Par L’Inter
Il est peu prolixe et parle rarement à travers la presse. L’ex-directeur général de l’Institut national de la statistique, le Pr. Mathieu Meleu a cependant décidé de s`exprimer. Ses préoccupations, une mise au point sur une affaire portant sur un trou de 5 milliards découvert après son départ de la structure qu`il a dirigé pendant 9 ans. Une occasion pour nous de lui arracher quelques mots sur les opérations conduites sous sa direction dans cet entretien qu`il nous a accordé en exclusivité.
M. Meleu, une affaire portant sur un trou de 5 milliards a été révélée par vos successeurs après votre départ de l`INS. Qu`en est-il exactement ?
Avant de répondre à cette question, je voudrais préciser que je n`ai pas l`habitude de réagir dans la presse. Mais, j`ai décidé de le faire aujourd`hui pour trois raisons au moins. La première, c`est que des propos tendancieux portant sur un trou de plus de trois milliards portent nécessairement une sorte de discrédit à l`honorabilité du Directeur général sortant que je suis. La deuxième raison, c`est qu`à la demande du gouvernement Ouattara, un audit ciblé sur des périodes est en train d`être effectué dans pratiquement toutes les entreprises à participation publique. Aussi, si des précisions ne sont pas données à de tels propos, ils peuvent être susceptibles d`orienter l`audit en question ou d`en influencer le résultat. Enfin, la troisième raison, c`est qu`en disant qu`on a découvert un trou de 5 milliards, nécessairement le DG sorti doit en avoir un peu par devers lui. Ce qui peut aiguiser l’appétit des gens qui cherchent de l`argent. Ça peut créer un problème sécuritaire. La preuve, en ce qui concerne cette affaire, après la parution de l`article qui en parle le samedi (ndlr: le 20 août dernier), le dimanche à mon domicile, j`ai eu la visite de deux individus armés qui sont venus nous brutaliser et nous menacer, certainement pour venir prendre de l`argent. On a passé un quart d`heure difficile. N`eut été la présence d`un certain nombre de jeunes garçons, ça aurait été difficile. Ils voulaient absolument avoir accès à ma chambre. On a résisté, et finalement, ils sont partis précipitamment en emportant un véhicule que, Dieu merci, on a retrouvé après. Voyez donc que je suis obligé de donner les précisions pour ne pas que des gens continuent de penser que j`ai beaucoup d`argent ici à la maison. C`est une question sécuritaire. Pour ces trois raisons-là, j`ai décidé de réagir.
Que dites-vous alors du trou de 5 milliards dont il est question après votre gestion?
On ne peut pas du tout parler de trou de 5 milliards. On pourrait parler de trou si l`INS a reçu de l`argent, et dans la gestion, il y a des sommes dont les montants n`ont pas pu être justifiés ou dont les justifications données ne sont pas correctes. Ce n`est pas du tout le cas. Les 5 milliards en question ( je ne sais pas si le chiffre est totalement exact), c`est ce qu`on appelle les dettes sociales de l`entreprise. Quand on paye les salaires, normalement, il y a les charges sociales qui sont associées: les impôts sur salaires, les cotisations de la caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) si ce sont des agents privés ou de la caisse générale de retraite des agents de l`Etat (CGRAE), si ce sont des fonctionnaires. Parce qu`à l`INS, on a les deux catégories d`agents. Si la subvention que l`Etat donne est suffisante, en payant les salaires, on reverse en même temps aux impôts, à la CNPS et à la CGRAE les montants de ces charges. Mais, ce qui arrive, et cela concerne pratiquement toutes les entreprises à participation publique, c`est ce que l`Etat a à payer aux agents. La masse salariale qu`il vise, c`est le net à payer. Du coup, ce qui reste à verser au titre des cotisations ou des impôts n`est pas payé. Il reste sous forme de dettes, et ça s`accumule d`année en année. Donc, ce dont on parle-là, c`est un cumul qui couvre plus d`une décennie.
