Assemblée générale
AG/11151
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DÉBAT GÉNÉRAL DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Suite du débat général
M. DEMETRIS CHRISTOFIAS, Président de Chypre, a fait savoir que son pays continuait de souffrir des conséquences de l’invasion militaire turque de 1974 et de la poursuite de l’occupation. Il a notamment déploré le fait que les résolutions adoptées par l’ONU en la matière qui ne sont pas mises en œuvre à cause de « l’intransigeance turque ». Il a rappelé qu’à la « suite de notre initiative », des négociations directes avaient été entamées en 2008 dans le but de créer une fédération bizonale et bicommunale. « Notre objectif, a-t-il expliqué, est de trouver une solution mutuellement acceptable qui mette un terme à l’occupation et à la colonisation illégale par la Turquie des parties occupées de Chypre. Nous voulons une solution qui réunifie le pays et sa population et qui crée les conditions pour une paix et une sécurité durables ». Il a ensuite noté « avec regret » que la partie chypriote turque s’était récemment rétractée de la table des négociations, notamment au sujet de points de convergence déjà déterminés. M. Christofias a affirmé que la question des personnes disparues était un aspect important du problème chypriote et qu’elle devait être résolue « quelle que soit l’évolution des négociations ». Le Président a ensuite expliqué que la République de Chypre avait récemment lancé un processus d’exploration et d’extraction d’hydrocarbures au sein de sa Zone économique exclusive, mais que ces efforts étaient l’objet de menaces de la part de la Turquie. Il a notamment dénoncé les manœuvres navales turques effectuées à proximité de cette Zone et qui, a-t-il affirmé, posent un réel danger pour la région. Le Président a aussi accusé la Turquie d’avoir conclu un « accord » avec le « régime illégal » de la partie occupée afin de pouvoir effectuer ses propres prospections dans cette Zone. « Je condamne cet acte illégal qui constitue une provocation non seulement pour la République de Chypre, mais pour l’ensemble de la communauté internationale », a lancé le Président. Les dirigeants turcs et chypriotes turcs cherchent un fait accompli illégal, a déclaré M. Christofias avant d’appeler « le Conseil de sécurité, le Secrétariat et l’ONU dans son ensemble » à faire savoir à la Turquie que la poursuite de la violation du droit international et européen ne saurait être tolérée.
Le Président de Chypre a poursuivi en rappelant que sa partie avait proposé la restitution de la ville de Famagusta -« une ville européenne dans laquelle ses habitants ne peuvent plus vivre depuis l’occupation turque de 1974 »-sous l’Administration de l’ONU. La mise en œuvre de cette proposition, a-t-il indiqué, donnerait un élan notable aux négociations et renforcerait la confiance entre les deux communautés. Il a ensuite regretté que la Turquie refuse de mettre en œuvre les résolutions 550 et 1984 du Conseil de sécurité qui traitent de cette proposition. M. Christofias s’est par ailleurs félicité de ce que le Secrétaire général, lors de ses récentes réunions avec les deux parties, ait fait référence à la résolution 1251 du Conseil de sécurité. Pour le Président de Chypre, la seule manière d’aller de l’avant est d’honorer les engagements que les deux parties ont pris devant le Secrétaire général. Avant de conclure son intervention, le Président de Chypre a appelé à la reprise des négociations entre Israël et la Palestine. Il a également estimé qu’un nouveau modèle de croissance s’imposait, centré sur la réduction des inégalités, l’élimination de la pauvreté et la sauvegarde des droits des travailleurs et de l’ensemble de la population.
M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie, a rappelé que cette année son pays célébrait le cinquantième anniversaire de son indépendance en même temps que ses 50 années en tant que Membre des Nations Unies, une indépendance consécutive à la réunification entre le Tanganyika et Zanzibar, le 26 avril 1964. Indiquant que la Tanzanie avait toujours cru en la médiation comme base de prévention et de règlement pacifique des conflits, le Président a souligné l’engagement de son pays dans ce domaine en Afrique. Il a en outre affirmé que la Tanzanie contribuait régulièrement aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, grâce à l’octroi de troupes et de personnels civils.
