Libéraliser le secteur du commerce ne signifie un laisser aller. Où chacun vient imposer ses prix selon ses propres convictions. Dans le cadre précis de la Côte d’Ivoire, l’Etat a mis des garde-fous. En tant que régulateur, il intervient par moment. Non pas, pour imposer ses points de vue. Mais plutôt, pour discuter avec les opérateurs économiques afin de trouver un consensus autour du prix médian en vue de satisfaire toutes les parties (opérateurs économiques et consommateurs). Cette démarche a été largement expliquée le lundi 5 septembre 2011, par Dagobert Banzio, ministre du Commerce. En tant qu’animateur principal, dans le cadre de la tribune d’échanges de l’IA dénommée ‘’L’invité de la Rédaction’’, Dagobert Banzio a profité pour rassurer les Ivoiriens, des dispositions que prend le gouvernement, pour réduire le coût de la vie.
Exposé liminaire du ministre Dagobert Banzio
Je voudrais saluer, Monsieur le Directeur général de l’Intelligent d’Abidjan, le Directeur de publication, le rédacteur en chef, tous les journalistes, toute la presse écrite et audiovisuelle ainsi que toutes les personnes qui ont honoré de leur présence cette rencontre. Je voudrais saluer les représentants des consommateurs, des commerçants, des grands distributeurs et les invités. Je voudrais saluer aussi la présence de mes amis et frères, les députés à cette rencontre qui arrive à point nommé. Je suis donc heureux de répondre à cette invitation et de pouvoir vous entretenir sur ce thème important qui est celui de «la fixation et la régulation des prix dans un système de libéralisation : Rôle et responsabilité de l’Etat ».
Je pense que se poser déjà cette question veut dire qu’on comprend bien dans quel environnement nous sommes. La Côte d’Ivoire aujourd’hui, est un pays qui a une économie essentiellement libérale. Quels sont les instruments que l’Etat peut utiliser pour lutter contre la vie chère dans une économie libérale ? C’est évident vous le savez, même les Etats Unis qui est un pays libéral par excellence ou la France ont des mécanismes pour veiller sur tous ces paramètres. Ce n’est pas parce qu’on est libéral que les acteurs doivent se comporter, pour parler comme les économistes, comme le lion. La liberté du lion dans la jungle. Ici ce n’est pas la jungle. C’est un Etat qui est organisé. Donc vous faites bien de poser la question. Je vais essayer de donner quelques éléments de réponses à ces préoccupations. Economie libéralisée mais à quelques exceptions près. C’est qu’il y a, pour diverses raisons, certains produits dont les mécanismes de tarification obéissent à une certaine réglementation. On peut citer l’eau, l’électricité, le téléphone, le gaz, les livres scolaires d’édition locale, les produits pharmaceutiques. Et puis, le mécanisme de fixation du prix du carburant à la pompe et certains produits de grande consommation qui, compte tenu de leur importance et de leur impact, font l’objet d’un suivi particulier. On peut mettre dans le lot : le riz, la viande, l’huile et le pain. Pour certains produits qui évoluent dans un cadre plus ou moins libéralisé comme le sucre, cela obéit à des mécanismes qui nous amènent à avoir un œil là-dessus. Et de façon globale, c’est veiller dans une économie libérale à ce que la concurrence soit totalement parfaite. A l’exception des produits que je viens d’évoquer qui sont certes des produits sensibles soumis à un régime de libéralisation, j’allais dire totale, même le riz, la viande, l’huile et le pain, tout comme le sucre dont l’importation doit être autorisée jusqu’à preuve du contraire.
Les moyens de l’Etat pour veiller au respect des prix
Il y a beaucoup d’instruments, mais je vais vous en citer quelques-uns : tout produit qui est sur le marché, si c’est un produit importé, doit respecter les procédures normales d’importation. Sinon, c’est un produit frauduleux. C’est un instrument de contrôle puisque toute importation fait l’objet d’autorisation. Cela doit obéir aux principes qui permettent d’entrer sur le marché. Il y a aussi la question de la qualité et de la santé de la population. On peut procéder à des contrôles sur les qualités pour s’assurer qu’on est autorisé à l’importation. Et puis, il y a la qualité elle-même. Même si vous avez respecté les procédures, si le produit est périmé, il ne doit pas se retrouver sur le marché. On peut procéder à des contrôles pour diverses raisons. Par exemple, la non fiabilité des instruments de mesure tels que la balance. On fait des contrôles métrologiques pour s’assurer que les appareils qui sont utilisés sont fiables et qu’il n’y a pas de contrepoids pour pénaliser le consommateur. De façon générale, il s’agit d’encadrer et de faire la promotion commerciale. Ce sont des vocations importantes. Mais au-delà, vous verrez l’élément central sur lequel nous avons commencé à travailler de façon active sur les prix, sur la disponibilité des informations. Aujourd’hui, je peux dire qu’on n’a pas totalement fini, mais nous sommes quand même très avancé sur la disponibilité des prix et les produits de grande consommation dans la ville d’Abidjan. Nous avons, depuis le mois de juin, pu avoir toutes les informations sur tout le territoire ivoirien en ce qui concerne les produits de grande consommation dans les différentes régions de Côte d’Ivoire. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons fait une réunion d’une journée avec tous les directeurs régionaux pour recueillir toutes les informations, relever des prix à l’intérieur du pays ainsi que des problèmes liés à tous les produits que sont la fraude, la qualité, la disponibilité. C’est important et c’est le lieu de disposer des informations sur les prix. Ce qui permet par la suite de revenir faire un contrôle et s’assurer que tout se passe bien. Et les produits alimentaires qui sont suivis actuellement comme du lait sur le feu, ce sont évidemment, le riz, le sucre, l’huile, le lait, le poisson, la viande, la farine de même que les produits d’entretien et les produits pétroliers. Nous avons ajouté à tout ce que je viens de dire, les produits de base. C’est-à-dire les prix d’achat du café, du cacao, de l’huile de palme, l’anacarde, etc. On fait un relevé des prix pour informer le gouvernement sur la manière dont les produits sont achetés à la base. C’est un élément important. Pour certains produits, nous allons instituer d’ici à deux (2) semaines, le contrôle dans les usines pour voir entre l’achat bord-champs et l’entrée-usine, quels sont les prix qui sont pratiqués pour que ces informations puissent servir. En plus des produits de grande consommation dont j’ai parlé, il y a les produits vivriers qui sont suivis de façon détaillée par l’OCPV (Office d’aide à la commercialisation des produits vivriers) sur toute l’étendue du territoire et au niveau de la ville d’Abidjan.
