Les nouvelles autorités oeuvrent ardemment pour l’organisation des législatives prévue selon leur calendrier pour la fin de l’année, alors que perdure un climat de terreur et de peur. Comme si leur objectif inavoué reste l’exclusion implicite de l’opposition des prochaines élections générales.
Le partage du gâteau est loin d’être terminé en Côte d’Ivoire. Après le partage des postes ministériels, des postes d’Ambassadeurs, de directeurs centraux et généraux et de Pca entre les alliés du Golf Hôtel, reste désormais le non moins négligeable «partage » de postes législatifs. La coalition de partis politiques et de mouvements armés, arrivée au pouvoir le 11 avril dernier, grâce à l’intervention militaire des forces françaises et onusiennes, n’entend pas s’arrêter en si bon chemin dans le verrouillage de tout le système politique. Leur prochain forfait, les élections législatives. Ouattara et Soro mettent vraisemblablement tout en oeuvre pour faire main basse sur l’Hémicycle.
C’est connu de tous, des élections législatives organisées de manière transparente et démocratique, ils n’en veulent pas. Encore moins de voir une participation massive de l’opposition incarnée par l’ex-parti au pouvoir, le Fpi. Ce scénario est loin d’être inscrit sur les tablettes du pouvoir actuel. Et le Premier ministre de Ouattara,
Guillaume Soro, ne se gêne pas pour l’exprimer. Comme le week-end dernier à Bouaké. «Des cadres des Forces nouvelles peuvent servir à l’Assemblée pour enrichir les débats de l’Assemblée nationale. Pour enrichir la coloration de l’Assemblée. Maintenant comme nous ne sommes pas un parti politique, nous verrons avec nos ainés, Bédié et les autres quelles sont les places qu’ils peuvent nous faire dans cette assemblée. Évidemment je ne m’adresse pas au Fpi (rire) parce que je ne suis pas convaincu que ce soit la bonne adresse», nargue l’ex-chef rebelle. Et de déclarer qu’avec les alliés du RHDP, les Fn auront leur place à l’Hémicycle.
Dans une plaisanterie de mauvais goût, Soro trahit encore un secret, à savoir que le pouvoir actuel n’est pas très enclin à une participation du Fpi aux prochaines législatives, pour éviter des surprises de dernière minute. Surtout que le Docteur «ès Solutions», Alassane Ouattara tarde à offrir des solutionsmiracles à la situation désastreuse que vivent les Ivoiriens. Ainsi, tout est mis en oeuvre pour empêcher une participation de l’ex-majorité présidentielle aux prochaines législatives. Reconduction de la Cei version Youssouf Bakayoko, avec un dosage et une forte coloration Rhdp de la Commission électorale. Le Rdr (y compris les représentants du président de la République et du ministère de l’Intérieur) et son appendice les Forces nouvelles se taillent la part du lion dans la Cei, ensuite viennent le Pdci, le Mfa, l’Udpci et le néo-Rhdp, le Pit. Avant la présidentielle de 2010, l’ex-opposition était déjà majoritaire à la Cei. On parlait à l’époque de les mettre en confiance. En 2011, désormais au pouvoir, le Rhdp et ses satellites phagocytent littéralement la Cei, malgré les observations sommes toutes légitimes du Fpi et de la société civile.
Le problème sécuritaire, le talon d’Achille du pouvoir Ouattara n’arrange pas les choses. Un climat de terreur et de peur généralisée a pris pied sur l’ensemble du territoire et principalement dans les zones réputées favorables à Laurent Gbagbo. Il ne se passe quasi pas de jour sans que des faits d’exactions et de terreur sur les populations perpétrés par les éléments des Frci, pour la plupart toujours «incontrôlés» selon le langage gouvernemental qui sied, ne soient rapportés. Une situation qui maintient les populations dans une torpeur chronique. L’ouest du pays est toujours vidé de ses forces vives, à cause du règne sans partage des Dozos, miliciens très actifs du pouvoir Ouattara. Du sud-ouest jusqu’à l’est du pays, on continue de vivre entre la brousse et le village, pour espérer rester en vie. Les conditions minimales d’un scrutin démocratique sont loin d’être mises en place par l’actuel pouvoir qui connait pertinemment la réalité du terrain, en dépit de la force militaire utilisée. Les nouvelles autorités ont vraisemblablement peur d’être prises au piège de la démocratie, par un votesanction.
Et donc, préfèrent maintenir la chape de plomb sur les populations et faire une razzia dictatoriale au cours d’une parodie de législatives qui seront encore une fois certifiées transparentes et démocratiques par le siège de la certification, l’Onuci.
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