Animatrice de l’émission ‘’Tendance’’ sur Rti1 et directrice de publication du magazine de mode, Afrikfashion, Isabelle Anoh est une amazone de la mode. Belle comme un ange, il lui est attribué plusieurs relations avec des hommes politiques. Qu’en pense-t-elle ? Entretien.
Comment est né votre amour pour la mode?
C’est parti de rien et ça s’est accéléré au fur et à mesure. Pour la simple raison que je me suis amusée à faire une émission de mode. Ce, à partir d’un constat. On n’avait pas, en Côte d’Ivoire, d’émission de la promotion de la mode. Ensuite, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup à faire pour aider les créateurs. Petit-à-petit, nous avons découvert que c’est un secteur porteur qui méritait d’attirer l’attention de nos gouvernants. Avons-nous réussi? Non, je ne crois pas. Mais, une chose est certaine, c’est que le chemin est encore long. Donc, nous continuons.
Comment était le début ?
Difficile. Parce que j’ai commencé par une mission d’économie. Et, passer de l’économie à la mode, pour certains c’était passer de l’essentiel au superflu. Il y a des personnes qui ont dit que j’allais me décourager. La persévérance et la ténacité ont fait que je continue.
Chaque jour, il y a quelque chose de nouveau à présenter au public, de nouveaux problèmes à poser au plan national. Je continue de combattre.
Avec la future libéralisation de l’espace audiovisuel, il se dit que vous êtes sur le point de créer une chaîne de télé dédiée à la mode. Qu’en est-il ?
J’ai en projet la création d’une chaîne de télé dont la ligne éditoriale sera la mode, le tourisme et l’artisanat. Il y aura aussi la musique. Mais suis-je prête maintenant ? Pas du tout. C’est un projet qui me tient à cœur et j’espère, sur le long terme, pouvoir le réaliser.
D’où viendra le financement ?
Nous ferons une recherche de financement. Nous travaillons déjà à cela. Nous avons commencé à monter le dossier. On attend que tout soit libéralisé pour présenter notre projet.
Nous ne connaissons pas les conditions pour la mise en place d’une chaîne de télé. Sinon au plan technique, nous savons l’essentiel de ce qu’il faut. Maintenant, que demande l’Etat ? Nous ne le savons pas encore. A combien va s’élever la caution ? Quels sont les documents à fournir ? Peut-on faire des partenariats avec des étrangers ? C’est autant d’aspects à prendre en compte.
Quelle est la situation actuelle de la mode ivoirienne ?
Elle a beaucoup évolué en terme de créativité. Pour savoir si un styliste est bon, j’ai pour habitude de retourner la tenue. Cela permet d’apprécier les finitions. A ce niveau, les créateurs locaux ont progressé. Ensuite, il y a la matière utilisée. On connaît le pagne et les autres matières importées, mais il y a aussi les accessoires. A ce niveau, les stylistes ont fait des efforts. Il y a des créateurs qui confectionnent leurs propres accessoires.
Pensez-vous que les matières traditionnelles sont-elles suffisamment mises en valeur ?
Combien sont les femmes ivoiriennes qui sont prêtes à porter une tenue faite totalement en raphia ? Et pour aller où ? Quand on se rend chez un styliste, ce n’est pas pour commander des tenues en raphia. Il faut noter, par contre, qu’il y a un assemblage qui se fait avec les matières importées et les matières traditionnelles. C’est d’ailleurs pour cela qu’on voit de belles chemises blanches avec des bouts de raphia ou de tapa, de pagne baoulé, etc, tout en restant dans l’ère du temps.
Peut-on parler, aujourd’hui, d’une mode ivoirienne ?
Oui. Cela se distingue. Quand je vois une chemise confectionnée par un créateur ivoirien, tout de suite, je la reconnais. Que ce soit de chez X ou Y, j’arrive tout de suite à l’identifier.
Y a-t-il des traits caractéristiques de cette mode ?
C’est généralement ce qu’on retrouve dans les tenues. Au niveau de la broderie, des matières qu’on utilise pour accessoiriser, surtout au niveau de la qualité des tissus. Les stylistes de tous les horizons peuvent utiliser du lin. Mais avec les Ivoiriens, on va retrouver du pagne baoulé ou le pagne tissé. Le motif même utilisé est différent des autres motifs.
Comment sont vues ces créations au plan international ?
La mode ivoirienne est cotée. Le fait d’être avec nos créateurs, on a moins de considération pour eux. Quand on sort, on se rend compte que les créations made in Côte d’Ivoire sont prisées. Généralement les gens demandent, comme cadeau, qu’on leur ramène des chemises ou confections de nos stylistes. Les ressortissants de la sous-région, par exemple, tiennent surtout à avoir une tenue d’un styliste ivoirien dans leur garde-robe.
