Tueries de Taï: Des miliciens pro-Gbagbo au banc des accusés

Source: Nord-Sud

Des miliciens à la solde de l’ancien régime de Laurent Gbagbo ne seraient pas étrangers aux tueries perpétrées dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, dans la localité de Taï.

Les informations livrées, hier, par Human Rigths Watch, dans son dernier communiqué, devraient donner une piste supplémentaire d’investigations aux enquêteurs. En effet, d’après l’organisation internationale de défense des droits de l’Homme, il est fort probable que les auteurs des récentes tueries à Taï soient de jeunes miliciens à la solde de l’ancien chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo. Cette descente meurtrière (25 morts au dernier décompte) qui a eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, principalement dans les villages de Zriglo et de Nigré, mitoyens de la forêt de Taï, aurait pour motivation de venger l’ancien homme fort d’Abidjan. « Il apparaît que les assaillants seraient de jeunes ivoiriens ayant fait partie des milices pro-Gbagbo pendant les 6 mois de conflit qui ont suivi les élections », indique Hrw dans ce rapport, apportant des éclairages sur la cible des tueurs.

« Les victimes des raids sont tous membres de groupes « allogènes » – composés d’immigrés ouest-africains et de groupes ethniques ivoiriens traditionnellement originaires d’autres parties du pays – soutenant le président actuel, Alassane Ouattara », révèle ledit rapport. Les informations jusque-là répandues, laissaient croire que l’attaque des villages de Zriglo et de Nigré, serait le fait de mercenaires venus du Liberia voisin. Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme, une attaque similaire contre la même cible a eu lieu, en juillet dernier. « Des survivants de l’attaque du 18 juillet ont raconté à Human Rights Watch que plusieurs dizaines de jeunes hommes en armes avaient émergé de la forêt vers une heure du matin. Ils ont attaqué plusieurs petits campements proches du village de Ponan où des familles logent pendant qu’elles travaillent dans leurs plantations d’hévéa. Des victimes de l’attaque de juillet ont raconté à Human Rights Watch que, dans les mois qui ont suivi l’élection présidentielle de 2010, des miliciens pro-Gbagbo avaient à plusieurs reprises menacé de les tuer si Ouattara arrivait au pouvoir.

Plusieurs résidents ont affirmé que les attaques étaient probablement aussi motivées par des conflits liés à la propriété foncière », lit-on encore dans le rapport publié par Hrw qui en profite pour tirer la sonnette d’alarme, appelant notamment les forces internationales, à mieux sécuriser la zone. « Les missions de maintien de la paix de l’Onu en Côte d’Ivoire et au Liberia doivent apporter leur aide aux autorités nationales pour prévenir d’autres bains de sang », a exhorté Daniel Bekele, directeur de la division Afrique de Human Rights Watch, motivant son plaidoyer par le fait que « ces groupes armés semblent déterminés à semer le chaos et la destruction dans des communautés qui ont déjà beaucoup souffert de la crise meurtrière qu’a connue la Côte d’Ivoire après les élections ».

Mais, Daniel Békélé espère que les auteurs des tueries pourront, un jour, répondre de leurs actes. « Les forces armées de Côte d’Ivoire doivent s’assurer que tous ceux qui ont participé à ces attaques, quelle que soit leur allégeance politique, soient confrontés à leurs victimes dans un tribunal et non pas exécutés sans autre forme de procès », a encouragé le responsable de Hrw.

Marc Dossa
Nord-Sud

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