A cela, il faut ajouter les éléments importants qui doivent contribuer à l’activité économique. Pour les matériaux de construction liés à la reconstruction, il est important de voir comment évoluent les coûts (le ciment, le fer à béton, le bois, la peinture). En somme tout ce qui rentre dans la construction pour pouvoir veiller sur l’évolution de ces prix de même que certains éléments importants sur lesquels, nous n’avons pas commencé à travailler. Mais on le fera très bientôt. Il s’agit de l’automobile, parce que cela contribue à la relance de l’activité économique. Il s’agit donc d’avoir l’œil là-dessus, regarder comment les choses évoluent et entamer les négociations avec les uns et les autres. Comment nous discutons ? C’est un volet important. On ne le fait pas au hasard. Nous ne faisons pas de marchandage. Le gouvernement ne marchande pas. Nous nous appuyons sur des éléments objectifs. Prenez par exemple un produit qui est importé. Nous connaissons la cotation de tout produit au plan international. A partir donc du prix international, on le renvoie à Abidjan, en tenant compte du frêt, de l’assurance, des taxes douanières et celles du Port. Il y a la manutention, les frais financiers, etc. Ensuite on emmène le produit en magasin. Quand vous faites ce calcul, vous avez le prix de revient du produit importé en magasin chez l’importateur. A partir du prix de l’importateur, il y a des marges commerciales qui sont des marges normales au-delà desquelles un commerçant, qu’il soit grossiste, demi-grossiste ou détaillant, ne peut dépasser. Dans un cadre classique, on parle de prix de revient auquel on a appliqué 3% pour le grossiste, 6% pour les demi-grossistes et 12% chez les détaillants. Quand on a fini tout cela, on connait alors le prix, qu’on compare au prix relevé. S’il y a un écart, c’est sur cela que nous menons les discussions avec les autres acteurs. On applique les pourcentages qui sont des marges autorisées au-delà desquelles il y a problème. On arrive facilement à s’entendre avec les opérateurs rationnels. Celui qui produit localement ne paie pas des droits de douane. Il paie les impôts, il a ses coûts. On a le prix sortie d’usine, on suit le même mécanisme que je viens de vous indiquer. Normalement dans un cadre libéralisé, avec l’extérieur, il est en concurrence avec le produit extérieur. Il s’arrange à ne pas exagérer en tenant compte de tous les coûts de l’importation que je viens d’indiquer (fret, assurance, droits de dédouanement,). Normalement, son prix ne doit pas être très loin du prix de revient chez l’importateur. Sinon, un produit dont l’importation est libéralisée, si la production locale a un prix, qui est un coût de revient plus élevé que le prix de revient dans le magasin de l’importateur, les gens vont prendre le produit importé au détriment du produit local pour certains produits comme le sucre qui obéit à une logique de réduire les disparités régionales et de créer des sources de revenus stables dans les zones de production telles que Zuénoula ou Borotou. Cela impose certaines contraintes qui font qu’il y a interdiction. Mais il faut travailler sur les prix « sortie d’usine » pour ne pas qu’il y ait une déconnexion trop importante avec le marché environnant auquel cas cela serait de nature à encourager l’importation frauduleuse. Voilà un peu le schéma dans lequel nous travaillons. Quand on a fini de faire ces négociations et qu’on a convenu de quelque chose, de quoi disposons-nous pour que cela soit respecté ? Nous disposons de l’observation, puisqu’on fait des relevés. Ce ne sont pas des relevés qui se font au hasard. Dans la commune de Cocody par exemple, nous avons par semaine 10 points de relevés. Et ces points ne sont pas figés. Ce sont des points mobiles. C’est un découpage représentatif de Cocody. C’est ce que nous faisons dans tous les quartiers d’Abidjan et les villes de l’intérieur. Le relevé n’est pas un relevé qui peut être décelé. C’est-à-dire quand nos représentants vont sur le terrain, les commerçants ne savent pas. Parce qu’ils se comportent en acheteurs et en consommateurs. Par le passé, les relevés étaient visibles puisque l’agent vient, il a une fiche sur laquelle il fait des relevés. A ce niveau, les prix ne sont pas affichés, ce qui est une violation de la loi dans les magasins. Pour l’instant, comme ce n’est pas généralisé, quand ils demandent les prix, souvent on peut leur donner des prix qui n’ont rien à avoir avec la réalité. Donc, on a adopté le schéma d’agents qui font des achats comme tout le monde de sorte que nous ayons la réalité des pratiques sur le marché. Evidemment, cela nous permet par la suite, en normalisant nos données, d’identifier les zones où il y a problèmes. A ce niveau-là, il y a un mécanisme qui permet de faire savoir à l’opérateur les comportements déviants qu’il a et au besoin les demi grossistes qui lui livrent seront informés de ces comportements. Vous savez que dans certains secteurs, si vous avez des comportements qui sont contraires à la pratique normale, vous pourrez ne plus être approvisionnés. Voici donc les mécanismes. On a aussi un numéro vert pour que les gens appellent et qui nous permet, en plus des relevés des prix, de regarder et d’engager des actions en parallèle. Voilà en résumé comment nous travaillons dans un cadre libéralisé. Comme, je l’ai dit, il y a des mesures certes, d’informations, il y a des mesures dissuasives. Il y a des contrôles sur les prix qui font l’objet de règlementations précises. Il y a une libéralisation et une liberté mais ce n’est pas la liberté du lion dans la jungle.
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Monsieur le Ministre du Commerce,
Monsieur le représentant de M Ezzedine Ibrahim, invité spécial de l’IA,
Mesdames et Messieurs les membres du cabinet de Monsieur le ministre,
Mesdames et Messieurs les opérateurs économiques,
Chers amis journalistes,
Mesdames et Messieurs
Merci de répondre au rendez-vous de l’Intelligent d’Abidjan. Après le Ministre Sidiki Konaté, en Juin dernier, nous sommes heureux de vous recevoir Monsieur le Ministre du Commerce, en tant qu’invité de notre rédaction pour échanger sur des sujets et des dossiers au centre des préoccupations des Ivoiriens. Manger, se vêtir, aller à l’école, aller à l’hôpital, voyager, construire, travailler, tout est presque commerce et affaires.