Avant votre nomination?
Oui, mais ce qu`il faut préciser, c’est qu`ils notent un cumul qui concerne depuis la période de 1999 jusqu`à maintenant. Mais, il se trouve qu`alors qu`on en parle comme si c`était une dette laissée par le Pr. Meleu Mathieu, on se trouve dans une situation où mon successeur a été mon prédécesseur de la période 2000 à 2002. Donc, en réalité, les dettes en question nous concernent nous tous. Je ne veux pas dire que nous sommes responsables, parce qu`il s`agit tout simplement que l`Etat n`a pas donné les montants qu`il fallait que ces dettes se sont accumulées. Donc, ce ne sont pas des choses attribuables à Meleu Mathieu tout seul. Celui qui a parlé est tout aussi concerné que moi.
Pour avoir géré l`INS juste avant vous, vous voulez dire?
Il faut être clair, je ne suis pas en train de me défendre pour dire qu`il y ait eu une intention de me salir à la réunion dont j`ai eu écho par la presse. Mais, moi, je donne des précisions pour que les gens comprennent très bien que quand le chiffre a été donné, le contenu n`a pas été explicité comme je viens de le faire. Du coup, ça crée des confusions. C`est cette confusion-là que je tiens à lever.
Cette dette ne compromet-elle pas la retraite des agents concernés dans vos services?
Bien entendu! C`est pourquoi on traite ces dettes. On ne les laisse pas comme ça. C’est un cumul, mais ça ne veut pas dire qu`on ne rembourse rien du tout. Quand on peut, on rembourse ces dettes. J`en ai remboursé, et il y a même des moratoires qui sont en cours avec la CNPS et la CGRAE. Parfois, ce qu`on fait, c`est qu`on essaie de voir si l`Etat ne peut pas voir s`il peut pas prendre en charge ces dettes et leur trouver une solution. Ce qu`il faut bien noter, c`est que ça concerne quasiment toutes les entreprises. Ailleurs, les montants sont parfois très énormes, notamment dans les entreprises où les effectifs sont élevés comme à la SOTRA, le BNETD, etc.
Est-ce que l’INS fait des recettes?
Oui, l`INS, en tant que société d`Etat, fait des recettes. Mais, il se trouve que l`INS produit un bien généralement public. Ce sont les statistiques que toute la société économique, dans son ensemble, utilise. Généralement, les coûts de production sont très élevés, et vous ne pouvez pas vendre ces produits à leurs coûts de production. C`est pourquoi c`est l`Etat qui finance. Toutefois, il y a quelques services qui sont vendus comme les enquêtes commanditées, qui permettent d`avoir des recettes. Mais, ces recettes sont minimes par rapport aux besoins nécessaires pour la production des statistiques officielles. Le personnel permanent est là et il faut y faire face. Mais, le problème est que l’INS étant une société d’Etat, ce qui aurait permis de régler ces problèmes, c’est d’avoir une convention plus explicite entre l’Etat et l`institut. Dans cette convention, généralement triennale, tous les besoins de l’Etat sont correctement répertoriés et les coûts pour faire face à ces besoins sont bien calculés. Si c’était le cas et qu’on fonctionnait dans ce cadre, si ces problèmes de dette sociales se posent, ce sera la responsabilité des dirigeants. Mais ce n’est pas le cas. Ce sont juste des subventions d’équilibre qu’on nous donne et on nous demande de chercher des compléments. Et dans le cas de l’INS, depuis que j’ai pris fonction, ces subventions d’équilibre diminuent d’année en année. On est parti de 1,45 milliard à 500 millions de F. CFA aujourd`hui. Donc ça diminue alors que les charges salariales sont pratiquement constantes. Que faire donc? La seule manière de réduire les charges, c’est de licencier les gens. Une mesure difficile à prendre et coûteuse parce que là aussi, il se posera un problème de trésorerie pour payer les droits des licenciés. Donc on est dans un engrenage. Je pense que ce sont des choses à présenter différemment que de peut-être vouloir les orienter ou d’incriminer quelqu’un. Ces dettes sont structurelles. Pour s’en sortir, il faut aller vers une convention entre l’Etat et l`INS. De façon très claire, on dit qu’on a besoin de tel produit, mais pour le faire, voilà les moyens qu’il faut et on convient de cela.