M. Kikwete a évoqué le rôle du fondateur de la nation tanzanienne, Julius Nyerere, qui a toujours été opposé à toute forme de colonialisme, d’apartheid et de discrimination raciale sur le continent africain et ailleurs. Julius Nyerere estimait que l’indépendance de la Tanzanie ne pouvait être complète tant que d’autres peuples d’Afrique seraient encore sous le joug du colonialisme, a-t-il expliqué. C’est dans ce contexte qu’il soutenait tous les mouvements d’émancipation sur le continent, et que la capitale du pays, Dar es-Salaam, fut le siège du Comité de libération de l’OUA.
Tout en réaffirmant le soutien à l’indépendance de tous les peuples, le Président de la Tanzanie a rappelé son soutien à celle de la Palestine. Il a souhaité que Palestiniens et Israéliens puissent vivre en paix et en harmonie en tant qu’États voisins souverains. Il a également appelé à la fin de l’embargo économique dont Cuba est victime.
Concernant les réformes des organisations internationales, il a souhaité des changements au sein des institutions de Bretton Woods, des Nations Unies et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) afin que la voix des pays en développement soit plus entendue, notamment au sein du Conseil de sécurité, a t-il ajouté. Les bonnes intentions des Nations Unies n’ont pas toujours été mises en œuvre, a-t-il regretté, évoquant à ce sujet le non-respect des promesses d’aides des donateurs comme principale raison de cette situation.
Le Président tanzanien a regretté que la Somalie soit toujours dans une situation conflictuelle nécessitant l’intervention des Nations Unies, de l’Union africaine et de la communauté internationale. Il a, de ce fait, attiré l’attention des États Membres sur la famine qui a cours dans la corne de l’Afrique et le phénomène de piratage des navires dans le golfe d’Aden, situation mettant a mal les économies des pays environnants, y compris la Tanzanie qui a connu 13 attaques de pirates depuis l’an dernier avec cinq cas de prise d’otages. M. Kikwete a enfin regretté l’attaque terroriste ayant touché le Bureau des Nations Unies au Nigéria et a invité les Nations Unies à considérer le terrorisme parmi ses priorités.
M. HAMAD BIN ISSA AL KHALIFA, Roi de Bahreïn, a affirmé que le monde entrait dans une nouvelle ère de changements importants, dans laquelle les avancées des moyens modernes de communication avaient amené des transformations rapides et sans précédent, notamment dans le monde arabe. Il y a plus d’une décennie, le Bahreïn a commencé à procéder à plus de réformes et d’améliorations pour répondre aux aspirations de sa population en matière de liberté, de démocratie et de participation politique, a assuré le Roi Hamad, affirmant qu’une approche de dialogue et de consensus avait constamment été privilégiée. L’authenticité de notre peuple, notre culture, notre développement économique et politique libre et notre engagement en faveur des principes universels des droits de l’homme, de la coexistence pacifique et du respect des opinions des autres constituent la réelle richesse de notre pays, a-t-il dit.
Le Roi Hamad a également estimé qu’aujourd’hui, plus que jamais, la communauté internationale avait une opportunité de rendre justice au peuple palestinien en reconnaissant un État palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale. En outre, il a apporté son soutien à l’Initiative du Golfe pour maintenir la sécurité, la stabilité et l’unité du Yémen, tout en répondant aux aspirations de son peuple. Conformément à son engagement dans les actions internationales concertées, Bahreïn n’a pas hésité à contribuer et à participer au Groupe des Amis de la Libye, et il contribue également aux forces de maintien de la paix en Afghanistan. L’humanité et la communauté internationale ont beaucoup à gagner au niveau mondial des contributions de la civilisation arabo-islamique, a déclaré le Roi de Bahreïn. Les arabo-musulmans, les chrétiens, les juifs et les fidèles d’autres religions et croyances, ne peuvent que coexister dans un « État civil » basé sur la tolérance, a-t-il dit.
M. ALASSANE OUATTARA, Président de la Côte d’Ivoire, a tout d’abord remercié tous « les pays amis qui ont cru en notre combat pour la démocratie tout au long de la longue crise électorale qu’a connue son pays ». Il a notamment salué « l’engagement déterminé » du Secrétaire général en faveur de la paix dans le monde.
Commentant ensuite le thème de la session actuelle de l’Assemblée générale, il a estimé que la mise en œuvre d’une approche fondée sur l’usage et la promotion de la négociation pour la résolution des conflits exigeait l’implication « déterminée et solidaire » des États Membres à trouver des solutions négociées aux plans sous-régional, régional et international.
