Par Dr KONATE Siendou – Comparatiste
Aujourd’hui, les bourreaux du peuple ivoirien et de la démocratie en Côte d’Ivoire veulent se constituer en victimes. Ils jasent ici et là. Ils se plaignent de l’injustice que le pouvoir Ouattara serait en train de répandre parce que certains criminels de la période dite postélectorale sont en train d’être mis aux arrêts, inculpés et écroués. Certes la crise ivoirienne qui a fait la peau à plus de 3000 personnes est la création des « ivoiritaires » qui incluent indéniablement le PDCI. Mais sans chercher à dédouaner le PDCI, allié de M. Ouattara aujourd’hui, il faudra savoir reconnaître que c’est bien le FPI qui a tiré un dividende colossale de cette trouvaille anachronique, obscurantiste et liberticide qu’a été et que continue d’être l’ « ivoirité ». Les inventeurs de ce terme difficilement conceptualisable et le FPI savent bien que nous avons conscience de ce que leur trouvaille a fait irruption dans la Constitution contre une frange de la population qu’ils considéraient comme « étrangère » sur son propre sol au sens du jus solis et du jus sanguinis. Ils sont conscients que nous savons que la crise ivoirienne résulte de leurs théorisations ultranationalistes et confligènes. D’ailleurs, le FPI n’a jamais renié sa responsabilité dans la concoction de l’ « ivoirité » puisque ses leaders d’opinion reconnaissent avoir rendu ridicule notre constitution en 2000 en y insérant toutes sortes de dispositions sottes et futiles afin, disent-ils, de barrer la route aux « étrangers » dont Ouattara était, selon eux, le parangon. Ceci est un secret de polichinelle : non seulement les membres de ce parti sont racistes, tribalistes et altérophobes (ennemis jurés de la Différence), mais aussi ils voulaient simplement, et par tous les moyens nécessairement vils, goûter aux délices du pouvoir qui, du reste, les a rendu fous, arrogants, voleurs, violents et criminels. Cet enivrement par le pouvoir les a indu à l’erreur de croire que la Côte d’ivoire était leur propriété exclusive. (Ils sont toujours à se poser des questions sur l’origine d’Alassane Ouattara qu’ils auront, très malheureusement pour eux, à supporter peut-être pendant dix ans.) Ainsi, ils ne pouvaient imaginer, face aux Ivoiriens qu’ils veulent rendre « étrangers » sur le sol propre de ceux-ci, perdre le pouvoir pour lequel ils créèrent une crise postélectorale dont ils nient aujourd’hui la responsabilité. La situation s’est avérée plus compliquée et grave qu’ils ne l’avaient imaginée. Les ex-tenants du pouvoir d’Abidjan veulent se dédouaner des meurtres de plus de 3000 Ivoiriens avec pourtant des armes qu’ils ont achetées à coût de milliards. Pis, ils veulent faire passer les victimes pour les bourreaux, et croient fermement qu’ils réussiront cette manœuvre (le mensonge, la manipulation et la fuite en avant) qui fut pendant dix ans leur méthode de gestion préférée.
C’est la logique de déni et de négation qui régit les rapports entre la justice ivoirienne et les fuyards du FPI tapis au Ghana, en Gambie, et ailleurs. La détermination d’Alassane Ouattara de faire la lumière sur les évènements de la crise postélectorale est considérée par le FPI comme étant une décision sélective en cela qu’elle aurait dû s’étendre à 2002, année où l’ex-rébellion de Soro Guillaume attaquait le régime de Laurent Gbagbo. Bien sûr, il faudra inclure cette période dans les investigations. Mais, il va falloir remonter davantage dans le temps, c’est-à-dire repartir à la période de 1999- 2000 où tuer a commencé à être normal et à devenir un fait banal en Côte d’Ivoire. La mauvaise nouvelle pour le FPI est que les investigations de cette période vont la perdre. Le charnier de Yopougon en 2000, les meurtres des Malinkés et des ressortissants étrangers en 2002 (donc les escadrons de la mort) sous prétexte que ceux-ci étaient de connivence avec Soro Guillaume, les meurtres de manifestants RHDP et de personnes supposées comme tels en mars 2004, les assassinats de musulmans avant et pendant la période électorale, et enfin les meurtres de la période postélectorale, sont autant de crimes de sang qui rendront la vie misérable aux ex-dirigeants du pays. Le Président de la République ne pourra en rien dissuader les victimes de se faire justice s’il s’aventurait à ménager du répit pour les criminels qui veulent poser des conditions pour le retour de la paix en Côte d’Ivoire.
Ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire mérite bien la définition de génocide, ce concept que le juif polonais et Professeur de droit à Yale, Raphael Lemkin, développait pour le prêter aux Nations Unies dans les années 1943 lorsqu’il décelait dans le pogrom hitlérien en Allemagne les mêmes traits que ceux de l’extermination des Arméniens par l’Empire Ottoman (aujourd’hui la Turquie) en 1915. C’est bien à cause de leur appartenance ethnique et de leur religion que certains Ivoiriens ont été exécutés à Abidjan et à ailleurs dans le pays. Ceux qui ont été massacrés à l’ouest de notre pays, avant l’arrivée des forces de Soro Guillaume qu’Alassane Ouattara rebaptisait plus tard pour faire ombrage à Gbagbo militairement, obéissaient à une consigne d’extermination donnée par les cadres de la région qui les avaient armés. Il faut avoir le courage de toucher la plaie pour en connaître la gravité. Ces mêmes miliciens avaient envahi Abidjan et y ont commis des crimes de sang incroyables. Brûler des Ivoiriens à cause de leur patronyme, tuer des religieux à cause de leurs noms malinkés, incendier leurs lieux de prières, parmi tant d’autres, sont des actes qu’ils ont commis pour dit-on imposer Laurent Gbagbo malgré sa défaite aux élections de novembre 2010. Ceux qui ont armé ces jeunes de l’ouest ainsi que les étudiants de la Fesci au campus de Cocody à Abidjan et les jeunes désœuvrés de la « Sorbonne » « milicianisés » et délocalisés à Yopougon, devront avoir le courage d’affronter les conséquences de leurs actes hitlériens. Hitler a exterminé les juifs, et en Côte d’Ivoire LMP voulait exterminer les Malinkés et les Musulmans pendant la crise postélectorale. Il aurait réussi sa sale besogne n’eût été la présence des FRCI aujourd’hui brocardées par les bourreaux des mois derniers. Ceux d’entre les personnes responsables de ces crimes se trouvant en exil devront rentrer et répondre de leurs actes. Ceux qui sont déjà sur le sol natal s’apprêtent à assumer leur responsabilité civile et pénale. Il n’en devrait pas être autrement pour les exilés. Car c’est bien cela qu’on appelle « être garçon pile », et le reste c’est de la pleutrerie éhontée. Le discours de réconciliation d’Alassane Ouattara ne pourra point les sauver. Les conditions qu’ils croient poser à l’État de Côte d’Ivoire avant de rentrer sont inacceptables. Lazare Koffi, Katina Koné, Gnozié Ouattara, parmi tant d’autres membres du FPI et de LMP, demandent la libération du couple Gbagbo et des prisonniers civils et militaires pro-Gbagbo avant de rentrer dans la République comme si rien ne s’était passé. Ils n’expriment aucun regret, aucune compassion pour leurs nombreuses victimes, et pire, comme pendant le massacre des femmes d’Abobo, ils narguent les familles éplorées en se transformant en victimes. Voilà le degré de l’insouciance des exilés FPI. Pour donner de la contenance à leur posture, les exilés se donnent pour porte-voix des personnes dont les patronymes ne sont pas différents de ceux que l’on retrouve au pouvoir à Abidjan. Ainsi, ce sont Koné Katina, Moussa Touré Zéguen, Coulibaly Gervais, Gnonzié Ouattara, et Lazare Koffi Koffi qui tonnent et détonnent à partir du Ghana. L’on pourra débusquer ici le prisme tribaliste à travers lequel le FPI a toujours vu les réalités en Côte d’Ivoire.