Le ministère du Commerce est un ministère essentiel dans la vie de tous les jours, dans la vie des citoyens. Alors, Monsieur le Ministre dites-nous tout, dites-nous comment se passe la fixation des prix par les opérateurs et les commerçants, comment se fait la régulation dans un contexte marqué par la libre concurrence et l’option de la libéralisation par l’Etat.
Merci d’être à nos côtés à cette occasion qui coïncide avec le 8ème anniversaire de l’Intelligent d’Abidjan. Un anniversaire que nous célébrons dans la discrétion, en attendant l’an 10 en Septembre 2013, si Dieu le veut. Merci Monsieur le Ministre pour votre disponibilité. Merci à vous tous, pour votre soutien.
>>> Questions et réponses (I)
Bamba Mafoungbé (Le Temps) : J’ai deux préoccupations. Il se dit qu’il pourrait, peut-être, y avoir des problèmes en matière d’importation de riz. Ce qui pourrait faire flamber les prix de certains produits dont le riz de luxe (Uncle Sam et autres). Qu’est-ce qui est fait dans ce sens? Au niveau du gaz, on a l’impression que le système de pompage revient. Que comptez-vous faire à ce niveau ?
Charlie Gnaoré Rti1: Que fait le ministère du Commerce dans la fixation et la régulation du loyer?
Touré Youssouf (DP de l’IA): Je voudrais intervenir au niveau du contrôle des prix. Que faîtes-vous pour les mesures répressives ?
Hyacinthe Kouakou (L’IA): Ma question est en rapport avec les instruments de métrologie utilisés dans les commerces. Comment assurez-vous de la fiabilité desdits instruments? Quelles sont les actions que vous entendez mener pour que le riz local soit vraiment visible dans la chaîne de distribution de riz ?
Wangué Maxime (L’IA): Vous parlez de libéralisation. Est-ce que l’Etat contrôle vraiment tous les produits qui sont libéralisés ?
Prix du loyer, gaz, riz, savon…L’Etat suit tout de prêt
Je voudrais vous dire merci pour ces questions importantes que vous avez posées. La première question concerne les risques de flambée des coûts du riz. A ce propos, la Côte d’Ivoire consomme 1 600 000 tonnes. Il y a 600000 tonnes qui sont produites ici en Côte d’Ivoire et 1million de tonnes importées. Nous avons une forte dépendance en matière d’importation. Deuxième donnée, c’est seulement 7% de la production mondiale qui fait l’objet de transaction sinon, les pays producteurs eux-mêmes consomment l’essentiel de ce qu’ils produisent. Cela fait près de 93% du volume produit qui est autoconsommé par ces pays. Donc le volume qui fait l’objet de transaction, est relativement faible et cela n’exclut pas qu’il soit sensible à la fluctuation des coûts. Mais ce que je peux vous dire est que nous avons observé les marchés ; c’est vrai qu’il y a des écrits dans certaines presses qui indiquent qu’il peut avoir des hausses. Mais nous avons aussi regardé toutes les bourses et les simulations que nous avons faites même au niveau le plus élevé. Quand on fait les simulations, nous ne sommes pas loin de ce que nous avons convenu pour ce qui est du riz de grande consommation avec 25% de brisure qui fait 80% de la consommation nationale. Vous m’excuserez si ça ne touche pas immédiatement le riz classé ‘’riz de luxe’’ mais il y a des chiffres que je pourrai donc vous communiquer pour vous donner quelques indications sur ces produits. J’ai souhaité qu’on fasse un découpage des quartiers, il ne s’agit pas de faire 10 relevés dans la même rue. Mais si je prends Adjamé, la marque Soleil au détail sur les six endroits où les relevés ont été faits, nous avons les prix qui varient entre 325 et 350 Francs Cfa. Cela nous permet de cerner toute la plage de prix. De façon statistique, ce que je suis en train de dire, c’est évident qu’on peut trouver à un point isolé où le prix peut être exceptionnellement très élevé ou très bas, mais, on ne peut pas couvrir toutes les rues. Le coût serait tellement élevé que ce n’est pas le sens de l’exercice. On ne peut pas faire un sondage sur les six millions d’électeurs, mais on choisit 2000 et on fait un échantillonnage tel qu’on retrouve toute la stratification, les classes sociales dans cet échantillon pour que ce que dira l’échantillon, reflète l’opinion. C’est un peu ce que nous faisons. Nous allons parfaire cette approche avec le temps.
►Sur le gaz, il y a beaucoup de problèmes. Nous sommes en train d’y travailler. Mais j’avoue qu’il y a beaucoup de problèmes sur le gaz. Je vous donne quelques indications. Le gaz fait partie des produits moins chers en Côte d’Ivoire que dans beaucoup d’autres pays. Dans certains pays, le prix de la B6 varie entre 3500 et 4000 CFA. En Côte d’Ivoire, évidemment, pour la ville d’Abidjan, le prix de la B6 varie entre 1800 et 2500 FCFA. A l’intérieur du pays, c’est entre 2200 et 5000 FCFA. Dans certaines zones, il n’y a même pas de gaz. C’est donc un problème sérieux. Avec la B12, c’est la même chose. Les prix sont relativement bons à Abidjan et sont très élevés dans certaines zones à l’intérieur du pays. Il n’y a pratiquement pas de gaz aussi à des points du pays. C’est une importante question qui doit être traitée avec mon collègue des Mines et de l’Energie. Nous avons fait le point la semaine dernière, région par région. Nous avons fait le diagnostic. Nous devons y travailler pour faire en sorte que les prix qui ont été convenus, qui font l’objet du soutien et de la stabilisation, soient strictement respectés dans l’intérêt des consommateurs. Mais mieux, que le gaz soit disponible. Les questions soulevées qui étaient liées à la période de sortie de crise ne sont plus de mise aujourd’hui. Parce qu’à la sortie de crise, vous avez vu que c’était Petroci qui importait, et étant elle-même distributeur. Et les autres qui étaient des distributeurs devaient se ravitailler auprès d’elle. Maintenant l’approvisionnement se fait pour 60% à la Sir. Ce que nous voulons régler est de faire en sorte que l’approvisionnement se fasse dans les conditions optimales à l’intérieur du pays. Il y a d’autres problèmes qui sont soulevés dont l’utilisation du gaz butane dans les véhicules. A ce niveau, vous savez que le gaz qui est utilisé pour la cuisine bénéficie d’une subvention. La subvention est destinée clairement à ce type de gaz… Nous avons convenu d’avoir une séance de travail précise avec notre collègue pour que des réponses soient apportées.
