Ces deux localités où les violences étaient pratiquement quotidiennes sous Laurent Gbagbo se sont entièrement inscrites dans le processus de réconciliation nationale. L’on se souvient que c’est bien dans la ville de Divo, à l’occasion de l’installation de quelques 150 éléments de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) 3, que l’ancien président déchu avait, une fois de plus, affiché sa volonté de museler ses opposants. Ce jour-là, le 27 août 2010, Gbagbo a donné des instructions plus que claires à ses policiers. Morceaux choisis de ses propos qui donnent froid dans le dos et qui sont sans aucun doute, un blanc-seing à ces derniers pour casser de l’opposant : « (…) Vous êtes des policiers, vous n’êtes pas des juges. Votre rôle est de faire en sorte que la République vive… Que l’autorité républicaine vive. Vos ennemis, ce sont tous ceux qui sont contre la République. Tous ceux qui veulent installer la chienlit, le désordre. Tous ceux qui veulent troubler les élections. Battez-vous contre le désordre, contre la chienlit… Ne réfléchissez pas, ce sont les juges qui réfléchissent. Vous êtes des combattants du respect de l’ordre public. S’il y a des dégâts, les juges rétabliront tout. La République se construit avec les Forces de l’ordre, avec les forces de combat… Moi, j’ai les bras de la République. Quand le moment arrive pour que je lance mes bras, je les lance. Je vous ai envoyés ici parce que l’ordre est trop souvent troublé à Divo. Matez tous ceux qui sèment le désordre et après on réfléchira … Matez, matez, tous ceux qui sont contre la République. Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers… Votre rôle n’est pas de réfléchir comme les juges. Ce sont les commissaires qui réfléchissent à votre place… Vous, votre rôle, c’est de mater, de mater… Mon père m’a dit, quand tu es dans l’armée tu ne dois pas réfléchir trop, tu dois taper, taper. Le policier ne doit pas réfléchir… Il doit taper et s’il y a des erreurs, s’il y a des problèmes nous allons arranger… Je vous ai envoyés ici à Divo pour que ceux qui sont contre la République soient tapés, soient matés. Pourquoi il y a toujours des troubles? Je vous ai envoyés ici pour mettre fin à ces troubles», a dit Laurent Gbagbo, aux policiers de la Crs de Divo, en présence d’un public moyen (…)» La suite se passe de commentaires. La CRS 3 basée dans cette localité a bien suivi ces consignes en matant n’importe quand et n’importe comment. Elle en a fait voir des vertes et des pas mûres aux populations. Quant à Lakota, la cité de l’éléphant, l’on se rappelle comment une banale affaire de gestion de la gare routière plus connue sous le nom de ‘’carrefour Lakota’’ s’est transformé, un jour du 12 janvier 2011, en un affrontement inter-ethnique faisant plus d’une douzaine de morts dont une dizaine dans les rangs de la communauté malinké. Lakota et Divo ont donc payé un lourd tribut à la crise. Mais, les populations ont accepté de se pardonner. Autochtones et allogènes vivent aussi bien en ville que dans les villages en parfaite symbiose. Les militants et autres sympathisants de Gbagbo ayant compris, comme nous l‘explique un jeune homme qui se dit pro-Gbagbo que «la Côte d’Ivoire a désormais un nouveau président».Une organisation est entrain de se mettre en place dans les deux villes et des missions de bons offices ont sillonné les quartiers et les villages pour ramener la paix. «Tout se passe bien», reconnaît un habitant de la cité du Djiboua, qui se dit en sécurité depuis un certain temps: «En tout cas, moi je ne milite pas dans un parti politique, mais mes parents qui sont foncièrement LMP reconnaissent que la paix est de retour dans la ville»
YMA
Daloa : La réconciliation, une réalité selon les populations
Docteur Francis Yako (Président des ressortissants CEDEAO) : La Côte d’Ivoire renait
La réconciliation se déroule bien. Mais à mon sens, elle doit allée vite. Au niveau des ressortissants CEDEAO, notre souhait le plus ardent, c’est que la paix revienne rapidement antre les Ivoiriens. Nous avons initié un programme sur la radio locale qui appelle les uns et les autres à faire la paix. Beaucoup de dégâts ont été constatés dans des villes comme Duékoué, Issia, Bonon et bien d’autres aux alentours de Daloa. Mais ici, les gens ont su surmonter leurs douleurs et leurs différends pour recommencer à se donner la main. Les populations ont commencé à comprendre que sans paix, il ne peut y avoir de développement. Lentement mais sûrement, la réconciliation est entrain de s’imposer et de s’inscrire dans les sentiments et les habitudes..