Ainsi Lazare Koffi Koffi, cet acolyte de Gbagbo qui s’impose l’exile, rêve debout en croyant que Laurent Gbagbo s’en tirera à bon compte. Koffi Koffi capitalise sur une probable implication d’Alassane Ouattara dans les crimes de sang avérés et commis par le clan Gbagbo, et ce avec l’onction de l’ancien président. Si Gbagbo, qui fit confiance à la CEI dirigé alors par Honoré Guié pour se proclamer Président envers et contre le Conseil constitutionnel en 2000, faisait confiance à la même Cei en 2010 car plus crédible et représentative de la diversité politique de notre pays, nous n’en serions pas là. Les bienpensants ne comprennent pas pourquoi il se veut constitutionnaliste en 2010 alors qu’il rejetait les décisions du conseil constitutionnel en 2000. Selon Koffi Koffi, « Ouattara ne fera jamais juger Gbagbo par la Cpi (…) parce que le faisant, il s`exposera lui-même à des poursuites internationales ainsi que tous ceux qui l`ont soutenu c`est-à-dire Bédié, Soro, Mabri, et autres. Ainsi que tous les chefs de guerre. Envoyer Gbagbo devant la Cpi, c`est se faire hara-kiri. (…) S`il accepte de faire juger Gbagbo par la Cpi, ce dernier poursuivra immanquablement Soro, ainsi que les chefs qui ont tué en son nom. Ouattara se gardera bien de présenter Gbagbo devant la Cpi » (source : connectionivoirienne.net). Koffi Koffi devra redescendre sur terre, et se rendre à l’évidence que les victimes de la crise pré- et postélectorale ne permettront pas à Alassane Ouattara de faire ce cadeau indu à Laurent Gbagbo parce que l’homme aujourd’hui inculpé ne le mérite pas.
De plus, le FPI cum LMP croit en un éventuel retour de Gbagbo aux commandes. Dans l’interview que Lazare Koffi Koffi accorde à Soir Info au jour du 21 juin 2011, il nous apprend que « tout le monde », à entendre par là LMP, sait que Gbagbo a gagné les élections. Comme tout LMP, il dit : « Je n`ai jamais senti la fin de notre régime et même encore aujourd`hui, je crois en sa survie. Car tout le monde le sait, Gbagbo n`a pas perdu les élections ». Koffi Koffi est dans l’obscurité. Ceux qui ont un modicum de jugeote savent que le régime de Gbagbo est rangé dans les casiers du passé, car justement « tout le monde raisonnable » s’est ligué contre Gbagbo pour ces mêmes joutes électorales dont il voulait ridiculiser les résultats. La majorité peut bien être dans l’erreur pour ce qui est de l’opinion. Cependant, s’agissant du choix électif en démocratie, même si celle-ci tend vers la raison des plus nombreux (une dictature en soi, d’où le paradoxe de ce legs grec), la majorité a bien raison. 54% des Ivoiriens, selon la seule structure habilitée à donner le verdict des urnes en Côte d’Ivoire (la Cei), ont choisi Ouattara pour cinq ans (peut-être renouvelables). Ce nombre ne peut pas être absolument dans l’erreur. C’est pourquoi le rêve « malachite » de Koffi Koffi ne se réalisera pas en Côte d’Ivoire. Car Dieu (le Seigneur des mondes, le Connaisseur des secrets de conscience, et Celui à qui Iblis ou le Satan croit s’opposer), et enfin Celui que les pauvres et les faibles connaissent, et qui les soutient de façon infaillible, ne pouvait laisser la gestion de notre pays entre les mains de ceux qui ont pu banaliser la sacrée vie humaine en tuant d’autres Ivoiriens pour délits de faciès et de patronymes. Ces criminels et sanguinaires veulent se dépeindre en victimes aujourd’hui, et ce de manière éhontée. Malheureusement, la douleur des vraies victimes est fraîche, et grande est leur vigilance par rapport aux pratiques de diversion et des manœuvres de déstabilisation de la Vérité par le FPI/LMP.
Également, Gnonzié Ouattara, celui qui s’affuble de titres ronflants tels « Ministre de la communication dans le gouvernement sortant (sic) du Président Gbagbo », « Secrétaire Général du RPP en exil au Ghana » (alors que Fologo son patron est à Abidjan), et « Membre de L M P », ne dit rien de différent de ce que la fabrique d’idéologies du FPI nous sert. Voilà ce que Gnonzié Ouattara exige après sa campagne contre la presse pro-démocratie, contre le Conseil national de la presse (CNP) : « Certes le Président Alassane Ouattara a fait la promesse que son gouvernement entreprendra ce qui est nécessaire pour la sécurité des exilés de retour. Mais le meilleur gage de sécurité qu’il puisse offrir aux exilés, et les motiver á rentrer au bercail, c’est incontestablement la libération de tous ceux qui croupissent actuellement dans les geôles disséminées sur toute l’étendue septentrionale de la Côte d’Ivoire. » En somme, Gnonzié Ouattara demande, comme Koffi Koffi, la libération de ceux qui ont participé comme lui à la forfaiture de Gbagbo à travers les atteintes à la sûreté de l’État, l’entorse au processus démocratique, et l’assassinat de civils aussi bien à Abidjan et dans les villes et hameaux acquis à la cause ultranationaliste du FPI qu’ailleurs dans le pays. Cette demande est irrecevable pour la simple raison que nous aspirons à en découdre avec l’impunité contre les délits, a fortiori les crimes de sang et les crimes économiques qu’ils ont commis. C’est le gage de la Véritable Refondation de notre pays, c’est-à-dire une rupture d’avec les pratiques grégaires naturalisées pendant les dix de règne du FPI.