Des mesures en vue pour le contrôle des prix des loyers
► Pour ce qui se rapporte au loyer, c’est une question importante. Avec mes collègues chargés du Logement et de la Construction, nous allons traiter le problème. Cela fait partie du coût de la vie. C’est un service qui est vendu. Nous avons en charge des biens et aussi des services qui sont vendus. Et à ce niveau, il y a un travail à faire pour qu’il y ait des normes, pour qu’il n’y ait pas de pratiques qui pénalisent le consommateur et que chaque propriétaire de maison définisse les règles en tenant compte des normes. C’est un sujet important sur lequel nous allons rapidement travailler.
Sanctions contre les commerçants véreux
La répression. Quand les prix sont réglementés, la sanction est claire. Mais s’il s’agit d’un produit dont le prix est libéralisé et qui a fait l’objet d’une négociation, l’opérateur qui ne respecte pas les conventions, on n’utilise pas la répression Ici, C’est pour cela que les associations de consommateurs ont un rôle à jouer. Dans le marché, si vous avez des commerçants qui ne respectent pas les règles, il y a des mesures qui peuvent être prises par tous les acteurs. C’est pour cela que nous avons tenu à ce que tous les acteurs s’engagent à respecter ce qui est convenu. Evidemment, pour tout ce qui est totalement libéralisé et qui n’a pas encore fait l’objet de convention, il y a des normes à respecter. La concurrence est là pour obliger les gens à respecter les normes. En ce qui concerne les appareils de mesure, bientôt, il y aura une campagne qui sera lancée. Je pense que ce sont des activités à relancer. C’est une direction importante. C’est un service sur lequel un accent doit être mis pour sécuriser les opérateurs. Pour ce qui est de la flambée des prix, beaucoup de choses sont dites. Mais la réalité, c’est que si vous observez, elle est différente de ce que nous aurions vécu dans certaines situations. Pendant la période de crise, nous avons observé les prix. De 2008 jusqu’à maintenant, les tensions inflationnistes sont pour l’instant bien suivies. Je ne veux pas dire autre chose pour ne pas donner l’impression aux commerçants et à tous ceux qui opèrent que le comportement me satisfait, mais je pense que tout le monde peut mieux faire. J’ai parlé du sucre. Nous avons discuté avec les opérateurs économiques et nous leur avons demandé de retirer la hausse que nous avons observée de 150 à 300 FCFA de 2010 à 2011. Parce que, c’est sur le prix de sortie que nous appliquons les marges commerciales. Certains commerçants ont accepté de rester dans les marges conventionnelles. Mais dans certains cas, c’est très en-dessous des marges conventionnelles. Je pense qu’on peut faire encore mieux. On doit faire mieux dans des domaines de production si on doit reconstruire, relancer le programme de reconstruction. Il faut que les coûts matériaux de construction notamment le ciment, les fers à béton, le bois, la peinture, tous les équipements de plomberie et d’électricité et même le sable et le gravier, soient suffisamment maîtrisés. Avec des conseillers ingénieurs dans le domaine du génie civil nous sommes en train de travailler. On a déjà défini la nomenclature et on va faire le même exercice en termes d’importation et en termes de production locale. Nous allons nous asseoir avec eux pour qu’on puisse passer en revue les niches qui peuvent donc nous permettre de réaliser la réduction des coûts. Ce que nous leur disons, il vaut mieux compter sur le volume que d’avoir des marges excessives et dissuader les gens à la construction. Si la construction reprend, c’est l’économie qui reprend. C’est la consommation qui reprend, c’est l’activité économique qui reprend. Quand on dit : ‘’quand le bâtiment va tout va’’, ce n’est pas par hasard. Donc, nous allons y travailler. Nous allons travailler également sur les véhicules, parce qu’il est difficile de voir qu’un véhicule qui coûte 6 millions ailleurs puisse coûter 20 millions FCFA en Côte d’Ivoire. Quand on passe en revue les coûts d’importation, les droits de douane, on voit tous les frais d’approche, on doit pouvoir comparer et se retrouver à un niveau raisonnable. A ce niveau, c’est l’approche rationnelle. Ce ne sont pas des négociations qui sont faites en termes de demande sans justification de baisse comme si nous étions en train de faire un marchandage.
Questions et réponses (II)
Franck Toti (Le Nouveau Courrier) : Le gouvernement a fait des allègements fiscaux. Mais les populations ont l’impression d’être délaissées. Les prix de l’huile, du sucre, de la viande…connaissent des augmentations. Qu’est-ce qui est envisagé par le gouvernement?
Aymar Dedi, (L’IA): Nous sommes dans un système de libéralisation. Or, l’école classique en économie propose la flexibilité économique qui encourage l’initiative privée. Mais nous avons l’impression que vous êtes dans un système libéral dans la commercialisation. Pourquoi ce choix alors qu’il serait mieux d’opter pour la flexibilité ?
Célestin Kouadio (Acturoute . info) : Qu’est-ce qui est fait au niveau du ministère du Commerce pour réduire l’impact des frais du transport sur le prix des produits ?
Honoré Kouassi, (L’IA) : Un constat : Le commerce en Côte d’Ivoire n’est pas organisé ; les commerçants s’installent un peu partout… Pour la reconstruction de la Côte d’Ivoire comment comptez-vous organiser ce secteur? Deuxième préoccupation, il y a certains produits qui ne sont pas libéralisés comme l’énergie et l’eau. Ne pensez-vous pas que ce sont leurs coûts qui favorisent la fraude. Comment comptez-vous y prendre au niveau du gouvernement?
Franck Adou (ONG Le Cri du Consommateur) : Comment comptez-vous collaborer avec les organsinassions de la société civile?
Hyacinthe Kouakou IA : Qu’en est-il de la distribution du riz local sur le marché ivoirien ?