Peut-on avoir une idée de l’état de l’INS à votre arrivée et à votre départ?
J’ai entendu dire que depuis 9 ans, il n’y a pas de production statistique. Ce n’est pas exact, parce que quand je prenais l’INS, il y avait un certain nombre de productions qui étaient en retard. Les comptes de la nation étaient en retard de 3 ans, la centrale des bilans ne paraissait plus et il y avait un retard d`environ 4 ans avec une difficulté majeure parce qu`entre-temps, on avait changé le système comptable. Donc l’environnement devrait être changé. Donc j’ai trouvé ces situations, mais quand je suis venu, j’ai mis en place des plans de redressement et le 28 juin 2011, je suis parti en laissant les comptes de la nation quasiment sans retard puisque les comptes de 2009 et 2010 vont être produits. Concernant la centrale des bilans aussi, il n’y a pas de retard, parce que régulièrement on fait des rattrapages. Les indicateurs de conjoncture, c`est-à-dire l`ISPC (Indices de prix à la consommation servant à calculer l`inflation) et IPI (Indices de production industrielle) sortent régulièrement sans retard. D`ailleurs, ce sont des données communautaires. Dès qu’il y a un retard, l’UEMOA réagit, donc il n’y a pas de retard. Les données économiques et sociales essentielles de l’INS sont produites régulièrement, malgré la pression que nous avons subie sur la production de la liste électorale. Malgré tout, l’INS a réussi à faire face à sa mission régalienne. Donc il n’y a pas de retard. Bien entendu, il reste des choses à faire. Il faut activer la production des statistiques dans les différents ministères. Cela reste à faire, mais on élabore un document qui s’appelle “la statistique nationale de développement des statistiques“, qui va donner le cadre. Il est prêt et a été déposé sur la table du gouvernement. Le nouveau directeur doit s’atteler à ce que la production dans les différents ministères soit vraiment une réalité. Ce défi est à relever. Il y a la loi statistique qui est complètement élaborée et a été adoptée par le gouvernement. On l`a présentée deux fois à l’Assemblée nationale et elle n’a pas été facile compte tenu de la non-disponibilité des députés. A la passation des charges, j’ai proposé que cette loi passe par ordonnance. Là ça ira beaucoup plus vite. Donc, il reste des choses à faire, beaucoup à faire. Mais ce n`est pas exact de dire que depuis 9 ans, il n y a pas de production statistique.
Vous n’avez pas parlé de l’état des caisses…
Effectivement j’ai entendu que quand mon prédécesseur et successeur partait, il a laissé dans les caisses 1,5 milliard et aujourd’hui, moi je vais en laissant 27 millions. Cela n’est pas juste, parce que lorsqu’il partait, les 1,5 milliard dont on parle – si c`est exact – ce n’est pas la richesse de l’INS. Quand il partait, il y avait un projet en cours qu’on appelle projet d’identification avec la société SITEL. Donc, il était entendu qu’on devait avoir un certain montant pour réaliser ce projet. Ça ce n’est pas l’argent de l’INS, c’est de l’argent qui a été mis à la disposition de l’INS pour la réalisation du projet. C’est quand on a fini de réaliser le projet qu’il y a un surplus qu’on peut considérer comme de l’argent de l’INS. Il y a aussi qu`il avait fini de faire le projet de recensement général de la population et des habitations. Il restait à la banque un montant d’environ 300 millions. Mais, cette somme était l’argent de la Banque mondiale. Et selon la convention, l’argent qui n`est pas utilisé doit retourner à la Banque mondiale. Je me souviens très bien que j’ai fait retourner à la Banque mondiale exactement 278 millions, parce que ce n’était pas notre argent. Donc on ne peut pas prendre les montants des projets à réaliser et des sommes attendues pour dire qu’on a laissé dans les caisses ou dans la banque 1,5 milliard à son départ. Si j’avais fait les mêmes choses, j’aurai dit aussi que j’ai laissé à l`INS 1,7 milliard. Moi, je ne peux pas raisonner de cette façon. On ne cumule pas l’argent des projets à réaliser et considérer ça comme argent disponible.
