ne sont ni dupes, ni amnésiques. Le FPI a beaucoup perdu de son lustre d’antan, par la faute de ses premiers dirigeants qui ont pris plaisir à égarer leurs militants et à trahir la cause socialiste. Aujourd’hui, il y a comme une incapacité pour le FPI à s’asseoir pour débattre avec le nouveau pouvoir. Chaque jour qui passe, voit le parti se mettre hors-jeu.

Comme si en son sein, certains ne tiennent pas à oeuvrer avec les adversaires politiques pour bâtir la nouvelle Côte d’Ivoire et constituer des institutions démocratiques fortes. Une absence de reconnaissance envers des adversaires politiques qui l’ont épargné, mais surtout une fuite de responsabilité vis-à-vis de ses propres militants.

La décision de suspension de la participation à la CEI aura-t-elle un impact sur l’organisation du scrutin ? En tout cas, la volte face du FPI amène à s’interroger quant à la suite du processus. Il faut croiser les doigts et espérer que celui-ci se poursuivra sans répit.

Le train du processus démocratique ne doit pas s’arrêter en si bon chemin. L’heure n’est pas aux tergiversations. Il faut éviter de perdre du temps avec des individus qui sont loin d’avoir la conscience tranquille.

Eux, peuvent au moins s’exprimer librement et jouir aujourd’hui de certains droits. Ils les avaient pourtant refusés hier à ceux qui, présentement, sont aux commandes de la Côte d’Ivoire soucieuse de se réconcilier avec elle-même.

Jusque-là, le pouvoir de ADO a fait preuve de bonne volonté et d’ouverture d’esprit. Il lui revient de continuer à respecter le cadre légal, de maintenir le cap pour les législatives en décembre et surtout de trouver les solutions aux multiples problèmes des Ivoiriens.

Le Pays/23/09/2011

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