23 morts et peut-être une vingtaine et plusieurs dizaines de blessés. Voici le triste bilan de l’attaque meurtrière qu’ont subie, le jeudi 15 septembre dernier, les populations de Tai. Cette attaque est celle d’un funeste commando d’une quinzaine d’hommes lourdement armés venus du Libéria voisin. Les villages ciblés sont Ziriglo (Guiglo) et Nigré (Grabo) des localités ivoiriennes sensées être sous la protection des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), l’armée du président Alassane Dramane Ouattara, le chef suprême. Ces tueries sont également perpétrées au nez et à la barbe d’une coalition de forces militaires. Il s’agit non seulement des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), mais aussi des forces de l’Opération des nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) et des forces françaises Licorne. les deux dernières forces sont basées en Côte d’Ivoire juste après le déclenchement de la crise en 2002. c’est-à-dire après la Table ronde de Linas Marcoussis et le réunion de Kléber en janvier 2003. La Côte d’Ivoire est rythmée depuis cette crise née en 2002 de la volonté de la rébellion des Forces nouvelles (coalition rebelle composée de Mpci, Mpigo, Mjp) par de violents affrontements, d’imposer l’ex-leader du nord Alassane Dramane Ouattara le président du Rassemblement des républicaines (Rdr) à la tête de la Côte d’Ivoire. La crise a connu son pic à l’issue de l’élection présidentielle de novembre 2010 sanctionnée par la victoire du Président Laurent Gbagbo déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel. Une victoire que n’a pas reconnue la communauté internationale amenée par la France qui s’était s’appuyée sur la certification anticipée du Représentant du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, le Coréen Yong-Jinh Choi lequel se basant sur la première étape de la proclamation des résultats (verdict de la Commission électorale indépendante (Cei), déclarait Alassane Dramane Ouattara vainqueur. Un bras de fer s’était alors engagé entre le régime légal et constitutionnel du Président Gbagbo et les forces alliées qui soutenaient l’opposant Alassane Dramane Ouattara. A l’issue de ce bras de fer, Laurent Gbagbo est arrêté, fait prisonnier, lui, son gouvernement, les dirigeants de son parti et ses proches et déportés au nord de la Côte d’Ivoire. ils s’y trouvent encore. La semaine dernière, les chefs d’Etat de la sous-région ouest africaine, de Sierra Leone, Sénégal, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Libéria et Nigeria s’étaient réunis à Abuja (Nigéria) au Sommet de Mano River. Deux jours avant l’attaque (mardi 13 septembre), à la demande des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), une rencontre des chefs d’Etat-major de la sous région avec la participation des chefs d’opération de Licorne (France), Onuci (Onu en Côte d’Ivoire) et Minul (Onu au Libéria) a eu lieu à Monrovia. Ce, en vue d’évaluer la situation sécuritaire dans la sous-région ouest-africaine. Officiellement, il s’agit de prendre des dispositions pour sécuriser les futures élections au Libéria et de garantir la sécurité aux frontières ivoiro-libériennes. Officieusement, ces différentes rencontres ont le souci de mettre sous l’éteignoir toutes les bandes armées qui pullulent la sous-région et qui constituent une menace pour chacun des régimes. Notamment l’actuel régime ivoirien qui s’en est servi durant dix longues années qu’a duré sa crise avec la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, pour arriver au pouvoir. Les anciennes recrues des ex-rebelles, ces mercenaires éparpillés dans la nature, à la solde de tout venant, continuent de constituer un vivier pour quiconque voudrait s’accaparer d’un pouvoir en Afrique de l’ouest où ceux-ci monnaient leurs services. La Libye qui est leur dernier champ de bataille est en passe d’être pacifié et cette main d’œuvre bon marché pourrait se retrouver oisive, faute de terreaux. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le président ivoirien peine à rassurer les Ivoiriens. Le danger est permanent à tous les coins de rue tant dans les grandes villes que dans les petites localités. La sécurité en Côte d’Ivoire est devenue très préoccupante selon les organisations des droits de l’homme dont les rapports successifs accablent le régime Ouattara de tueries massives. Depuis la prise du pouvoir par Alassane Dramane Ouattara, les populations vivent angoissées du fait de l’insécurité grandissante tant en interne qu’aux frontières. Si ce n’est pas sa propre armée, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) qui tue, pille, saccage, détrousse et rackette les populations qu’elle n’hésite pas terroriser quotidiennement, ce sont des mercenaires qui sévissent aux frontières. Ces derniers, habitués aux maniements des armes, ont travaillé pour les ex-rebelles du Secrétaire général Guillaume Soro actuel Premier ministre de Côte d’Ivoire avant de se retrouver désœuvrés.
Bertina Soro
Le Temps
Les commentaires sont fermés.