Paris – Invité d’honneur de la cérémonie de remise du Prix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix à l’Unesco à l’association argentine Les grands-mères de la Place de Mai, Me Abdoulaye Wade a souligné tout son attachement à cette distinction. Ce fut également l’occasion pour le président de revenir sur la situation post crise électorale en Côte d’Ivoire, avant de lancer un appel à la parité homme-femme.
« Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants, mais l’indifférence des bons ». C’est en reprenant cette célèbre phrase de Dr Martin Luther King que le président Abdoulaye Wade termine son allocution, lors de la remise du prix. Invité de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (Unesco), le chef de l’Etat sénégalais a été vivement applaudi tout au long de son discours par une forte délégation sénégalaise présente dans la capitale à Paris. Cette cérémonie s’est déroulée en présence des présidents Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie, mais aussi de Cristina Frenandez Kirchner, présidente de l’Argentine, pays de la lauréate 2011.
Le prix Houphouët-Boigny pour la paix 2011 est revenu à l’association Les grands-mères de la Place de Mai, représentée par sa présidente, Estela de Carlotto.
Fondée en 1977, elle symbolise la lutte contre la dictature militaire en Argentine entre 1976 et 1983. Les grands-mères de la Place de Mai ont permis les retrouvailles avec des membres de leurs familles kidnappés lors de la dictature de Jorge Raphael Videla. L’Ong pour la défense des droits de l’Homme a ainsi rendu leur identité à 105 enfants d’opposants adoptés pendant la dictature, sur 500 cas estimés. Ce qui fera dire à Mme Irina Gueorguieva Bocova, directrice générale de l’Unesco, « qu’on ne peut pas bâtir un Etat de droit sur l’impunité ».
Houphouëtiste avant l’heure
« Subir et se taire, c’est conforter le tyran dans son impunité », a également dit le président Wade qui est revenu, tout au long de son discours, sur la portée du mot paix. Il a tenu à saluer la présence d’Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie, parrain du prix Houphouët-Boigny. « Un homme qui est l’émanation même de la culture de paix, une culture bien sénégalaise », précise le chef de l’Etat à propos de l’actuel Secrétaire général de l’Oif. Le président Wade a rappelé le courage et le mérite de l’association Les grands-mères de la place de Mai. « Ma présence n’a d’autre sens que de vous témoigner mon soutien ». La cérémonie de remise du prix Houphouët-Boigny pour la paix a été l’occasion pour le président de revenir sur justement la voie de la paix en Côte d’Ivoire. Outre la présence d’Alassane Dramane Ouattara, il a salué celle d’Henri Konan Bédié qui « veille sur l’héritage de Félix Houphouët-Boigny »
La parité, un critère de paix
Me Wade n’a pas manqué de rappeler qu’il fait partie des Houphouëtistes : « j’ai été son disciple dans mes jeunes années, quand j’étais secrétaire général du Rda, l’association des étudiants africains de France. Nous l’appelions le doyen Houphouët. Il me prodiguait des conseils comme Socrates avec ses élèves ».
La Côte d’Ivoire a réussi à sortir de la crise postélectorale et elle « fête désormais la paix tous les 15 novembre », comme l’a rappelé celui que ses nombreux partisans, présents également au siège de l’Unesco à Paris, appellent affectueusement Ado. « Economiste et financier de talent, il a sorti son pays de l’ambition et de la folie de l’homme », a déclaré Me Wade qui a renouvelé sa confiance à Alassane Dramane Ouattara pour remettre la Côte d’Ivoire sur le chemin du développement.
Enfin, avec l’exemple de Estela de Carlotto et des Grands-mères de la place de Mai, le président sénégalais est revenu sur la dimension de la parité dans le développement et la recherche de la paix dans un pays. « C’est le lieu de reconnaître que les femmes réclament partout l’égalité, comme c’est le cas au Sénégal. C’est pourquoi j’ai établi la parité absolue dans toutes les fonctions semi-électives ou électives. Subir et se taire c’est conforter le tyran dans son impunité », a t-il conclu.
Moussa DIOP (Correspondance particulière)
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