Par Ben Ismaël | L’Intelligent d’Abidjan
L’évènement politique, le plus important pour les Ivoiriens, était la remise du prix Houphouët-Boigny de l’Unesco pour la paix à Paris. Un prix reconnaissant le rôle positif du premier président de la Côte d’Ivoire, dans la recherche de l’excellence, du pardon, et de la réconciliation en Afrique, dans le monde et particulièrement en Côte d’Ivoire. Mais, dans cette belle fête d’hommage, deux réactions d’humeur politique ont fait rapidement le tour de toutes les rédactions du monde, révélant que ceux qui étaient à Paris, n’ont pas compris la vie politique de Félix Houphouët-Boigny. Pour une cérémonie d’une telle valeur universelle, comme le prix « Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix », Henri Konan Bédié sur France 24 et Alassane Ouattara sur le plateau de TF1, ont franchi le cap qu’il ne fallait pas. « Gbagbo sera jugé devant la CPI » a dit Alassane Ouattara. Et, pour Henri Konan Bédié « Gbagbo sera jugé au Tribunal pénal international ». Deux douloureuses positions politiques, surtout exprimées à l’extérieur de la Côte d’Ivoire, sont révélatrices de ce que la réconciliation entre les Ivoiriens a des sérieuses chances d’échouer. Une chose est sûre : les déclarations de Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, portant coûte que coûte, Laurent Gbagbo devant une institution judiciaire internationale ne sera pas le résultat et le bilan positif de la crise d’une dizaine d’années, qui secoue la Côte d’Ivoire. Je ne pense pas que jeter Laurent Gbagbo en prison, suffira à effacer tout ce que les Ivoiriens ont vécu depuis dix ans. Dans les déclarations de Henri Konan Bédié et de Alassane Ouattara, tous les risques sont encore contenus. Que Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, aux apparences politiques accréditées par France 24 et TF1, doivent se ressaisir. Et, moi, je ne peux pas croire, que Laurent Gbagbo soit le seul homme d’Etat, par qui, la crise ivoirienne est arrivée. Dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire, je sais qu’Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara ont chacun exercé au sommet de l’Etat de Côte d’ Ivoire. Ils ont tous les deux un devoir de réparation morale, au nom de ce qui s’est passé de 2002 à 2011, face à l’œuvre destructrice de la Côte d’Ivoire, de la vie politique ‘’d’humanisme’’ de Félix Houphouët-Boigny. Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ont tort d’adopter une ligne politique, loin de la conduite politique de leur ‘’mentor’’, Félix Houphouët-Boigny, qui a reconnu, lui-même, en juillet 1977, ses propres erreurs, après avoir emprisonné plusieurs autres Ivoiriens. C’est cela l’homme d’Etat. C’est vrai, que Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ne sont pas de véritables hommes de métier politique, mais, ils ont vu, côtoyé, Félix Houphouët-Boigny, mener le combat de dignité pour la Côte d’Ivoire. Déjà, en 1958-1959, Félix Houphouët-Boigny avait triomphé de ses adversaires politiques. Mais il a reconnu le rôle positif de l’opposition politique, à l’époque, et a tranché le débat. C’est cela l’homme d’Etat. Et si Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, se disent ‘’héritiers, ou disciples de la continuité de l’œuvre positive de Félix Houphouët-Boigny, ils devaient être aguerris à toutes les contorsions politiques et par obligation, se faire une autre image politique, qui n’est pas celle qu’ils nous présentent actuellement. Personnellement, je dirais à Henri Konan Bédié et à Alassane Ouattara de ne pas se faire pousser à la faute, par des déclarations fracassantes suscitées et encouragées par leur entourage, et accréditées par la presse. Je déplore les déclarations violentes pour les problèmes ivoiriens, surtout à l’extérieur de la Côte d’Ivoire. En toute sincérité, il n’y a pas de problème entre Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Il y a simplement une mauvaise gestion des liens politiques absurdes, par la démesure des « problèmes de personne », orchestrés par leurs militants et sympathisants, manipulés par les médias locaux et internationaux. Sinon, comment comprendre, que Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié qui ont gouverné la Côte d’Ivoire à des postes au sommet de l’Etat, l’un comme Premier ministre et l’autre Président de la République, n’ont pas la capacité, à donner encore du sens à la gestion de leur état d’âme, ou leur carrière politique. Au moment où j’écris ces lignes, jeter Laurent Gbagbo en prison, ne sera vraiment pas le bilan positif de l’œuvre gigantesque et positive, de la continuité de l’esprit de pardon et de paix, de Félix Houphouët-Boigny. Il ne faut pas banaliser le ‘’prix Houphouët-Boigny de l’Unesco pour la paix. L’histoire de ce prix d’excellence est toute une leçon… qui tient au pardon et à l’amour de l’homme pour l’homme.
Par Ben Ismaël
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