Cinq mois après l’arrestation du président Laurent Gbagbo par les forces spéciales françaises, un proche d’un Général d’armée des Fds livre les secrets de ce qui peut être considéré comme «la trahison des Généraux».
Comme se plaît à le répéter les partisans du président Laurent Gbagbo, malgré les pressions internationales de toutes sortes et les coups de canon qui tonnaient ça et là, la République dans son ensemble est restée unie autour du chef de l’Etat. Aucune institution n’a apporté son soutien à Ouattara, encore retranché au Golf Hôtel, pas même les grands commandements de l’armée. C’est le 30 mars 2011 que l’ex-commandant des forces terrestres, aujourd’hui chef d’Etat-major adjoint, le Général Detho Letho a «déserté» pour se retrouver dans le camp Ouattara. Les Généraux ont-ils lâché ou non Gbagbo dans ce bras de fer politicomilitaire, pudiquement appelé crise postélectorale ? Les révélations d’un proche d’un Général des ex-Fds vient situer plus d’un sur le rôle joué par les patrons des Fds au plus fort de la récente crise politico-militaire.
Alors que Gbagbo était acculé au plan diplomatique, les Généraux ont voulu prendre leurs «responsabilités», en déposant le pouvoir Gbagbo. Pour l’exercer ou le remettre à Ouattara ? Mystère et boule de gomme. Toujours est-il qu’ils ont suggéré au président Gbagbo de démissionner afin qu’eux les Généraux, prennent leurs responsabilités, révèle l’homme de main d’un Officier supérieur des ex-Fds.
Les intentions claires-obscures des officiers supérieurs ont occasionné une suspicion légitime en leur sein. Et une partie des officiers généraux a décidé de mener le combat jusqu’au bout, quand d’autres se sont effacés. «Pendant que certains Généraux se sont engagés au combat, les autres informés sur l’opération Sahel qui était censée tuer tous ceux qui vont résister à l’installation de Ouattara ont pris leurs distances. Ces généraux savaient déjà que le combat (des résistants, ndlr) ne pouvait pas aboutir. Parce que la décision avait déjà été prise au niveau de la France, des Etats-Unis, de faire en sorte que Gbagbo tombe. Et on a dit la vérité à ces Généraux-là», détaille l’homme de main.
Selon ses dires, des officiers américains et français avaient clairement démontré à ces officiers supérieurs ivoiriens (au parfum de l’opération Sahel, ndlr) la chute du régime Gbagbo. «Ils leur ont dit qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de se rallier. Parce que dans tous les cas de figure, Gbagbo allait tomber. Par la suite, le Général Detho Letho a été le premier à basculer officiellement. Il a fait un travail de fond de telle sorte que l’armée soit déstabilisée», explique-t-il. Les Ivoiriens ont-ils donc eu raison de voir en Mangou, Kassaraté et bien d’autres des traîtres ? Oui et non, rétorque notre interlocuteur.
«Ces généraux n’avaient pas de choix. Parce que eux, ils avaient des informations plus claires leur indiquant que le combat était perdu d’avance. Et ils (les généraux, ndlr) ont mis une stratégie en place afin de limiter les conséquences. Parce que si on avait décidé de combattre réellement, il y aurait eu beaucoup plus de morts. Les Blancs devraient être sans pitié, donc les Généraux avaient le dos au mur», indique ce proche d’un Général des ex-Fds. Selon lui, les Blancs avaient voulu utiliser un système simple.
«Emprunter le tunnel de la résidence du président et mettre la main sur lui et ses proches. Ces Blancs ont été tous tués, parce que nos éléments savaient qu’ils utiliseraient forcément ce tunnel. C’est ce qui a énervé la France qui a envoyé un renfort impressionnant en Côte d’Ivoire. Et ils ont bloqué l’aéroport, et ils contrôlaient la base aérienne. C’était donc scellé. Par la suite, ils agissaient maintenant à visage découvert», avoue-t-il.
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