Les lmpistes terrés à Accra donnent de la voix de manière à nous pousser à moins de compassion et de tolérance à leur égard. Ainsi, tel celui qui requiert la libération d’un voleur pris la main dans le sac, et comme pour légitimer l’impunité que le FPI a érigé en modus operandi et modus vivendi, Katina Koné, le casseur de la BECEAO, ne dit rien de différent. Sur RFI, une de ces chaînes étrangères qu’ils ont interdites pendant des mois, le bombardé porte-parole de Gbagbo demande la libération de son gourou. Pour lui, « L`essentiel, c`est que le président Gbagbo soit libre de ses mouvements quitte à ce que justement un débat franc soit ouvert et engagé sur la possibilité de la réconciliation réelle en Côte d`Ivoire et les modalités de cette réconciliation. Si effectivement, cela doit passer par un abandon de poursuites, ça va passer par un abandon des poursuites ou si ça doit passer par une vérité, ça passera par une vérité saine et sincère. Mais, nous estimons que dans une telle situation, il est bon que les deux protagonistes se parlent. (…) On n`est pas en exil quand on n`a rien à se reprocher (…). Ils sont là-bas parce qu`ils ont peur d`être arrêtés. » Traduction : « libérez Gbagbo pour que se fasse la réconciliation », même qu’il sait que Gbagbo est fautif. Ne dit-il pas ceci : « On n’est pas en exil quand on n’a rien à se reprocher » dit-il. Tant mieux. C’est pourquoi, lui et les autres « faiseurs de bouche » (comme le Français populaire ivoirien résume si bien la catégorie des couards qu’ils sont) devront retourner au pays, demander pardon au peuple de manière solennelle, et se mettre à la disposition de la justice nationale, et internationale le cas échéant. C’est tout ce qu’on leur demande, et Charles Konan Banny, le Président de la CDVR l’a dit à Abobo-Gare : « Ceux qui ont commis ces actes ont l’obligation de les reconnaitre, de se repentir et dire qu’ils ne répéteront plus ces actes ». La Côte d’Ivoire nouvelle adviendra suite à l’éradication de l’impunité contre tout genre de crime, et le FPI ne peut demander le contraire au pouvoir d’Abidjan.
La dynamique actuelle impulsée par le nouveau contexte et les personnes qui gèrent celle-ci ne peut pas donner suite favorable aux requêtes qui fusent d’Accra, en territoire ghanéen. Hier, les ONG internationales demandaient que l’État de droit advienne en Côte d’Ivoire en condamnant le fait que certains membres de la nébuleuse LMP soient en résidence surveillée ou écroués. Lorsque l’inculpation tant attendue tombe, les mêmes et leurs interfaces locaux accusent. Gouaméné Hervé, avocat de l’inculpé Gbagbo, estime que « c’est un recul considérable de l’État de droit en Côte d’Ivoire (car) cette inculpation est prise en violation de la Constitution, des lois ivoiriennes et des droits de la défense. Laurent Gbagbo n’est pas un justiciable ordinaire au regard de la loi portant statut des anciens chefs d’État.». Des observations s’imposent ainsi. D’un, ce que les spécialistes des manœuvres juridistes considèrent comme étant un recul de l’État de droit est bien meilleur que l’État de nature dans lequel les dix de gestion du FPI a plongé la Côte d’Ivoire. Tuer est devenu un jeu depuis 2000. Ainsi, les actes des Dogbo Blé en 2010 ne pouvaient en aucun cas être interprétés comme inhumains et barbares puisque le FPI les avaient naturalisés et légitimés. L’inculpation des bourreaux est une conséquence de notre retour à l’État de culture, fusse-t-il originellement théorique. De deux, nous savons que même si la loi de 2005 prévoit une procédure