La paix tant recherchée, a poursuivi le Président, ne peut être possible sans un développement économique plus équilibré et plus juste du monde. Il a estimé qu’une forte croissance économique devait être accompagnée d’un accès transparent et équitable à l’emploi, notamment celui des jeunes, ainsi qu’à la sécurité et à la justice. Il est donc urgent, a-t-il souligné, d’adopter un nouveau modèle de développement bâti autour de la contrainte environnementale, qui assure à la population la satisfaction de ses besoins d’emplois, de sécurité et de justice.
Rappelant la gravité croissante des catastrophes naturelles, il a appelé les États Membres à combiner leurs efforts pour trouver des solutions novatrices et efficaces pour faire face à ces catastrophes qui, a-t-il affirmé, font peser une menace notable à la paix et à la sécurité internationale. Face à ces drames, l’engagement politique de tous les États Membres est indispensable.
Le Président de la Côte d’Ivoire a par ailleurs appelé à la mobilisation de ressources suffisantes pour financer la recherche et le développement dans les domaines de l’agriculture vivrière, des énergies renouvelables et du développement durable. Pour ce faire, il a préconisé une réduction « substantielle » des fonds consacrés aux dépenses militaires.
M. Ouattara a ensuite fait savoir que depuis sa prise de fonctions, des discussions étaient en cours pour la signature d’accords avec les voisins de la Côte d’Ivoire pour permettre le retour volontaire et rapide des réfugiés ivoiriens et prémunir les frontières contre les mouvements d’hommes armés, les trafics de drogues, de pierres et de métaux précieux. Il a indiqué que le « vivre ensemble » constituait la pierre angulaire de son programme de gouvernement, ajoutant qu’il avait érigé la réconciliation nationale au rang des priorités avec la création de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation.
Il a également fait savoir que le Programme présidentiel d’urgence, lancé au mois de mars et qui entend améliorer les services sociaux de base, avait déjà produit des effets bienfaiteurs sur la vie de la population, notamment celle d’Abidjan. Le Président a également assuré que l’organisation d’élections législatives avant la fin de l’année permettrait de renforcer la démocratie et la justice sociale en Côte d’Ivoire. « Mon ambition, a-t-il fait savoir, est de faire de la Côte d’Ivoire, à l’horizon 2020-2050, un pays émergent, une nation réconciliée avec elle-même, et un État moderne respectueux de l’indépendance de la justice. »
Nous sommes confrontés à un monde nouveau, a estimé M. SEBASTIÁN PIÑERA ECHENIQUE, Président du Chili, insistant sur les opportunités créées par la révolution des technologies de l’information pour le développement matériel et spirituel de millions de personnes dans le monde. Mais les crises financières, le terrorisme, le trafic de drogues ou la criminalité transnationale organisée, tout comme les changements climatiques ou les crises sanitaires vont au-delà de ce qu’un gouvernement peut faire de son côté, et réclament des actions plus concertées et plus efficaces de la communauté internationale. « C’est pourquoi, nous devons de manière urgente nous repositionner et repenser les structures de chacune des organisations, comme les Nations Unies, la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international, qui ne répondent plus aux réalités, défis, problèmes et opportunités du présent et du futur », a-t-il estimé.
Comme toutes les révolutions du passé, la révolution du XXIe siècle, basée sur les technologies de l’information, sera généreuse pour ceux qui sauront la suivre, et indifférente, voire cruelle, pour ceux qui la laisseront passer, a averti le Président du Chili, rappelant que malgré tous ses atouts, l’Amérique latine avait raté le train de la révolution industrielle et restait un continent sous-développé, profondément inégal, avec près d’un tiers de sa population vivant dans la pauvreté. Toutefois, la communauté des Nations a pour responsabilité de garantir que les bénéfices de cette révolution atteignent toutes les régions de la planète. Et pour cela, la liberté, comprise comme un concept intégral, est à nouveau la source inextinguible du progrès de l’humanité, a dit le Président du Chili, assurant du soutien continu de son pays à toutes les avancées démocratiques, notamment au travers des organes de défense des droits de l’homme des Nations Unies. Le pays a également conclu des accords de commerce libre avec 58 pays, représentant 80% de la population mondiale, et a développé la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire.