Le racket, est l’un des points importants, et si vous avez suivi la longue communication qui a été faite en conseil des ministres, tout juste à la veille des vacances nous avons passé en revue ces questions. C’est l’intérêt de ces informations. A travers lesquelles nous avons eu une analyse comparative sur les prix des produits qui sont pratiqués à Abidjan, à l’intérieur du pays et dans les pays environnants. Ce qui permet de voir la différence et qui explique certains comportements et certaines mesures à prendre et vous savez que l’une des premières actions que le gouvernement a prises, c’est de lutter contre le racket et de réduire les barrages… Pour l’instant, on n’a pas voulu toucher tout ce qui concerne la fiscalité. Par le passé, dès qu’il y a un problème, on dit qu’il faut que l’Etat réduise les taxes. Ce sont des approches que je refuse. Mais, je pense qu’il faut plutôt qu’on nivèle les niches et les marges excessives. Quand on a fini de les nettoyer, s’il y a une situation exceptionnelle, en ce moment, on va recourir à certaines mesures qui vont au-delà du ministère du Commerce et qui impliquent certains ministères, pour qu’on arrive à des coûts raisonnables. Je voudrais vous dire que nous avons des analyses assez précises. Je prends le cas du riz. Le riz de grande consommation 25% de brisure pour lequel nous avons négocié une réduction pour ramener le prix à 340 F Cfa/ Kg. D’après les relevés qui ont été faits à Abidjan, nous avons, concernant le riz soleil au détail, varie cette semaine entre 325 et 350 F Cfa à Abidjan. Les autres qualités du riz qui sont des riz semi luxe ou riz de luxe, il y une petite hausse que nous avons observée. Ce n’est pas que nous n’avions pas voulu engager les discussions, mais on a regardé la hausse au plan international et ce sont des hausses qui ne sont pas très fortes. Mais quand on fait la comparaison avec ce que nous avons obtenu comme baisse, on constate que sur la consommation la plus forte, c’est-à-dire 80% de la consommation de riz, nous avons obtenu avec nos partenaires commerçants, une baisse de 10 FCFA. C’est une économie de 10 milliards de FCFA qui est faite et c’est ce que les opérateurs ont souhaité. Mais je vous dis que nous avons fait une analyse rationnelle en regardant les prix. Pour ce qui est du sucre, les données que nous avons, sont des données qui vont dans le bon sens. Pour le riz, pendant que nous sommes entre 325 et 350 FCFA, le Burkina est à 320 FCFA. Mais j’ai suivi les débats sur le riz au Burkina, le riz est subventionné. Il y a des efforts particuliers qui sont faits. Mais au Mali, c’est 375 FCFA. Au Sénégal c’est entre 350 et 380 FCFA. Vous avez dit tout à l’heure que le prix est très élevé, c’est pour cela que je vous donne des éléments de comparaison. Pour ce qui est du sucre, contrairement à certaines informations qui sont diffusées, la réalité est tout autre. Si je prends le sucre granulé blanc, au Burkina il est à 650 FCFA, au Mali, 550 FCFA, en Côte d’Ivoire, nous avions entre 700 et 850 FCFA au mois de juillet. Au mois d’août, on était entre 700 et 900 FCFA. Nous avions pour Abidjan, après donc négociation, 800 FCFA et les relevés de cette semaine situent les prix entre 700 et 1000 FCFA. Les 1000 FCFA se situent à un seul endroit. Pour l’intérieur du pays, le prix varie entre 700 et 900 FCFA. C’est la même tendance avec le sucre granulé roux. Le sucre en morceaux blancs, est relativement moins cher que dans les autres pays. Car le Burkina est à 950 FCFA, le Mali est à 1000 FCFA, le Sénégal à 850 FCFA, c’est ce prix qui est légèrement en dessous de ce que nous avons convenu. Dans la ville d’Abidjan, on est pour cette semaine entre 800 et 1000 FCFA. Pour les villes de l’intérieur, nous sommes entre 800 et 1000 FCFA. La viande, c’est une situation paradoxale. J’ai été surpris quand j’ai vu les chiffres. La viande sans os, selon les relevés qu’on nous a communiqués, au Burkina ça va de 2250 à 2500 FCFA, au Mali c’est 2000 FCFA, au Sénégal 3200 FCFA, à Abidjan, le dernier relevé est entre 2000 et 2980 FCFA, et à l’intérieur du pays, entre 1100 et 2500 FCFA. C’est à Séguéla que les prix sont les plus bas. La viande de bœuf avec os fait entre 1750 et 2000 FCFA au Burkina, au Mali, 1800 FCFA, au Sénégal 2500 FCFA, à Abidjan, en juillet, c’était entre 1900 et 2100 francs. Le dernier relevé entre 1200 et 2500 FCFA, et à l’intérieur du pays entre 900 et 2300 FCFA. Mais nous pensons qu’on peut baisser les prix parce qu’on a eu une rencontre importante avec tous les importateurs de bétail qui nous ont expliqué tous les obstacles qui sont à l’origine de la hausse des prix. Que ce soit les problèmes de racket, des surcoûts et de monopôle, etc. Avec donc le ministre des Ressources Animales et Halieutiques, nous allons travailler là-dessus. Très bientôt, nous aurons une mission à l’intérieur du pays pour qu’ensemble avec les opérateurs et le ministre des Ressources Halieutiques, nous puissions nous pencher sur les problèmes de ce secteur de Ferké à Abidjan. Et ce sera évidemment avec l’appui du Premier ministre, que nous comptons faire sauter tous ces verrous. Je voudrais quand même dire que beaucoup d’efforts ont été faits au plan économique.
Le commerce doit être organisé
Nous sommes en train de libérer ce qu’on appelle le domaine public de l’Etat sur lequel personne ne doit s’installer. Vous savez les nuisances que cela cause au niveau de la circulation. Cela aggrave donc le coût du transport, mais en même temps, les nuisances qui sont liées aux inondations, parce que les caniveaux sont bouchés. Je pense que ce sont des mesures importantes qui peuvent être vues sous l’angle impopulaire, mais pour la partie sociale, des mesures vont accompagner tout cela. Vous voyez la ville d’Abidjan aujourd’hui, je pense que ce sont des mesures salutaires. Le volet social n’est pas du tout occulté.
Concernant la flexibilité comme option économique au détriment de la libéralisation, je voudrais dire que tout le monde sait que pour l’instant, l’Etat n’a pas créé de boutiques. L’Etat n’a pas de magasins, l’Etat n’intervient pas dans le commerce ! Donc c’est libéralisé. Ce n’est pas que l’Etat vient étouffer l’initiative privée ! Ce n’est pas par hasard que je vous disais que ce n’est pas la liberté du lion dans la jungle. Ce sont les économistes libéraux qui le disent. Il faut donc respecter les règles tout simplement. La flexibilité est de mise. Elle encourage la concurrence de jouer pleinement. Mais chaque opérateur doit s’adapter aux conditions de marché et aux conditions de concurrence.
