Le Patriote
A la faveur de la neuvième année du 19 septembre 2002 nous avons effectué une incursion dans l’univers des mutilés de guerre de la crise ivoirienne. Bras coupé pour certains, pied amputé pour d’autres .Comment ont-ils vécu cette situation ? Nous passons la parole à l’un d’entre eux.
Les mutilés de guerre vivant à Bouaké ont réussi à adapter leur handicape à de petites activités qui ne nécessitent pas beaucoup de mobilité. Petits commerces pour certains afin d’éviter l’oisiveté et causeries dans les grins de thé pour d’autres, pour tuer le complexe d’incapacité lié à l’absence d’un membre. C’est ainsi que se dessine le quotidien de la majorité de ceux qui sont devenus impotents à l’occasion de la crise qu’a connue la Côte d’Ivoire. Malgré leurs handicapes, ces jeunes gens dont l’âge oscillent entre 32 et 41 ans se considèrent toujours comme des soldats. Bien qu’il reste évident que l’armée n’a besoin que d’homme valide dans ses rangs, ils disent être prêts à servir encore. Interrogés sur leur sort, ils reconnaissent tous avoir bénéficié de séance de rééducation. Cela grâce à l’appui de leurs différents commandants qui leur ont offert par la suite, des prothèses
Ces ex combattants estropiés ou manchots restent alors fideles et loyaux envers leurs chefs. Selon eux, la courroie de transmission n’est pas rompue. Beaucoup ont évoqué les principes de l’armée pour justifier leur refus de déballer les circonstances de leur accident. « Un soldat ne parle pas sans l’accord de son chef » a réagi ce jeune de l’ex FDS-FN qui, apparemment, porte ses 30 ans, du haut de son 1,74 mètre, équilibré par une béquille.
A vue d’œil, son pied gauche a été sectionné en haut du genou. « J’ai perdu ma jambe lorsque Gbabgo avec ses hélicoptères MI,24 a bombardé Molokoî. J’étais tapi derrière une maison quand l’obus est tombé à quelques mètres et tout a pris feu autour de moi. J’ai eu le bas du pied totalement broyé. J’ai passé des jours dans ma cachette avec ma jambe qui s’infectait sérieusement ». Pour lui c’était le début d’une longue agonie. Mais, heureusement poursuit-il, « plus tard, j’ai été secouru, mais mon pied ne pouvait plus être sauvé il faillait le couper ». A la question de savoir comment il occupe son quotidien. Il dit devoir son occupation à la défunte structure DDR « Nous avons été les premiers bénéficiaires du programmes DDR. Mais déjà, à l’époque le commandant Chérif m’avait offert prothèse et assistance. Aujourd’hui je me débrouille avec mon petit commerce » précise-t-il.
Dans un grin du quartier Sokoura, c’est la rencontre avec le caporal L.O, où rendez-vous a été pris avec ce jeune homme de 35 ans environ Habillé d’une chemise jaune qui présente une manche se balançant dans le vide. Très disposé à échanger, mais en contre partie, il exige qu’il faut préserver son identité. Les circonstances dans lesquelles le caporal L.O a perdu son bras remontent aux premiers affrontements. « J’ai perdu mon bras pendant les combats ‘’du lundi noir’’ lorsque des soldats de Gbagbo sont rentrés par Sakassou. Et dans notre progression vers cette autre ligne de front, nous sommes tombés dans leur embuscade au niveau de la SICOGI d’Ahougnassou. C’est à cet endroit qu’une roquette a traversé notre véhicule et a emporté mon bras » a-t-il précisé. Avec un bras en moins, le métier des armes n’est plus à portée de main du caporal L.O. Il s’est alors reconverti dans la vente de téléphones portable. Avouant, qu’il reçoit par moments, des subsides de la part de son commandant qui se trouve désormais en fonction à Abidjan.
La plupart d’entre ceux que nous avons rencontrés estiment qu’ils peuvent encore servir dans bien d’autres secteurs. Pour cela, ils placent beaucoup d’espoir dans la nouvelle dynamique amorcée par la Côte d’Ivoire. C’est ce que pense Chico Guépard. . Qui a perdu sa jambe lors d’un combat à Bouaké. Cet ex chef de sécurité, du commandant Cherif, selon lui, titulaire d’un Bac série A2 et d’un BTS informatique, ne désespère pas. « J’ai perdu la jambe lors d’un affrontement qui a eu lieu ici à Bouaké. Et souffrez que je reste bref. Car si aujourd’hui je suis amputé, c’est la volonté de Dieu, Mais depuis l, je suis resté moi-même. Parce que les Forces Nouvelles sont indivisibles » a-t-il déclaré.
MAIGA Idrissa à Bouaké
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