Par Hamadou ZIAO –
C`est connu depuis le week-end dernier, les Forces républicaines de Côte d`Ivoire (Frci), la dénomination donnée à la nouvelle armée ivoirienne par le président Alassane Ouattara, deviennent désormais les Forces armées nationales de Côte d`Ivoire (Fanci). A l`issue d`un séminaire de deux jours, les jeudi 1er et vendredi 2 septembre derniers, 50 experts militaires, des officiers et sous-officiers ivoiriens ont décidé de revenir à l`appellation originelle de la grande muette, à savoir les Fanci. « Relativement à la dénomination, des propositions ont été faites. Il s’agit des dénominations suivantes : Armées ivoiriennes (AI), Armées nationales de Côte d’Ivoire (ANCI), Armées républicaines de Côte d’Ivoire (ARCI), Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI). Au terme d’échanges et d’argumentations soutenus, la dénomination de Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) a été retenue tout en laissant éventuellement la possibilité de recourir aux dénominations suivantes par ordre de préférence : FACI et AI », a déclaré le capitaine de vaisseau Martin Gnonsékan, au nom du comité d’organisation et des experts militaires. Ce retour à l`ancienne dénomination devra être confirmé par le Premier ministre, ministre de la Défense Guillaume Soro, et le chef suprême des armées, le président Alassane Ouattara. En attendant, notons-le, l`appellation Fanci va et devra changer beaucoup de choses au sein de la troupe. D`abord, elle va opérer une réelle rupture avec la guerre que la Côte d`Ivoire a traversée depuis septembre 2002. Les Forces de défense et de sécurité (Fds), ex-armée loyaliste, et les Forces armées des Forces nouvelles (Fafn), l`armée de l`ex-rébellion, qui se sont livré bataille avec de sérieuses pertes en vie humaine, ne parvenaient pas encore à s`unir dans une même entité. Les uns se considérant supérieurs aux autres. Un complexe qui n`a pas toujours favorisé la réunification des deux armées durant toutes ces années, même avec l`accord politique de Ouagadougou (Apo). La création par ordonnance des Frci par Alassane Ouattara, proclamé président de la République, n`arrangera pas pour autant les choses. Ensuite, à la faveur de la crise post-électorale, l`inimitié entre les deux forces s`est approfondie. L`issue de la guerre consécutive au contentieux électoral a gonflé à bloc les éléments des Frci, majoritairement composés de soldats de l`ex-rébellion avec des ralliements de militaires de l`armée, les Fds, qui n`avaient pas encore disparu. Plusieurs officiers, sous-officiers, militaires du rang de l`ancienne armée sous Laurent Gbagbo ne se reconnaissaient pas dans la nouvelle armée sous son appellation Frci. Une dénomination que ces militaires pro-Gbagbo considéraient comme un déguisement porté aux ex-rebelles par les nouvelles autorités. Les ex-Fds, dans leur majorité, s`étaient donc braquées et refusaient, selon des sources, de rentrer dans les rangs pour ne pas se faire appeler Frci. Du côté de l`ex-rébellion, il n`était cependant plus question qu`il existe une entité Fds après la victoire militaire qu`ils estiment avoir acquis sur les ex-loyalistes. L`appellation Fanci vient donc réconcilier tout le monde. Elle marque un nouveau départ et fait une large ouverture à tous ces soldats de l`ancienne armée, qui étaient heurtés par le sigle Frci, mais également les ex-Fafn qui ne voulaient plus entendre parler d`ex-Fds. Par ailleurs, les éléments des Frci, dont l`image a été fortement écornée par des actes délictueux, trouveront là l`occasion de se faire une nouvelle image pour un nouveau départ.
Les attentes après le changement
Le changement de dénomination ne suffit pourtant pas. Au delà, il faudra également changer de comportement pour rompre avec le passé douloureux. On est certes passé de Frci à Fanci, mais les éléments qui composent la troupe sont les mêmes. A ce niveau, beaucoup reste à faire. A commencer par le retrait pur et simple des éléments des Frci, ces soldats qui errent dans les rues d`Abidjan, arborant fièrement armes et treillis comme pour dire à tout passant qu`ils ont participé à la guerre. L`Etat devra mettre fin à ce « yéyé » des militaires dans les rues et autres coins chauds de la capitale économique et même partout en Côte d`Ivoire. Si on a décidé de se faire appeler Fanci, alors il faut regarder dans le rétroviseur. A l`époque Fanci, les militaires étaient des mythes, des soldats dans les casernes, qui n`avaient pas de contact direct avec les populations. A l`époque Fanci, des chefs militaires ne régnaient pas sur des parcelles de la ville d`Abidjan ni dans les régions. L`avènement des Fanci doit donc permettre de mettre fin à ce système de com-zone qui a prospéré dans les zones Centre Nord et Ouest (CNO) durant la période de crise. Les comportements doivent aussi changer. Les rackets, exactions, vols, viols, braquages et autres violations des droits de l`homme doivent disparaître du quotidien des Ivoiriens. Pour cela, les policiers et les gendarmes qui sont les forces de maintien de l`ordre doivent monter en puissance. Afin que ces forces soient les seules recours des populations en cas de litige, et qu`elles ne soient pas obligées de faire appel à des militaires pour régler des problèmes de société. L`avènement des Fanci doit permettre de doter les forces de police et de gendarmerie de moyens conséquents de locomotion et d`intervention pour traquer les bandits et mettre de l`ordre dans la cité. La rétrocession des commissariats de police et autres brigades de gendarmerie aux ayants droit, est en ce sens une initiative à encourager et à renforcer. Donc Fanci d`accord, mais…
Hamadou ZIAO
Source: L’Inter
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