Pour ce qui est de faux frais, je pense que tout le monde sait que c’est un point sur lequel le gouvernement était très attendu. Les Ivoiriens voudraient avoir un pays débarrassé de tous les faussaires, magouilleurs et des rackets. Et je pense que nous avons cette chance de pouvoir faire cela. C’est sur ce terrain que le gouvernement est attendu. Et c’est pour cela que le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et le ministre de la Défense (le Premier ministre), ainsi que celui délégué à la Défense travaillent activement sur cette question. Et vous verrez chaque jour les signes tangibles de cet effort de lutte contre ce fléau.
Eau et Energie: La baisse des coûts n’est pas encore à l’ordre du jour pour des problèmes techniques
Eau et Energie : C’est une question complexe que je ne peux aborder brutalement. Des études sont en cours. Pour l’eau, on a un déficit de 150.000 mètres cube le jour à Abidjan en moyenne. Il faut donc augmenter la capacité de pompage. Le ministre des Infrastructures économiques travaille avec le ministère de l’Economie et des Finances pour faire venir de l’eau souterraine de Bonoua, traiter la lagune d’Aghien, pour qu’on puisse régler ce problème. Parce que même si les installations sont mises en service, on ne doit pas pomper au-delà d’un certain volume. Si on pompe plus qu’il n’en faut, la nappe d’Abidjan va s’assécher. Et cela va causer des problèmes. Il faudra donc des apports complémentaires pour pouvoir combler ce déficit. Pour ce qui est de l’énergie, il y a la qualité de service. Mais malheureusement, cela s’accorde avec beaucoup de problèmes. Les structures en charge de l’électricité et de l’eau ont demandé un réajustement des tarifs pour ne pas qu’il y ait un déficit. Il y a des problèmes de financement de nouveaux investissements pour pouvoir répondre aux nouveaux besoins.
Ce que je peux dire en dehors de certaines zones comme la zone de Bloléquin dont je suis le député, c’est qu’on a l’électricité le jour et dans la nuit. A Abidjan, on est passé de deux millions à plus de cinq millions d’habitants. Il y a donc des problèmes d’approvisionnement en eau et en électricité. Mais, ce sont des questions qui sont bien cernées et qui sont traitées aussi bien par le ministre des Infrastructures Economiques que par le ministre en charge de l’Energie. Je voudrais vous rassurer à ce niveau, parce que, c’est fondamental pour que l’économie puisse donner. Si on veut avoir des usines compétitives, il faut que le coût de l’énergie soit réduit. Il faut aussi qu’on améliore le rendement de tous les appareils de production de l’électricité ainsi que l’eau également.
L’Etat en parfaite harmonie avec les associations des consommateurs
Evidemment, les associations des consommateurs sont des partenaires privilégiés. Je pense qu’elles constituent des relais d’opinion. C’est pour cela que les informations que nous avons, doivent être disponibles pour tous les Ivoiriens. Afin que les ayant-droits, les associations des consommateurs ou les consommateurs eux-mêmes, puissent réagir. Si par exemple, vous habitez un quartier dans lequel un opérateur est cher pendant que les autres ne le sont pas, si on le sait, ce n’est pas qu’on le boycotte ; mais on va là, où c’est moins cher. Et cela peut agir aussi. Il faut aussi savoir qu’on a une ligne verte à partir de laquelle toute personne peut appeler pour poser certains problèmes. Par ailleurs, il y a également la loi sur la concurrence qui sera mise à jour et sur laquelle nous sommes en train de travailler pour que nous ayons une commission de la concurrence. Ce que le Président de République a renommé dans son programme, Commission de la Concurrence et de la lutte contre la vie chère, pour que toutes les pratiques anticoncurrentielles et les opérateurs véreux soient combattus dans le respect des règles.
Régulation des prix et politiques keynésiennes
On voit qu’il y a beaucoup plus de keynésiens et beaucoup plus d’interventionnistes que de libéraux. Sérieusement, il y a des choses qui sont dites et qui ne sont pas justes. D’abord, si vous suivez le débat sur le dernier crash aux Etats-Unis et tous les discours des Chefs d’Etat, on parle de régulation de la finance, on parle de limiter tout ce qu’il y a comme rémunération de tous les intervenants sur les marchés. Je crois que ce n’est pas par hasard. C’est parce que si on laisse les choses librement, à un moment donné, elles peuvent déraper. Et quand elles dérapent, c’est déjà trop tard. C’est pour cela qu’il y a l’Etat. Je pense que si vous voulez parler du succès du libéralisme, vous êtes dans la période de Tacher. Et de plus en plus, il y a une approche mixte. Parce que dans le keynésianisme, il ne faut pas voir rien que l’aspect interventionniste mais, simplement, l’Etat par ses actions, relate l’activité économique par des grands investissements. Ce que nous sommes en train de faire actuellement, c’est de faire en sorte pour que l’économie reparte. Mais si elle doit repartir et que nous n’avons pas de routes pour aller à San-Pedro, aucun investisseur dans le domaine du tourisme ne va y s’installer. Les Ivoiriens qui, pendant les vacances, ont l’habitude d’aller à Sassandra ou à Vavoua, n’iront pas parce que la route n’est pas bonne, parce qu’il y a des risques d’accident ou d’usure de leurs véhicules. Mais qui va investir dans la route ? L’Etat prend des initiatives. Il y a des routes qu’on peut concéder. Et ce sont des schémas sur lesquels nous sommes en train de travailler. Mais pour tout ce qui est des investissements qui servent de support de façon générale, l’Etat est obligé, soit de servir de garant, soit de réaliser l’investissement ou créer un cadre aux opérateurs qui peuvent juger de la rentabilité de l’opération pour s’engager. Il y a des exemples : Le cas de la Centrale d’Azito, il y a également le troisième pont d’Abidjan qui doit être réalisé par le privé. Il y a des choses que l’Etat doit faire absolument. C’est l’Etat qui est présent mais, ce n’est pas un Etat interventionniste. Et les mots utilisés sont très clairs. L’Etat ne contrôle pas les prix, mais les surveillent. Il s’agit bien d’un gouvernement de libéraux. Le Président Alassane Ouattara est libéral. Les partis qui composent le RHDP sont libéraux. Le Président Houphouët- Boigny l’a dit, «c’est un libéralisme à visage humain». Il ne s’agit pas de faire de la libéralisation, un objectif. C’est ce que cela peut nous apporter en termes de performance des opérateurs privés pour pouvoir atteindre nos objectifs. Mais on ne peut pas en faire un objectif en soi. Toutefois, sachez que nous sommes des libéraux. Dans la réalité de l’économie, c’est que nous sommes obligés de relancer l’économie quand le privé n’est pas là. Déjà, vous observez que lorsqu’on relance les travaux routiers, ce ne sont pas les sociétés d’Etat qui les exécute. L’Etat finance certes, il fait un appel d’offre et ce sont les entreprises privées qui viennent travailler. Dans certains pays, ce sont des sociétés d’Etat qui exécutent les travaux. Par le passé, en Côte d’Ivoire, ce sont les structures publiques qui avaient les contrats et qui faisaient les travaux. Mais, ici, l’Etat met en place les mécanismes, il peut emprunter comme financer en direct ou bien il peut le faire en BOT et ce sont les opérateurs privés qui exécutent ces travaux.