Le thème de Tendance party 6 est relatif au financement de la mode. Existe-t-il un fonds de financement de ce secteur d’activité en Côte d’Ivoire ?
C’est la question que nous allons soulever et à laquelle les ministères (de la Culture et de la Francophonie, de l’Artisanat et de la Promotion des Pme) vont répondre. S’il existe effectivement, comment obtenir ce fonds ? Qui peut l’obtenir ? Parce que, ce n’est pas évident pour un créateur d’évoluer sans soutien.
Après votre investigation, quelle est la réponse ?
Oui, il existe un fonds. Y a-t-il de l’argent disponible ? C’est une autre paire de manches.
Connaissez-vous un créateur qui en a bénéficié ?
Non, je n’en connais pas. En tant que communicateur, j’estime que mon rôle est de pouvoir apporter quelque chose dans le développement des activités des créateurs. D’où le sens de mon rapprochement des ministères pour qu’ils nous informent de la possibilité d’obtenir des financements afin d’agrandir les structures de production. Combien de créateurs sont-ils capables de livrer une commande de 1.000 chemises ? Ils ne sont pas nombreux.
Pourquoi ?
Certaines structures sont déjà organisées en entreprise. Mais, le financement faisant défaut, il n’y a pas toujours cette possibilité de produire en grande quantité. On ne gagne rien sur les achats d’une ou deux chemises. Nous devons permettre à un habilleur d’être capable de livrer 500 pièces à un client.
Au-delà des ministères cités, existe-t-il d’autres structures qui soutiennent les créations des stylistes ivoiriens ?
Il y a des fonds de soutien de la culture. Mais pour la mode de façon spécifique, non. Pour aller plus loin, je dirais que même les banques considèrent le secteur de la mode comme un sot métier. Les créateurs ont du mal à avoir des crédits bancaires. Pourtant ils ont des comptes bien fournis.
Après tout ce que vous avez décrit, êtes-vous optimiste ou pessimiste pour l’avenir de la mode ivoirienne ?
Optimiste. Le chemin est sûrement long, mais nous allons y arriver. Nous allons aider à trouver des financements. Faire naître la confiance entre les banques et les artisans. Même les grands noms qu’on connaît en Europe, ne se sont pas développés au pifomètre. C’est parce qu’il y a eu cette confiance, cette volonté d’aider la mode à sortir de l’ornière, que cela a été possible.
Vous êtes très belle. Et, beaucoup de choses se disent à votre sujet…
Ah, les rumeurs ! (s’exclame-t-elle)
…On vous attribue des relations avec des hommes politiques…
Encore sous cette nouvelle ère !
Qu’en est-il ?
Vous savez, je suis au courant de rien.
Pourquoi c’est à vous qu’on attribue toujours des relations ?
Quand on devient une personne publique, tout le monde se croit permis de raconter des choses sur vous. Ils se croient obligé de trouver des débats de salon. Il faut qu’on nous respecte. Nous sommes des êtres humains avec nos problèmes de couple. Nous vivons ce que tout le monde vit. Une femme qui passe à la télé, n’a pas plus d’homme que celui qui se trouve dans son foyer. Je trouve que c’est de la méchanceté gratuite.
On dit souvent qu’il n’y a pas de fumée sans feu…
On s’étonne que les femmes de télévision ne se marient pas. C’est parce qu’il y a des gens chez eux qui ont pour rôle de colporter des rumeurs que cela arrive. On a problème avec nos amis, on nous met en palabre avec les femmes des personnalités. On a des ennemis sans aucune raison. Ce qui signifie qu’on peut se faire agresser à tout moment. Mais aujourd’hui, tout cela me glisse sur la peau.
Etes-vous mariée ?
Non.
Avez-vous quelqu’un dans votre vie ?
Bien sûr.
Est-ce une personne publique ?
Je n’ai pas besoin d’exposer mon côté jardin. Je crois d’ailleurs, que c’est pourquoi on parle de vie privée. Le jour que j’exposerai mon homme, il n’y aura plus de rumeurs. On m’a même attribué une grossesse récemment. Mais jusque-là, il n’y a pas d’enfant. La rumeur est ce qu’elle est. Elle enfle et après elle disparaît.
C’est à quand le mariage pour mettre fin aux rumeurs ?
Vous savez les histoires de mariage… J’espère.
Interview réalisée par Sanou A.
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