spéciale d’inculpation pour l’ex- Chef de l’État, il n’en demeure pas moins que cette même loi permet l’économie de cette procédure spéciale pour des actes répréhensibles commis pendant les élections. Celui qui observe les faits et gestes des ex-dirigeants de notre pays se rendra compte que la procédure n’a pas et n’a jamais eu de valeur à leurs yeux. Ce sont les mêmes qui parlent de procédure aujourd’hui qui ont encourageaient le régime de Gbagbo à inculper Adjoumani Kouabénan, cet ex-député de la neuvième législature dont l’immunité n’avait pas été levée. Anaky Kobéna, ex-député (membre de la neuvième législature comme Simone Ehivet Gbagbo) a été mis aux arrêts par la DST le 20 mars 2009 sous prétexte qu’il tenait des propos séditieux. Nos légalistes du FPI n’ont pas invoqué la soi-disant immunité qu’ils choient soudainement lorsqu’il s’agit que l’ex-Première dame. C’est cela la mauvaise foi des juristes de ce parti. En tout état de cause, si cette inculpation est une entorse aux lois constitutionnelles, nos seuls sérieux constitutionnalistes, qui se sont gardés du légalisme creux des LMP – Ouraga Obou un juriste de gauche et proche du FPI ainsi que Francis Wodié –, feront acte utile pour dire le droit.
De trois, ce qui est lamentable ici c’est le choix que l’homme Gbagbo a fait en banalisant la fonction présidentielle parce que la gestion de la République était conçue comme une affaire de village. L’État c’est le village, ce qui est plutôt l’exemple patent du recul de la démocratie et de l’État de droit en Côte d’Ivoire. Sauf les malhonnêtes, ceux qui n’éprouvent aucune honte à mentir – malheur à ceux-là ! – peuvent nous dire que la Côte d’Ivoire a connu un iota de gloire, de lustre avec l’avènement des Refondateurs. Notre pays n’a jamais été aussi au plus bas de l’échelle des nations. La banalisation de la fonction présidentielle a pour conséquence l’auto-banalisation. Le Président de la République selon notre loi fondamentale est un organe qui se respecte pour qu’il soit respecté à son tour. Or n’importe qui avait l’entrée facile au Palais ; Le verbe de l’ex-Président n’était pas soigné. Tout ceci rendait ordinaire celui que Me Gouaméné veut rendre extraordinaire. Les Judéo-Chrétiens, les Arabo-Musulmans avec eux, disent que celui qui sème le blé ne récoltera que du blé. C’est une vérité scientifique ou naturelle très élémentaire. C’est pourquoi faire fi des appels à la raison et à l’humilité a été une erreur gravissime chez l’ancien Chef de l’État. Il aurait pu maintenir le respect qu’on avait pour lui, c’est-à-dire celui du challenger alpha et omega d’Houphouet-Boigny, de celui par qui le multipartisme a été restauré dans notre pays. Le Dieu d’Israël qu’invoquent les Évangélistes pro-Gbagbo qui ont voulu transformer le débat issu des joutes électorales en questions religieuses en prenant d’assaut la Place de la République avant le 11 avril 2011, le Dieu des Musulmans, le Dieu auquel les dieux intermédiaires des Bossonistes permettent d’accéder, n’aime pas l’Orgueil et l’Outrance, ces deux choses qui ont perdu les Refondateurs. Avec morgue et suffisance inqualifiables, Gbagbo a pu dire au mois de décembre 2010 que « Ouattara et tous ceux qui le suivent ne seront jamais rien en Côte d’Ivoire ». Il se prenait alors pour le Chef Suprême des Cieux et de la Terre, le détenteur du titre foncier de la Côte d’Ivoire. Parce qu’il signait des décrets ! Il faut qu’ils s’en prennent à eux-mêmes. « Ils ont cherché, et ils ont trouvé » dira l’Ivoirien de la rue aux formules pertinentes.