La problématique de la qualité des produits disponibles sur le marché
Dans la situation actuelle, c’est le problème de vérification des importations. Il y a un contrôle des produits qui sont importés en Côte d’Ivoire dans un cadre normal. Mais évidemment, les produits frauduleux ne subissent pas ce contrôle. Et comme nous avons un pays qui a une façade maritime, mais nous avons les trois côtés qui sont des parties continentales où des gens peuvent rentrer avec des produits à l’insu de la Douane et de tout le monde. Ici, c’est à partir de sondage, que les constats sont faits et que les sanctions sont prises. Mais à ce niveau, beaucoup reste à faire. Vous savez que cette situation de crise que la Côte d’Ivoire a traversée depuis dix ans a favorisé beaucoup de comportements. Et il faut que ces comportements s’arrêtent pour ne pas tuer l’économie ivoirienne. La semaine dernière, nous avons eu une réunion et ce qui ressortait, c’était la préoccupation de nos directeurs régionaux et départementaux sur la présence massive des produits frauduleux sur le territoire ivoirien. Les consommateurs, le ministère du Commerce, le ministère de l’Economie et des finances au travers de la Douane et les forces de l’ordre, nous devons tous travailler pour ne pas que les produits frauduleux viennent tuer notre économie. Mais en même temps c’est une interpellation faite à l’endroit des acteurs. D’après les informations que nous avons recueillies dans les marchés, par exemple en matière d’huile, l’huile qui est sur le marché ivoirien est de très bonne qualité. Et des gens importent de l’huile frauduleuse qui n’est pas de bonne qualité et qui peut aussi créer des conséquences en matière de santé publique. Il faut bien sûr informer les populations, les sensibiliser parce que je suis persuadé que si les gens savent les conséquences qu’il y a à consommer des produits qui ne sont pas de bonne qualité, peuvent aussi éviter de les consommer.
Questions et réponses (III)
Touré Youssouf (L’IA) : Il semble bien que des produits fabriqués ici soient vendus moins chers dans des pays de la sous-région qu’en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens veulent en savoir en plus…
Irène Bath (L’Inter) : Quelles sont les mesures répressives pour ceux qui n respectent pas les conventions ?
S. Débailly (L’IA) : Quelles sont les mesures que le gouvernement entend prendre pour une meilleure commercialisation du cacao ivoirien ? Et puis, est-ce qu’aujourd’hui le franc CFA est-il à l’abri d’une autre dévaluation ?
Coûts excessif des produits vendus localement qu’ailleurs, dans la sous-région : Nous sommes en train de travailler sur le sujet. Nous infirmons ce que vous avez dit. Parce que, quand on prend le kilogramme de la farine par exemple, au Burkina Faso c’est 500 F CFA, à Abidjan, avec le dernier relevé, on était entre 275 et 550 F CFA et à l’intérieur du pays, on était entre 375 et 700 F CFA. Et au Sénégal, c’est presque dans le même ordre qu’au Burkina Faso. C’est aussi la même situation au niveau de l’huile. L’huile Dinor, 90 centilitres, au Mali c’est 1200 F CFA, au Sénégal c’est entre 1250 et 1450 F CFA, à Abidjan, en juillet c’était entre 1000 et 1200 F CFA, en août entre 990 et 1190 F CFA. Le dernier relevé c’est entre 900 et 1250 F CFA. A l’intérieur du pays entre 850 et 1300 FCFA. Mais il y a quand même un produit pour lequel on a eu des informations lors de la conférence des étudiants de l’INHP, le ciment. Nous allons investiguer pour en comprendre les raisons et savoir s’il s’agit de raisons qui répondent aux exigences de l’économie libérale ou bien s’il s’agit de faire beaucoup de profits. Si c’est le cas, comme je vous l’ai dit, notre procédure d’approche nous permet de travailler en toute transparence avec les opérateurs et faire baisser les coûts. J’ai été surpris de voir que sur certaines denrées, les marges commerciales sont relativement faibles et que les problèmes sont ailleurs. Il faut traiter les problèmes en amont. Il y a des mesures qui ont été prises dont vous sentirez les impacts, mais ce sera certainement dans un mois. Nous travaillons sur la transparence et le traitement équitable des opérateurs.
►Les mesures répressives : Bien sûr, il faut lever les obstacles de ce qui est racket et autres, mais aussi faire en sorte que nos collaborateurs aient un bon comportement sur le terrain. Je vous ai expliqué tout à l’heure les points qui font l’objet de contrôle, la fiabilité des appareils, l’analyse de la qualité. Il y a aussi qu’il faut voir si ce sont des produits frauduleux qui ont été dûment autorisés à rentrer sur le territoire ivoirien. Sur ces aspects, la loi prévoit des sanctions au plan financier et même jusqu’à la privation de la liberté de la personne. Mais tout cela est graduel. Nous sommes en train d’appliquer ces choses et je suis persuadé que les agents qui y travaillent sentiront l’impact de ces mesures sur eux-mêmes.
