Par Frank Toti Source: le Nouveau courrier
Le 5 juillet dernier, le président Laurent Gbagbo a porté plainte à Paris contre l’armée française pour «tentative d’assassinat». Depuis peu, un juge d’instruction a été nommé pour piloter le dossier. La justice des vainqueurs qui prévaut en Côte d’Ivoire depuis la chute de l’ancien régime n’a pas contaminé Paris. La plainte formulée contre l’armée française par le président Gbagbo, le 5 juillet dernier, devant le tribunal aux armées, a vraisemblablement «abouti». Le dossier a été jugé recevable, avec la nomination d’un juge d’instruction qui va instruire le dossier. Son enquête permettra certainement de faire la lumière sur le véritable rôle de l’armée aux ordres de Nicolas Sarkozy- qui a tenté d’assassiner le président d’un Etat souverain, en mars et avril dernier – dans la crise postélectorale en Côte d’Ivoire.
Son conseil d’avocats, dont Me Vergès et Dumas, s’est constitué d’ores et déjà partie civile dans cette affaire qui va assurément faire grand bruit, à quelques mois de la présidentielle française de 2012. Après bien évidemment, l’affaire de «la République des mallettes». En avril dernier, pendant plus d’une semaine, l’armée française a tenté vraisemblablement d’assassiner le président Gbagbo et les siens, en pilonnant nuit et jour sa résidence. La plainte contre l’armée française n’est que la première d’une série d’actions en justice contre les autorités françaises, avec à sa tête l’actuel chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy. Pour son «action illégale en Côte d’Ivoire».
«Le Président Laurent Gbagbo a porté une plainte auprès du tribunal aux armées de Paris contre l’Armée française pour assassinat et tentative d’assassinat. La plainte régulièrement formulée a été introduite par les soins de ses avocats le 5 juillet 2011. D’autres actions sont en cours auprès des tribunaux français et internationaux. Elles vous visent directement pour votre action illégale en Côte d’Ivoire. Il est bon de rappeler qu’aucune disposition légale ni du droit interne française ni du droit international ne vous a donné mandat pour agir en Côte d’Ivoire comme vous l’avez fait. La résolution 1975 de l’Onu ne vous a jamais donné mandat pour arrêter le Président Gbagbo et le remettre à l’ennemi», avait écrit le ministre Koné Katinan, porte parole de Laurent Gbagbo, dans un courrier adressé en début de semaine à Sarkozy.
Avec la procédure en cours, l’occasion sera donnée à tous les sachants, dont des citoyens français, de révéler au monde entier ce que Nicolas Sarkozy et ses alliés tentent de cacher au monde entier. Des témoignages inédits, avec des preuves de la forfaiture de l’armée française agissant sur un ordre illégal de Nicolas Sarkozy, seront portés à la connaissance du juge d’instruction. Et on peut le dire déjà, l’instruction débouchera sur un procès qui passionnera les Africains et audelà, tous les peuples épris de liberté.
Au plus fort de la crise postélectorale, alors que la coalition internationale qui combattait s’apprêtait à lancer l’offensive sur Abidjan, la Cour de justice de la Cedeao qui avait été saisie par le président Laurent Gbagbo avait montré également son indépendance vis-àvis des politiques. La cour sous-régionale avait intimé aux chefs d’Etat, dans un arrêt, de surseoir à tout usage de la force dans le règlement de la crise, le temps pour elle d’instruire la plainte. Cette instance judicaire qui avait dit le droit dans la procédure judiciaire intenté par l’Etat ivoirien incarné par Laurent Gbagbo contre la Cedeao n’aura pas été suivie dans sa démarche.
Les commentaires sont fermés.