On peut indifféremment dire «Biangouiné» ou «Biangouin» pour désigner la même ville, «Biankouma», dans la région de l’ouest de la Côte d’Ivoire, à une trentaine de km de Man. A l’image de la plupart des villes de l’ouest, Biankouma est située sur un flanc du Mont Bian. D’où : «Bian-gouin» ou «Biangouiné» ou encore «Bian-kouma», pour dire «Village situé au sommet du Mont Bian». La situation de l’ancien village de Biankouma, en altitude, permettait autrefois aux habitants des lieux d’identifier aisément, et de voir venir de loin des éventuels envahisseurs. La ville n’aurait changé de site, selon les témoignages des anciens, que quelques années après la capture de l’Almamy Samory Touré à Guélémou (sous l’iroko en Yacouba) en 1898, l’un des 77 villages de la sous-préfecture de Biankouma. Les Yacouba de Biankouma, malgré le modernisme, gardent encore jalousement leurs valeurs ancestrales. De passage dans la région, à l’occasion de la 8ème édition du Festival international de la route des reines et des rois (Festirois), nous avons pu observer le rôle important que joue, de nos jours, la case sacrée, l’un des éléments traditionnels les plus importants pour ce peuple. Les maisons d’habitation à Biankouma village sont des cases rondes construites à partir de terre argileuse. Elles sont couvertes de pailles. La case principale est habitée par le chef de famille. Elle est entourée par des cases «femelles» qui accueillent les femmes et les enfants. Chacune d’elles est caractérisée par deux issues : l’ouverture principale (la porte d’entrée) et l’issue de secours (moins grande et ouverte du côté des cases des épouses). Dans cet environnement, la case sacrée est facilement identifiable. Entourées d’arbres géants aux feuilles larges et palmées, sa devanture est tapissée de larges pierres. Outre sa fonction de tribunal ou d’autel pour les sacrifices, la case sacrée est un véritable musée traditionnel où sont jalousement conservés les objets très anciens : les arcs, les lances, les boubous de guerre, les gibecières, les cuillères en bois, les fétiches, les ustensiles de cuisine….Le «locataire» de la case sacrée est une personne adulte, sage et discrète, qui a un respect scrupuleux des valeurs traditionnelles. Entourés de personnalités parmi les plus sages du village, il a la lourde tâche de réguler la vie des habitants. Il est la courroie de transmission entre le peuple et les ancêtres. Celui qui dirige la case doit avoir plusieurs totems. Les femmes n’y ont pas accès. Ce qui est décidé dans la case est exécutoire pour tout le village. La responsabilité de la case se transmet d’oncle à neveu. Lorsqu’une personne importante décède (une personne qui a accès à la case), par exemple, explique un fils du village, Soumahoro Louaty, on attend sept jours avant d’annoncer la nouvelle au village. C’est par une métaphore que la nouvelle est annoncée aux habitants. «On ne doit pas dire qu’il est mort, on dit, en pareille circonstance qu’il a enlevé les chaussures, et tout le monde comprend», explique Louaty.
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