Monsieur le directeur, quel motif vous avait été signifié lors de votre démission de l’INS?
Ma démission, je n’en fais pas un problème. Il y a eu un changement politique majeur, et quand ça arrive, il peut y avoir ce type de changement. Donc, ça me paraît tout à fait normal, d’autant plus que je suis resté 9 ans à la tête de l’INS. On change un peu les choses, et ce n’est pas mon problème. Sinon rien de particulier ne m’a été signifié, donc je n’ai pas d’explication particulière à donner. De toutes les façons, ce n’est pas un problème pour moi. Je suis statisticien de formation, économiste aussi, et je suis prêt à collaborer avec le nouveau directeur pour relever un certain nombre de défis, pour l’amélioration de la production des statistiques et accroitre la production dans d’autres domaines. Parce que chaque jour, il y a des domaines qui se créent.
La politique n’a-t-elle pas eu raison de votre tête, vous qui êtes considéré comme un partisan de Laurent Gbagbo?
Je ne peux pas être à la place de ceux qui ont pris la décision. Ce que je peux dire, c’est que nous avons travaillé pour la sortie de crise sur un projet extrêmement important: la confection de la liste électorale et d’autres documents qui permettent d’organiser les élections. Ce qui est reconnu aujourd’hui est que, après avoir porté des critiques à l’INS quant à sa partialité dans la confection de la liste électorale, à la fin, tout le monde a reconnu que l’INS a travaillé de façon professionnelle avec Sagem. Les résultats obtenus, c`est-à-dire la liste électorale, les cartes d’identité, les cartes d’électeur qui ont été produites, ont été certifiées et acceptées par le gouvernement et par la communauté internationale. Je pense que nous avons travaillé dans le sens purement républicain. C`était l’onption que j’avais prise personnellement. Ce qu`il ne fallait pas faire, c’est de faire un travail partisan. Il fallait un travail absolument rigoureux et assez clair dans sa conception. Une liste électorale, ceux qui sont dessus sont des Ivoiriens qui ont plus de 18 ans. Même si on dit que je suis un partisan de Gbagbo, nous avons évité que ceci influence notre travail qui est aussi important, la confection de la liste électorale. Mais pourquoi ils ont pris la décision de me démettre ? Je n`en sais rien et cela ne me pose pas de problème.
Vous aviez annoncé 9 millions d`électeurs. Au finish, il y a eu un peu moins de 6 millions d`électeurs. Qu’est-ce qui explique ce décalage?
Il faut dire que les élections en Côte d`Ivoire ne sont pas une obligation. Donc, il n’y a pas d’obligation à ce que quelqu’un soit électeur. Il peut se présenter sur la liste électorale ou ne pas le faire. Ce sont des évaluations que nous avons faites par rapport à la population et au recensement général de la population et de l’habitation. Ce que nous avons présenté comme liste électorale, ce sont des individus qui se sont présentés après traitement informatique. Je ne dis pas que la liste est parfaite, mais il y a eu de nombreux obstacles. L’état de notre Etat civil, les pressions de toutes sortes, des gens qui aiment la Côte d`Ivoire et qui voulaient forcément passer par là, etc. Mais, on a suffisamment suivi le processus, on a fait la liste compte tenu de tous les obstacles qui étaient dressés devant nous.