Clairement, la nouvelle trouvaille au FPI/LMP consiste à distraire les Ivoiriens. Cela n’impactera personne à part eux-mêmes LMP nourris à la sève prophétique de Malachie qui vivent dans un monde autre que le réel. Il est plus que nécessaire de répéter que tous veillent au grain pour que le Président Ouattara ne fasse pas de faveur aux criminels sous prétexte que nous devons nous réconcilier. Car, comme l’a dit le Cheikh Fofana à Yopougon à la Mosquée de Lem, et ce dans la même veine de Charles Konan Banny, «(…) on ne peut pas se réconcilier tant que ceux qui ont fait du tort aux ivoiriens ne le reconnaissent et demandent pardon. Après, il faut qu’il y ait justice, ne serait-ce que morale. Car un dialogue qui n’aboutit pas à la vérité ne sera pas fructueux».
C’est l’occasion parfaite de dire que Konan Banny a répondu par anticipation à une requête de ceux qui lient la réussite de sa mission à la libération de Laurent Gbagbo. Boga Sako Gervais, un des invités et une vedette de « Raison d’État » de Hermann Aboah, inculpé pour sa participation à la forfaiture qui a conduit à la mort de plus de 3000 Ivoiriens, donne de la voix encore pour certainement se disculper et en croyant éviter le même sort que M. Aboah. Dans un État de droit, lui Boga Sako ne saurait continuer de jacasser parce que les Ivoiriens ont en mémoire ses faits, dires et gestes avant et après les élections présidentielles. Pour faire prévaloir les sacrés droits de l’homme dont il se veut chantre, Boga Sako serait inculpé comme ses compagnons de forfaiture qu’il défend parce qu’ayant contribué au chaos dont Côte d’Ivoire peine à sortir. Cet enseignant-chercheur en lettres modernes avait reconnu la vérité des urnes telle que prononcée par la Cei avant de se rétracter très certainement pour être en phase avec l’esprit de clan, de village et de manipulation de la Vérité au FPI/LMP. Au lieu de prétendre donner des conseils à Konan Banny, et aller jusqu’à même suggérer une visite de Ouattara à Gbagbo (chose qui dénote la légèreté de son appréhension de la gravité des actes que lui-même, M. Gbagbo et les siens ont posés du 2 décembre 2010 jusqu’en avril 2011) ce monsieur, qui jette d’ailleurs l’opprobre sur l’intelligentsia ivoirienne à l’instar de ceux de LMP, aurait pu conseiller à Gbagbo de partir calmement pour éviter le bain de sang et par conséquent l’existence même d’une CDVR à notre pays. Boga Sako voulait certainement briller sur la scène politique comme c’est le cas sous les tropiques à travers des Ong et fondations fantaisistes. Il ne serait pas trop exagéré de demander à celui qui voyait (et continue de le faire d’ailleurs) les droits de l’homme dans le prisme réduit et réducteur des LMP tant il ne s’est jamais préoccupé des exactions commises par les miliciens de Gbagbo contre les Dioulas et Baoulés (supposés tous être membres du RHDP) aussi bien à l’Ouest que dans Abidjan, de se consacrer plutôt à ce pourquoi l’État de Côte d’Ivoire le paye à chaque fin du mois. Il doit éviter d’attirer l’attention de la justice ivoirienne et de la cour pénale internationale sur lui et les autres bourreaux et victimaires des Ivoiriens. Ces deux instances sont les lieux où il devait être convoqué afin que la Justice pour les victimes, vrai gage de la réconciliation, soit servie. La vraie justice passe par l’exposition des criminels comme à Nuremberg, même si les bourreaux appellent cela « la justice des vainqueurs ». Ainsi donc, l’ « air de dictature » (sic) – comme il l’avait écrit dans sa lettre à Konan Banny sur Connectionivoirienne.net–, qui en réalité n’est qu’un élan de détotalitarisation de la Côte d’Ivoire, sera diffusé. Car il n’y avait pas pire totalitarisme dans notre pays que pendant les dix ans de règne du « frère Gbagbo ».
En somme, les vraies victimes d’Abobo, Yopougon, de Duékoué, et d’ailleurs en Côte d’Ivoire ne laisseront pas la réconciliation se faire sans que la justice se fasse d’abord. Une telle réconciliation ne fera que replonger la Côte d’Ivoire dans l’impunité que le pouvoir d’Alassane Ouattara a promis d’éradiquer. C’est pourquoi, avant qu’il ne soit tard pour les rêveurs qui se trompent d’époque, il faut arrêter de se leurrer, revenir au pays et apprendre à « être garçon ». Cependant, si le FPI persiste dans son enfantillage de l’heure, alors il faudra lui dire ce qu’il sait : avec ou sans lui la Côte d’Ivoire nouvelle est inexorablement en marche.
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