Les Forces républicaines ont pris position le long du Cavally (photos: STB)Depuis l’attaque meurtrière du jeudi 15 septembre dernier, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) placées sous le commandement de l’adjudant- chef Coulibaly Moussa dit Moses ont pris position sur les rives du fleuve Cavally, passage présumé des mercenaires et miliciens. Ce jeudi 22 septembre, une semaine après l’attaque, nous prenons place dans une 4X4 des Forces républicaines pour constater de visu la situation sécuritaire à la frontière.
C’est par ce pont que sont passés les mercenaires qui ont attaqué Zriglo.
« M. le journaliste c’est parti », nous lance un soldat visiblement fier d’être de l’expédition. «Les mercenaires savent qui nous sommes. Ils n’auront plus de répit », murmure un autre. Le convoi fait un tour à Ponan et Daobly, deux villages qui ont déjà connu des attaques similaires à celle de Zriglo, puis s’enfonce sur une piste escarpée et boueuse. Nous traversons des cours d’eau à n’en point finir, une zone marécageuse avec de multiples passages. La pression monte.
Le chef du convoi demande à ses éléments d’être en position. En dépit de tous ces soldats, notre rythme cardiaque augmente, la peur aussi, et nous commençons à regretter notre témérité. Bref, nous jouons au dur… Le convoi de 4X4 se faufile entre forêt et champs de cacao et hévéa, aucune plantation de vivriers. Nous comprenons pourquoi la nourriture coûte cher dans cette sous-préfecture, malgré sa terre fertile et généreuse.
Après 8 km, dans une clairière, le véhicule de pointe stationne. « Tout le monde descend. Mettez les véhicules en position départ », lance le chef du convoi, la voix grave. Les manœuvres sont limitées, les véhicules réussissent à se positionner comme l’a demandé le chef. Une pirogue sur le Cavally. De l’autre côté, le Libéria.Un sergent nous fait remarquer que le fleuve est à vue, mais il faut faire attention, chaque bosquet, chaque contrefort peut être un piège mortel… Enfin nous voyons le fleuve avec une largeur vertigineuse. De l’autre coté de la rive, au Libéria, des jeunes gens échanges sans s’occuper de notre présence. L’un d’entre eux fait la lessive.
Les militaires prennent position et sont sur leur garde. Nous nous abritons derrière un arbre et faisons des photos. Soudain, deux enfants et trois femmes embarquent dans une des pirogues de l’autre coté de la rive, direction la Côte d’Ivoire. Peu à peu, la pirogue atteint la rive ivoirienne. Le piroguier est un Libérien qui en a d’autres. Dans un français approximatif, sans crainte, il nous salue : « Cé bien va ». Nous ne pouvons rire. Nous sommes dans une zone dangereuse. Le piroguier passeur regagne son pays.
Le chef du convoi, « Dangro », donne des instructions fermes à la vingtaine de soldats qui passeront des jours à patrouiller tout le long de la rive. Le convoi se retire de la zone laissant derrière des éléments qui veilleront sur le sommeil des Ivoiriens. D’autres éléments venus également de Guiglo sous la conduite de l’Adjudant chef Moses ont pris position sur les rives au niveau de Zriglo, Sacré, Nigré…
Saint-Tra Bi
Correspondant Régional
Fraternité Matin
………………….
Attaque de Zriglo Lt. Ya Roger des FRCI: « c’était des mercenaires pro-Gbagbo »
Avec ses hommes, il a repoussé les mercenaires qui ont attaqué Zriglo et Nigré (région de Taï dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire), dans la nuit du Nous avons rencontré le lieutenant Ya Roger des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) raconte les circonstances de l’attaque.
Pouvez-vous nous parler de l’attaque qui a eu lieu dans le village de Zriglo ?
Le jeudi 15 septembre, alors que les populations étaient rassemblées pour un mariage, nous avons entendu des tirs très nourris en provenance de Zriglo. C’était précisément des mercenaires de Gbagbo qui nous attaquaient. Les combats ont duré de 1 heure du matin jusqu’à 6heure du matin, soient cinq heures d’horloge, avant qu’ils ne replient. Certains opérateurs économiques ont été enlevés et ont payé de grosses sommes d’argent pour être libérés. Les assaillaient ont profité du mariage pour s’infiltrer dans le village et attaquer le corridor.
Qu’est ce qui vous fait dire que ce sont les mercenaires de Gbagbo ?
Ils avaient des armes sophistiquées. Ils ont été identifiés par certaines de leurs victimes. Ce sont pour la plupart des jeunes de la région et des mercenaires parlant anglais.
Avez-vous fait des prisonniers et quelles sont les dispositions prises pour parer à toute attaque nouvelle?
Nous n’avons pas fait de prisonniers, mais connaissons leur
manière d’attaquer. Les dispositions sont prises pour parer à toute nouvelle attaque, mais c’est une question militaire.
Quel est le bilan exact de cette attaque ?
Coté militaire, nous avons enregistré un mort et un blessé grave. Côté civil, il y a eu 18 morts au moins.
Le chef du village de Nigré aurait été arrêté par les FRCI et est détenu à Para. Qu’en est-il exactement ?
Nous avons découvert des armes chez lui. Il est à Para pour les nécessités d’enquête, il est soupçonné de détention d’arme. Il y avait de très gros trous dans sa maison où les armes étaient cachées.
Avez-vous découvert des armes ou est-il tout simplement soupçonné ? Ses cinq enfants seraient morts par ailleurs. Est-ce vrai ?
Il est soupçonné. Moi, je n’ai vu que les corps de deux de ses enfants.
Les maisons des autochtones Woubé ont toutes été incendiées et détruites dans trois villages. Connaissez-vous ceux qui
ont fait cela ?
Je ne sais pas qui a détruit les habitations des autochtones Woubé, mais je pense que c’est sous l’effet de la colère des victimes.
Quel message lancez-vous aux déplacés qui se sont réfugiés à Tai ?
Je demande à tous de regagner leurs villages car tout est rentré dans l’ordre. ILS n’ont aucun intérêt à aider les Libériens et les miliciens qui doivent savoir qu’il y a des hommes déterminés à défendre la patrie malgré les difficultés qu’ils rencontrent.
Saint-Tra Bi
Correspondant Régional
Fraternité Matin
Les commentaires sont fermés.