Nahounou Semian Gabriel (Chef de terre de Daloa) Le président de la République a vu juste
Mes prières vont à l’endroit du président de la République Alassane Ouattara qui a vu juste dès son arrivée au pouvoir en mettant sur pied, la commission Dialogue, vérité et réconciliation. Nous ne pouvons que saluer cette initiative. Au niveau de Daloa, le comité de veille dont nous faisons partie en notre qualité de garant des traditions, a permis de régler beaucoup de différends entre les populations autochtones, allochtones et allogènes. C’est vrai que certains de frères Bété ont encore peur. Au plan sécuritaire les choses rentrent petit à petit dans l’ordre. Daloa est une terre de rencontre, un creuset de plusieurs ethnies, tel que nos ancêtres l’on voulu. C’est l’ensemble, Bété et Dioula qui ont créée Daloa. La paix n’a jamais fui notre cité. Et nos différends, nous sommes en train de les surmonter pour un retour définitif à la paix sans laquelle aucun pays ne peut se développer. Nous saluons le chef de l’état qui a pensé avant tout, à réconcilier les Ivoiriens.
Zrango Dénis (Chef central de la communauté Dan) Notre message de paix a été entendu
La Côte d’Ivoire sort d’une crise profonde. Et en tant que responsable de communauté, nous pouvons que nous féliciter de cela. Il y a toujours des malentendus entre les hommes. Mais c’est notre capacité à surpasser nos palabres et nos méfiances qui nous confère notre caractère d’humains. La réconciliation s’impose aux Ivoiriens. Et aujourd’hui, cette dynamique est en marche. Les ennemis d’hier recommencent à se parler, et la vie a véritablement repris son cours normal. C’est difficile aujourd’hui d’entre quelqu’un invectiver son camarade en le qualifiant d’étranger ou d’Ivoirien de circonstance. Nous demandons chaque fois que nous nous réunissons avec nos compatriotes de s’inscrire résolument dans la ligne droite tracée par le président Alassane Ouattara. Et notre message semble avoir été entendu. Daloa a pris sa place dans le train de la réconciliation et de la paix, et nous nous en réjouissons.
Méité Aboubakar (Président des commerçants) Les Ivoiriens ont compris
Beaucoup d’avancées ont été constatées. La peur s’éloigne petit à petit des esprits, mais il va falloir poursuivre les rencontres de sensibilisation. Nous avons beaucoup d’espoir vu le déroulement actuel des choses. Ailleurs dans d’autre pays, la reconstruction a pris beaucoup plus de temps. Les Ivoiriens semblent avoir compris le bien-fondé du retour à la paix et cela nous réjouit en tant que commerçants. Parce que sans paix, il ne peut y avoir de développement.
Goué Gbeu Denis (Sous-préfet de Zaibo) La vie dans les sous- préfectures a repris
Nous avons eu l’avantage de rester avec les populations dans notre localité durant toute la durée de la crise. Aujourd’hui, nous nous réjouissons de constater que nos actions ont porté. Les populations qui se sont réfugiées pendant longtemps en brousse de peur de représailles sont pour la plupart revenus chez elles. La vie a repris son cours normal même si quelques difficultés subsistent encore. Les comités de veille que nous avons mis en place, sur instructions du préfet de région, fonctionnent à plein temps. Comme l’a souhaité le chef de l’état, autochtones, allochtones et allogènes, semblent à nouveau disposés à vivre ensemble. Et c’est cela notre satisfaction en tant qu’autorité.
D. Konaté
Le Patriote
Commentaires Facebook