Source: Le Democrate
La nouvelle armée a pour mission principale de réunifier, rassembler toutes les forces en présence lors de la crise postélectorale, en vue d’en faire une armée unique pour la République de Côte de d’Ivoire. A la date du 17 mars 2011, le président de la République son Excellence Alassane Ouattara a pris un décret pour créer les Forces républicaines de Côte d’Ivoire comme la nouvelle armée. Aujourd’hui, avec la fin de la guerre et vue que beaucoup d’anciens soldats ont du mal à retrouver leur repère au sein de cette armée, il convient d’ouvrir le débat dans la perspective de trouver un nom nouveau à la nouvelle armée.
Au plus fort de la crise postélectorale et à un mois seulement de la bataille d’Abidjan, soit à la date précise du 17 mars dernier, le président de la République, son Excellence Alassane Ouattara a pris un décret instituant les ‘’Forces républicaines de Côte d’Ivoire’’. La création des Frci répondait ainsi à un besoin. Il s’agissait de mettre sous cette appellation, militaires, policiers, gendarmes, Forces armées des forces nouvelles et forces paramilitaires qui se reconnaissaient en Alassane Ouattara d’un coté. De l’autre, l’on a vu tous ceux qui se reconnaissaient en Laurent Gbagbo, appuyés par les mercenaires et miliciens qui combattaient le président élu. La bataille d’Abidjan a donc essentiellement opposé les Frci aux Fds (Forces de Défense et d Sécurité). Le terme Fds est apparu après le 19 septembre 2002. A cette époque, le président Laurent Gbagbo avait à cœur de regrouper tous les militaires, policiers, gendarmes et les forces paramilitaires pour défendre les institutions de la République. La bataille était donc bien rangée entre Fds et Fafn. On voit dans les deux cas, qu’à l’occasion de la prise d’Abidjan, ce sont les Frci proches d’Alassane Ouattara qui étaient opposées aux Fds, tandis qu’au début de la rébellion, ce sont plutôt les Fafn qui étaient opposées aux Fds proches de Laurent Gbagbo.
Un moule pas assez fédérateur
Le moule dans lequel se sont retrouvées les deux forces belligérantes, obligées désormais de s’appeler Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) ne semble pas fédérateur. La raison en est que Fds et Fafn plus Frci, ont évolué durant des années comme des ennemis jurés. Il y a encore quatre mois, Frci et Fds avaient livré de féroces batailles dans lesquelles des éléments sont tombés de part et d’autre. De sorte que les Fds restés fidèles à Laurent Gbagbo ont aujourd’hui du mal à se reconnaitre dans les Frci. C’est d’ailleurs la raison principale de leur hésitation à réintégrer l’armée nouvelle. Parce que psychologiquement, l’acceptation pour un élément des Fds qu’il est devenu un élément des Frci est des plus difficiles. La chose est plus psychologique que sociologique. Or, il faut bien la réunification de l’armée nationale, l’acceptation que les uns et les autres appartiennent à une armée qui est effectivement nouvelle, et qui ne réveille pas de douloureux souvenirs liés à la guerre. La reconstitution de cette famille doit se faire dans un contexte nouveau qui tranche avec tous les souvenirs qui ont forcément marqué les combattants. Dans un tel contexte, l’appellation ‘’Frci’’ constitue une barrière infranchissable pour beaucoup de militaires, gendarmes, policiers et forces paramilitaires qui ont combattu aux côtés de Laurent Gbagbo mais qui voudraient retrouver la nouvelle armée.
L’appellation ‘’Frci’’ fait-elle référence à une armée ?
L’armée de Côte d’Ivoire, celle que les Ivoiriens et le monde entier connaissent depuis 1960 jusqu’à l’apparition du terme : Fds (Forces de défense et de Sécurité) pendant la crise de 2002, est connue sous l’appellation : Fanci (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire). La différence entre Fanci d’une part et Fds et Frci d’autre part, c’est la présence du terme ‘’armée’’. Certes dans la dénomination Fds, l’on aperçoit clairement les termes ‘’défense et sécurité’’ mais qui ne renvoient pas forcément à une armée nationale. Il en est de même pour la dénomination Frci dans laquelle il n’y a ni ‘’défense’’, ni ‘’sécurité’’ encore moins ‘’armée’’. Le terme ‘’Forces’’ ne renvoie pas nécessairement à une quelconque armée. Par exemple, les ‘’Forces nouvelles’’ ne constituent pas une armée. En revanche, les Forces armées des forces nouvelles (Fafn) étaient bel et bien une armée bien distincte au service des Forces nouvelles. De plus, la notion de ‘’Forces républicaines’’ donnent toujours l’impression d’être partagé entre d’une part, les forces qui combattent les institutions de la Républiques et celles attachées aux institutions de la Républiques d’autre part. Or, l’objectif aujourd’hui c’est de trouver un élément fédérateur afin de réunifier les éléments et former une nouvelle armée. La dénomination ‘’Forces républicaines de Côte d’Ivoire’’ ne fait donc pas allusion à une armée nationale. Dans la conscience collective, le terme Frci se réfère à une force belligérante tout comme les Fds et les fafn.
La nécessité de trouver une autre dénomination
Pour mieux aborder la question de la refonte de l’armée et permettre à tous les soldats de se mettre dans une nouvelle disposition d’esprit, il faut changer le nom de l’armée de Côte d’Ivoire en y intégrant nécessairement le terme ‘’armée’’. Il faut abandonner l’appellation ‘’Forces républicaines’’ intervenue au plus fort de la crise postélectorale à la date du 17 mars 2011. Des deux choses, l’une. Où l’on revient à l’ancienne appellation, à savoir Fanci (Forces armées nationale de Côte d’Ivoire), ou bien, le président de la République prend un nouveau décret pour instituer l’Armée nationale de Côte d’Ivoire (Arnaci) ou les Forces armées républicaines de Côte d’Ivoire (Farci). En tous les cas, il est impérieux de trouver les termes qui mettent tout le monde d’accord et favorise l’intégration de tous les soldats (Fds, Fafn et les nouvelles recrues) dans une armée nationale qui ne rappelle aucun souvenir lié à cette guerre. Dans la nouvelle armée, on ne parlera pas de Fds, ni de Frci, encore moins de Fafn. Il ne faut pas perdre de vue qu’à tort ou à raison, Fds, Frci et Fafn sont accusés d’avoir commis des exactions ça et là. Des enquêtes sont en cours, d’autres suivront. Il faut établir un net distinguo entre toutes ces forces et l’armée nationale nouvelle post crise, chargée désormais de veiller sur la sécurité des personnes et des biens. La nouvelle armée doit se départir de tous ses oripeaux de son passé récent et revêtir de nouveaux habits avec son nouveau nom. C’est une question d’image.
Jean Philippe Okann
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