Toutefois, tout ceci ne sera pas suffisant, a-t-il dit, appelant à construire de nouveaux piliers de développement et à investir dans la science et la technologie, en particulier dans le capital humain qui est sans aucun doute la véritable ressource renouvelable que l’humanité possède. Il est indéniable que la course pour le développement et le futur doit être remportée dans les salles de classe, a-t-il rappelé. M. Piñera Echenique a enfin rappelé que le Président de la Bolivie avait hier, devant l’Assemblée générale, réclamé pour son pays un accès souverain sur l’océan Pacifique à travers le territoire du Chili. Il n’y a pas de questions territoriales en suspens entre le Chili et la Bolivie, elles ont été réglées, une bonne fois pour toutes en 1904, par la signature du Traité de paix et d’amitié, a-t-il assuré, estimant que son pays avait accordé à la Bolivie des arrangements qui allaient bien au-delà de ceux envisagés dans la Convention des Nations Unies sur les pays enclavés.
M. MAHMOUD AHMADINEJAD, Président de la République islamique d’Iran, a estimé qu’il était clair que malgré ses efforts, y compris la création des Nations Unies, l’humanité était encore loin de répondre aux aspirations des populations. La plupart des Nations dans le monde ne sont pas satisfaites de la situation internationale actuelle, a-t-il dit, rappelant que 3 milliards de personnes vivaient avec moins de 2,5 dollars par jour et que plus d’un milliard d’entre elles n’ont pas un seul repas suffisant par jour. « Ne pensez-vous pas que la cause profonde de ces problèmes réside dans la manière dont le monde est gouverné? s’est-il interrogé avant de dénoncer l’esclavagisme, le colonialisme, les guerres de Corée et du Viet Nam, le sionisme, les régimes militaires en Asie, en Afrique et en Amérique latine, l’utilisation de l’arme nucléaire ou encore le soutien à Saddam Hussein pendant la guerre contre l’Iran, ainsi que le surendettement de certains gouvernements qui, selon lui, dominent les travaux du Conseil de sécurité. Comme la lumière du jour, il est également clair que les mêmes esclavagistes et puissances coloniales qui ont lancé les deux guerres mondiales continuent à contrôler les centres politiques mondiaux, a-t-il dénoncé.
Si certains pays européens utilisent encore l’Holocauste comme excuse pour céder aux sionistes, ne devrait-il pas exister une obligation pour les esclavagistes et puissances coloniales de payer réparation aux nations affectées? a poursuivi le Président iranien, en dénonçant la présence de bases américaines à travers le monde. La question centrale est celle de la recherche des causes profondes de ces attitudes, a-t-il estimé, y voyant la patte d’un ensemble de personnes en contradiction avec les instincts humains profonds, qui n’ont plus la foi en Dieu et en ses prophètes, ni respect pour les autres, et s’autoproclament gardiens de tous les gouvernements et nations. Ces personnes plantent la discorde entre diverses nations en utilisant l’hypocrisie et la tromperie au service d’objectifs diaboliques, a-t-il dit.
M. Ahmadinejad a rappelé que la liberté, la justice, la dignité et la sécurité durable étaient le droit de toutes les nations et a estimé que la gouvernance du monde exigeait aujourd’hui des réformes fondamentales. L’idée de la création des Nations Unies demeure extraordinaire et leurs capacités doivent être utilisées au service de causes qui sont nobles, a-t-il dit, mais il faut y garantir la participation collective des nations et une gestion commune et partagée du monde, selon les principes inscrits dans le droit international. C’est la seule voie vers la prospérité et le bien-être de la société humaine, a-t-il insisté. Cette gestion commune est le droit légitime de tous les pays, et ce droit doit être défendu par les représentants des États, malgré les efforts d’« une certaine puissance » pour entraver ces efforts, a-t-il ajouté, avant de dénoncer la composition « injuste et inéquitable » du Conseil de sécurité. Le Président iranien a réitéré la proposition qu’il avait formulée l’année dernière, de désigner la décennie à venir comme celle de la décennie de la « Gestion mondiale partagée et collective ». La création d’une société suprême et idéale est la promesse garantie d’Allah, a-t-il assuré, en déclarant que le monde connaissait aujourd’hui un réveil en terre islamique, en Asie, en Europe et en Amérique. Ces mouvements influencent la réalisation de la justice, de la liberté et de la création d’un avenir meilleur, a-t-il précisé.
À suivre…
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