Source: Nord-Sud
Au-delà de la question des 41.000 dollars (environ 30 millions F. Cfa) qui leur ont été subtilisés par des éléments appartenant aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), les trois barbouzes français ne seraient pas aussi blancs qu’ils tentent de le faire croire, aujourd’hui.
Quand l’ombre de Robert Montoya plane sur l’affaire des trois barbouzes français arrêtés, le 20 août dernier ! Contrairement à l’image de victimes de vol qu’ils tentent, aujourd’hui, de donner d’eux, Jean-Grégoire Charaux et ses compagnons pourraient, en effet, être les hommes de main du marchand d’armes, Robert Montoya, qui essaie de faire fortune dans le trafic d’armes en Côte d’Ivoire, depuis 2003. Ce sont les propres déclarations de Jean-Grégoire Charaux qui ont trahi le groupe. « J’ai connu les événements de 2004 et là, honnêtement j’ai cru que je voyais les mêmes hommes. J’ai eu peur que l’on me retrouve dans une forêt avec une balle dans la tête », révèle l’officier de gendarmerie à la retraite. Que pouvait-il faire en terre ivoirienne en cette année-là qui a marqué une période charnière dans la crise ivoirienne ? C’est que, selon une source bien introduite à l’Agence nationale de stratégie et de l’intelligence (Ansi), Jean-Grégoire Charaux était déjà en relation d’affaires avec Robert Montoya. Sentant sans doute la mission devenir trop délicate, notamment après le bombardement de la base militaire française de Bouaké en novembre 2004 (qui a fait 9 morts), l’officier se serait éclipsé dans la sous-région, probablement à Lomé. C’est d’ailleurs ce lien avec la capitale togolaise qui permet à notre informateur d’avoir une forte présomption de connexion entre Robert Montoya et la bande à Jean-Grégoire Charaux. Pour rappel, après que les Sukkoi et les Mi-24 fournis par Montoya au régime de Laurent Gbagbo ont bombardé la base militaire française de Bouaké, c’est vers Lomé que les pilotes ukrainiens des appareils ont été exfiltrés. Robert Montoya qui y a sa ‘’base’’ à l’aéroport de Lomé, aurait également, par la suite, transféré les hélicoptères de combats dans la capitale togolaise, pour réparation. Toujours selon notre source, pour continuer à faire tourner ses affaires en Côte d’Ivoire, Robert Montoya, ancien gendarme français, habitué des services secrets, aurait décidé de recruter son compatriote, Frédéric Laffont. Sous le couvert de ses sociétés de gardiennage, Risk et Bgsp, M. Laffont aurait repris en main les business de Robert Montoya, essentiellement le commerce d’armes pour le compte du régime Gbagbo. Finalement, Frédéric se brûlera aussi les ailes lors de la crise post-électorale. Placé sur la liste noire de l’Union européenne, le bras droit de M. Montoya n’aura d’autre choix que de regagner l’Hexagone. Il rentre dans son pays après avoir servi de relais au réarmement du clan Gbagbo par Robert Montoya. C’est d’ailleurs avec ces armes que l’ancien dirigeant ivoirien espérait se maintenir au pouvoir, au terme du scrutin présidentiel de l’année dernière. Elles auraient transité aussi bien par le Libéria que par le Ghana ou le Togo. Pour remplacer Frédéric Laffont à Abidjan, assure notre informateur, Robert Montoya aurait décidé de recruter d’autres gendarmes français, de surcroît expérimentés dans le mercenariat militaire. L’affaire des trois Français appréhendés le 20 août dernier, ne serait pas aussi étrangère au scabreux et juteux business de Montoya. Loin d’être des hommes d’affaires intègres, Jean-Grégoire Charaux et ses deux autres compagnons seraient donc les nouveaux barbouzes choisis par Robert Montoya pour reprendre ses affaires en Côte d’Ivoire. D’ailleurs, selon une source bien introduite au sein des services de renseignements, les colonels à la retraite, Jean-Grégoire Charaux, Jean-Marie Fontaine et l’adjudant à la retraite, Laurent Alvès, ne seraient pas les premiers mercenaires arrêtés par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire. En juillet dernier, le nommé Jean-Philippe Marc Lenadier aurait été appréhendé par les hommes du commandant Wattao qui trouvaient ses va-et -vient au Ghana, suspects. A l’époque, c’est grâce à l’intervention de la force française Licorne et de l’ambassade de France que M. Lenadier recouvra la liberté. Ce qui se dégage comme enseignement dans toute cette affaire, c’est que les Frci tiennent à ne rien négliger dans les velléités de déstabilisation du nouveau régime en place à Abidjan. Et, les barbouzes français ayant réussi à déjouer la vigilance de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci), en charge de la surveillance de l’embargo sur les armes, c’est presque normalement que la nouvelle armée ivoirienne a choisi de traquer Robert Montoya et ses amis, vendeurs d’armes en Côte d’Ivoire, quels qu’ils soient.
Kouakou Liza
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