Comment a été la collaboration avec SAGEM?
Au départ, la collaboration n’était pas facile. Il y avait d’abord un problème de choix technologique; Sagem utilise le dédoublement par les empreintes digitales, l’INS avait opté par les photos numériques. Donc il y avait ce problème et d’autres considérations, mais dans le mode opératoire, on a décidé de travailler de façon rigoureuse et dans la mise en œuvre, on est tous allé dans ce sens très rapidement. Nous nous sommes compris et on a travaillé dans une très bonne ambiance. Aujourd’hui, ça se dit que l’INS a reçu beaucoup d’argent, 28 milliards, pour faire la liste électorale, les gens font des parallèles avec ce chiffre. Mais si on regarde de très près le mode opératoire et le temps qu’on a passé pour faire ce travail, on comprend pourquoi ces montants sont aussi élevés. Il faut savoir aussi combien notre partenaire Sagem a eu aussi pour faire la comparaison. Ce n’est rien ce que l`INS a reçu, comparé à la Sagem. La vérité, c`est que c’est le choix fait qui a coûté cher. Il nous aura fallu acheter 6000 ordinateurs, 3000 imprimantes, 3000 appareils photos numériques, 1500 groupes électrogènes, 4000 stabilisateurs, tout le système ABIS, et puis la licence, etc. C’est-à-dire que le matériel même pour faire le travail a coûté extrêmement cher. Il y avait un nombre impressionnant d’agents déployés sur le terrain partout à l’intérieur comme à l’extérieur, les billets d’avion,etc. Dans tous les cas, pour éviter ces suspicions, avant de partir, nous avons fait un rapport spécial sur la confection de la liste électorale retraçant tous les détails, toutes les conventions signées, tous les décaissements, les dépenses… Tout a été traité. J’ai remis à mon successeur et il ressort qu`après tout ce qu’on a fait selon la convention, l’Etat nous doit aujourd’hui 777 millions de F. CFA qu`on peut considérer comme un bénéfice pour l’INS.
On annonce les législatives pour d’ici au mois de décembre prochain. Doit-on corriger la liste électorale comme certains le préconisent?
Je ne suis plus à l’INS et je ne sais pas comment ils vont gérer les législatives. Mais quand même ce que je peux dire, il y a au moins un point qui est resté en suspens. Pour changer un peu la liste, il y a globalement 41000 personnes qui sont concernées par le ré-enrôlement. Ce sont des personnes pour qui il n’y a pas eu de concordance dans les informations recueillies. On ne peut pas dire que ces individus ont été vraiment identifiés. Soit la photo n’est pas apparue correctement, soit il y a la photo de quelqu’un d`autre sur le nom d’une personne. Ça c’est des choses qui arrivent. La responsabilité incombe à la technique. En son temps, on avait déjà décidé et cela a fait l’objet de réunion à Ouagadougou, qu’après les élections présidentielles, il faut corriger cela avant d’aller aux législatives. C’est reconnu dans le mode opératoire et dans l’accord de Ouagadougou. Donc ce qui apparait obligatoire, comme modification à faire, c’est le ré-enrôlement de ces 41000 personnes. Maintenant, d’autres décisions peuvent aussi suivre.
Comme l`intégration par exemple des nouveaux majeurs de 18 ans, la purge de la liste avec les nombreux déplacés et les morts…
Si on suit cette direction-là, je ne pense pas qu’ils pourront faire ces élections à la date indiquée. Parce qu`il s`agit d’ouvrir à quelque chose d’autre que ce qui est dans le mode opératoire. Par exemple dès qu’on dit qu’on intègre ceux de 18 ans maintenant, en 2010, il y a des gens qui n`ont pas pu se faire enrôler qui vont demander à le faire en même temps. Donc, ça pourrait créer d`autres problèmes. Mon avis, c’est qu’il faut s’en tenir juste à ceux qui n’ont pas pu être correctement identifiés. C’est du fait des responsables techniques.