Meilleure commercialisation du cacao ivoirien. Problématique de la dévaluation du FCFA
Vous avez posé deux questions importantes sur la commercialisation du cacao en Côte d’Ivoire. Nous travaillons activement sur ces dossiers. Avec le ministère de l’Agriculture, nous sommes en train de travailler sur les réformes. C’est un sujet que nous maîtrisons suffisamment pour que nous puissions faire des propositions pertinentes au gouvernement pour que là où nous sommes performants, nous puissions maximiser tout ce que nous avons comme force pour pouvoir faire bénéficier tous les acteurs de la filière café-cacao. Pour la question monétaire, je pense qu’il faut travailler sur certains éléments majeurs. La Côte d’Ivoire connaît aujourd’hui des excédents importants en matière d’exportation des produits de base que sont le café et le cacao. Même avec l’anacarde aujourd’hui on est à un niveau important. Ces exportations nous donnent des devises et ce sont ces devises-là qui consolident aussi notre monnaie. Si l’économie ivoirienne ne fonctionne pas, si nous n’exportons pas, on prive la Banque centrale d’autant de devises. Les perturbations que nous avons vécues ne sont pas bonnes, mais heureusement qu’elles ont vite été contenues. Vous savez que le Président de la République avait pris des mesures pour interdire l’exportation du cacao ivoirien. Quand vous interdisez l’exportation du cacao et que ce volume est là, quand il est exporté, il consolide la monnaie. Ce sont des éléments importants sur lesquels il ne faut pas jouer. Donc l’exportation frauduleuse du cacao ou des produits ivoiriens jouent contre l’économie ivoirienne et joue contre le franc CFA. Et chacun dans les actions qu’il pose, doit avoir cela à l’esprit. Parce que dans la zone franc, la règle, c’est que vous avez un mois pour rapatrier le fruit des vos exportations. Vous n’avez pas le droit, quand vous exportez vous vivez du fruit de vos exportations en dehors de la zone franc. Cela doit revenir pour consolider la monnaie. Parce que quand ça revient, la banque vous donne le franc CFA et les devises équivalentes sont donc soit à la banque comme des réserves auprès de la Banque centrale ou des réserves de la Banque centrale pour le pays qui a une position créditrice en devise. Donc l’activité économique en Côte d’Ivoire, en termes d’exportation est une activité importante pour soutenir le franc CFA. Aujourd’hui, c’est vrai qu’avec le chômage, la réduction du pouvoir d’achat, on peut dire que la situation est un peu difficile, mais quand on observe de façon absolue les prix, on constate qu’ils sont relativement bas par rapport à leur niveau de 2008. Donc voilà les situations. L’inflation est une donnée majeure au niveau de la monnaie. Il faut gérer la monnaie de sorte à ne pas créer l’inflation. A ce niveau, je crois que la politique monétaire de la BCEAO est anti-inflationniste et elle lutte véritablement contre l’inflation. Puisqu’elle est déconnectée même de la volonté des gouvernants à vouloir faire la monnaie indépendamment des acteurs réels. Je pense qu’au niveau du franc CFA, le préalable, c’est la paix en Côte d’Ivoire, dans l’UEMOA et veiller à ce que nos produits soient exportés dans de bonnes conditions et d’éviter la fraude. Si l’économie fonctionne et qu’on exporte normalement, je pense que le fait de pouvoir avoir des réserves suffisantes pour couvrir les besoins en importation au-delà de 6 mois, ne devrait pas être une chose difficile pour la Côte d’Ivoire et pour les pays de l’UEMOA. Le franc CFA se porte bien et nous sommes très heureux de le dire puisque vous savez qui est le Président de la République. Ce sont donc des questions qui sont suffisamment maîtrisées.
Mot de fin
Je voudrais vous saluer pour cette occasion que nous donne l’Intelligent d’Abidjan, dire merci à toute la presse, à tous les opérateurs qui sont là, aux honorables députés. Je voudrais vous rassurer que nous travaillons de façon déterminée sur la hausse des prix des produits de première nécessité. Et le Président Alassane Ouattara et le Premier ministre Guillaume Soro tiennent à ce que des résultats tangibles soient donnés. Nous n’avons pas intérêt à ne pas présenter les choses telles qu’elles le sont. Parce que si vous biaisez la réalité, elle va vous rattraper. Donc, ce que nous faisons, c’est vraiment une analyse fouillée et détaillée des choses pour que les mesures soient appliquées et qu’on constate la réduction du coût de la vie et qu’on empêche la hausse des coûts. Vous savez, nous avions un défi. C’était que les prix devraient s’emballer et de façon saisonnière. Cette période-là, c’était une période de tension à la hausse. Je pense que nous avons réussi à relever ce défi. Mais je ne suis pas encore satisfait. Les opérateurs économiques doivent encore réduire leurs marges pour que les Ivoiriens soient plus à l’aise. L’inflation a été contenue, mais je pense que nous pouvons encore faire mieux et c’est ce que le Président de la République et le Premier ministre nous ont donné comme instructions. C’est de veiller à ce que les choses se passent bien. Ce n’est pas seulement à Abidjan. C’est pour cela que j’ai demandé aux directeurs régionaux et départementaux de travailler de façon consciencieuse. Ces tableaux, chacun a exposé et on a passé en revue les données qu’on a communiquées et les problèmes qu’il a soulevés. Très souvent quand ce n’était pas complet, ils s’en sont rendus compte et nous pensons que les corrections seront faites et qu’ils savent dorénavant que le travail qui est fait à Odienné, Man, Ferkessédougou, Bouaké, San-Pedro, Soubré, etc. sera détaillé. Si vous posez une question, j’ouvre un dossier et je vous dis ce qui se passe dans telle localité. C’est comme ça que nous voulons travailler. Ces éléments vont être très bientôt disponibles sur notre site internet. Nous sommes en train de réfléchir comment en faire une publication périodique pour que les Ivoiriens puissent les consulter. Ceux qui pourront aller sur internet pourront y voir dans les détails tous les prix et pourront y réagir. Nous tenons également à ce que les journalistes et même les associations de consommateurs parlent le même langage avec nous. Sachez que le combat que nous menons n’est pas le combat contre le gouvernement. C’est le combat avec le gouvernement contre la vie chère. Et je voudrais inviter tout le monde dans ce combat contre la vie chère dans l’intérêt des Ivoiriens, mais aussi des opérateurs économiques. Notre objectif, ce n’est pas de tuer les opérateurs économiques. Nous voulons qu’ils travaillent, mais en respectant les marges conventionnelles et en se disant aussi qu’il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or. Je vous remercie.
Propos retranscrits par David Yala, Aymar Dédi., Armand Kouamé., Larissa Gbaguidi. Raymond Dibi. Franck Ouraga.
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