Les populations du canton Zabia (Gagnoa) avaient, le dimanche 11 septembre dernier, en face d’elles, Guehi Brissi Lucas, préfet hors grade et secrétaire de l’Assemblée nationale. Autour d`une causerie – débat sur le thème « Démocratie, paix et développement » qui a eu lieu à Logobia, ce cadre du Fpi et proche collaborateur de Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale, a abordé différents sujets de l’actualité.
Guehi Brissi a commencé par la crise politique qui a sécoué la Côte d`Ivoire pendant plusieurs années. Il a relevé sur ce point que les Ivoiriens ont obtenu le multipartisme et non la démocratie. « Nous n’avons pas eu de démocratie ni la paix pour aller au développement », a-t-il regretté. Pour étayer ses propos, il a soutenu que « si la démocratie, c’est la volonté du peuple par le peuple, on aurait respecté le choix du peuple qui a été Laurent Gbagbo, aux dernières élections présidentielles. Ce qui nous aurait fait l’économie de la guerre actuelle ». Poursuivant, le Sg de l`Assemblée nationale a appelé les militants du Fpi à reprendre le combat là où l’ont laissé les responsables de ce parti. « Je suis venu vous dire que nous devons nous réveiller et nous mettre au travail. Si on ne prend pas de risque, on aura une paix biaisée. Portez vos tee-shirts pour que les autres sachent que nous sommes débout. Le Fpi a été créé dans les difficultés à Dabou et c’est dans les difficultés que nous sommes arrivés au pouvoir en 2000 », a-t-il martelé.
Sur la question des législatives qui a également retenu son attention, le préfet hors grade, Guehi Brissi, a insisté pour que « le Fpi joue son rôle naturel qui est de lutter pour l’avènement d’une société démocratique, même si ce combat a pris une autre allure ». En clair, selon lui, il n’est pas question que le Front populaire ivoirien renonce à participer aux législatives, malgré les difficultés du moment, sinon ce serait le retour au parti unique. Mieux, il préconise que La Majorité Présidentielle (Lmp) serve de contre-pouvoir. «Ce n’est pas le moment de baisser les bras. C’est parce que les temps sont difficiles que nous devons nous battre et participer à ce combat pour l’avènement d’une nouvelle société démocratique. C’est pour cela que je dis qu’il faut aller aux élections. Je suis d’accord avec la direction du parti pour qu’un minimum de conditions soient créées, mais entre-temps, il faut se préparer. Le pouvoir ne se décide pas pour les autres, mais par rapport à ses propres intérêts. Le Fpi a perdu le pouvoir d’Etat, mais à une seconde chance avec le pouvoir politique qui est l’Assemblée nationale. Si le Rhdp est seul à l’Assemblée nationale, on revient au parti unique. Je reste convaincu que si le Fpi participe, il ne sera pas ridicule malgré les difficultés du moment.En 1990, lorsque le Fpi avait 03 députés, il a fait bouger l’arbre politique ivoirien. Après, il s’est retrouvé avec 13 députés et la lutte devenait de plus en plus intéressante. L’histoire est là pour l’enseigner », a-t-il rappelé.
Autre point abordé par M. Guehi Brissi, la question de la réconciliation nationale. Sur ce volet, sa solution pour rompre définitivement avec la spirale de violences qui mettrait également à l’abri les générations futures, serait d’impliquer tous les acteurs de la crise. « La réconciliation est un long processus. Il faut y entrer et faire participer tous les acteurs. Ce serait une réconciliation biaisée sans y associer le président Laurent Gbagbo. Il faut qu’il nous dise sa part de vérité et au-delà, les autres acteurs. Mettons de côté nos sentiments personnels des uns contre les autres ». Se référant au schéma sud-africain, Guehi Brissi Lucas préconise que les 04 grands leaders ivoiriens (Gbagbo, Bédié, Ado et Soro) « s’assaillent pour parler ». « En Afrique du Sud, Mandela qui était en prison est sorti pour dire sa part de vérité. Il a fallu qu’il sorte de la prison pour que les discussions aient lieu. C’est ce qui a débouché sur une société que nous envions tous en Afrique. Donc, si nous voulons copier, il faut copier ce qui est bon. Cela demande que chacun fasse un peu de sacrifice sur son propre sentiment. Si Gbagbo est en prison, ses partisans ne pourront pas s’ouvrir véritablement à la réconciliation ».
Dernier point abordé par le Sg du Parlement, la démission du N°3 du Fpi, Mamadou Koulibaly, et le soutien que lui aurait apporté M. Guehi Brissi. Le conférencier du jour a réfuté en bloc toutes les accusations portées contre lui quant à son éventuel départ du Fpi avec le président Mamadou Koulibaly, avec qui il collabore depuis 2005. « Je respecte les convictions du président Koulibaly, je ne suis pas obligé de le suivre et il n’est pas obligé de me consulter. Il a créé son parti mais dans l’administration, chacun fait son travail. Depuis qu’il a créé son parti, lui et moi ne parlons plus politique. Nous ne sommes plus dans la même maison. On a les mêmes idées, mais on n’est pas dans le même parti politique. On se connait depuis 2005. Ce n’est parce que je travaille avec lui et qu’il a changé de parti que je dois le suivre. Qu’on arrête de raconter n’importe quoi, c’est trop facile. C’est comme si je n’avais pas une personnalité propre. Je ne suis pas un suiveur et je ne serai jamais un suiveur », a-t-il conclu.
Venance KOKORA à Gagnoa
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