Vous sentez-vous un peu responsable de la crise post-électorale, après toutes les péripéties pour confectionner la liste électorale dans la cohésion?
Non, pas du tout. De façon institutionnelle, non. Puisque nous avons fini de faire la liste, nous avons remis tous les documents au maître d’ouvrage qui était la Primature qui, elle, les a remis à la CEI. Ces autorités ont accepté la liste et les cartes d’électeur. La communauté internationale, c`est-à-dire l’Onu qui était là, a certifié cette liste. Donc la crise est venue dans l’organisation des élections sur le terrain. On peut dire que nous ne sommes pas responsable de ce qui s’est passé sur le terrain.
Après l’INS, que devient le Pr. Mathieu Meleu?
Je suis ingénieur statisticien, je suis professeur agrégé en Economie. Après l’INS, je vais retourner à l’université où on m’attend d’ailleurs. Je voulais être à l’INS et continuer à donner mes cours à l’université comme je le faisais dans mes débuts. Mais, c’est lorsque le projet de la liste électorale est venu prendre tout notre temps que ça n’a pas été possible. Donc je vais reprendre certainement mes enseignements et je suis aussi membre intuitu personæ des politiques monétaires. Je vais continuer à aller là-bas et regarder comment fonctionne notre association, prendre part à un certain nombre de décisions, donc reprendre mes activités antérieures.
Des ambitions politiques?
Pour le moment, je n’ai pas calculé les choses comme ça. Les ambitions politiques, pourquoi pas et pourquoi oui maintenant, ? Je n’en sais rien. Mais ce qu’il faut savoir c’est que dans cette crise, depuis le début jusqu`à maintenant, l’ouest a été particulièrement détruit. Nous aujourd’hui, notre problème c’est comment créer le climat de sécurité pour que les gens puissent se parler, se regarder. Parce que si tout cela n’est pas correctement fait, vouloir se lancer dans la politique là-bas pour faire quoi? Si vous êtes président du Conseil général et que vous ne pouvez pas avoir les moyens de travailler, ce n’est pas la peine. Ce n’est pas le salaire que vous allez percevoir qui est important. Pour le moment, il faut regarder les choses venir et après, on va tous apprécier. Il y a encore des plus jeunes que moi qui peuvent avoir aussi des ambitions, donc pour moi, je n’ai pas une idée arrêtée par rapport à ces problèmes.
Pour vous aujourd’hui, que faut-il pour que l’Ouest revive?
(Long soupir). Je crois que moi, J’étais là pour porter des précisions techniques sur ce qui s’est passé à l’INS. Je souhaite que l’ouest revive. Mais concernant la stratégie pour y arriver, c’est le travail des autorités en place.
Votre vision et vos propositions pour la réconciliation nationale?
La vision de la réconciliation doit être donnée et mise en œuvre par celui qui a été nommé pour ce travail. Je voudrais dire comme dernier mot, que je suis parti de l’INS tranquillement, sans faire de mécontent, je suis toujours à la disposition de l’INS. Je suis statisticien de formation et j’ai dirigé cette institution pendant 9 ans, si je suis sollicité pour donner quelques conseils, je pourrai le faire. Mais je pense qu’il faut éviter d’aller dans le sens des choses qui peuvent créer des confusions dans l’esprit des gens. C’est pourquoi je suis intervenu pour donner des précisions sur cette affaire de trou de 5 milliards. Cet argent en question est une somme virtuelle, comme je vous l’ai expliqué. C’est un montant qui n’est jamais venu à l’INS ni sous forme de chèque ni en espèce. C’est de l’argent qui devait venir mais qui n’est jamais venu. Donc on ne peut pas parler de trou. Il faut que les gens comprennent et évitent de venir chercher leur part chez moi. Ils ne trouveront rien.
Entretien réalisé par Félix D.BONY
Coll: Ismaël Diaby (Stg)
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