Bamba Bouaké (UNIR) « Je me demande pourquoi Ouattara n’a pas sauvé IB »

PRÉSIDENT DES JEUNES DE L’UNIR

« Je me demande pourquoi Ouattara n’a pas sauvé IB’’

Abidjan Côte d’ivoire (ouaga.info) – Originaire de Séguéla, Bamba Bouaké prépare une thèse de doctorat dans la filière psychopathologie de la vie sociale. Proche de l’ex Chef du Commando Invisible, Ibrahima Coulibaly, il dit sa part de vérité sur la disparition tragique de son mentor.

Bamba Bouaké, Bonjour ! On vous sait proche de l’ex-Commandant Ibrahima Coulibaly, tué un certain mercredi 27 avril 2011 à Abobo Pk 18. Dites-nous, quelle fonction accomplissez-vous à ses côtés ?

Je suis le président des jeunes de l’UNIR, parti politique dont il était le président fondateur. Ensuite j’étais son conseiller spécial.

A quelle année et dans quelles circonstances remontent vos premiers contacts ?

Monsieur Coulibaly est quelqu’un que je connaissais depuis très longtemps.

IB, selon plusieurs sources, préparait la déstabilisation du nouveau régime. Que répondez-vous à ces accusations ?

C’est ce qui se raconte pour justifier sa mort, en tout cas moi personnellement un tel projet n’a alimenté nos discussions en aucun moment. Il était plutôt question de faire partir Gbagbo. Et cette priorité nous l’avons partagée depuis les premiers dérapages de ce dernier, ce qui l’a maintenu en exil jusqu’à cette crise poste électorale. Vous avez été témoins des tracasseries que je subissais sous le régime Gbagbo. Pour nous, il était le problème de la Côte d’ivoire. En plus vous vous rappelez sa dernière conférence de presse où il a présenté le président Ouattara comme un père à la disposition duquel il s’était rangé. Il souhaitait rencontrer le président par voie officielle et c’est là que les problèmes ont commencé. Il y a eu des obstacles incompréhensibles donnant lieu à plusieurs interprétations et frustrations. On nous a laissés entendre qu’il était devenu prétentieux parce qu’il se sourcillait du sort du commando invisible qui d’ailleurs jusque là n’est pas encore profilé à l’instar des autres combattants. Bref ! ne réveillons pas les vieux démons. On parle maintenant de réconciliation ; même si les gens nous ignorent à ce sujet, moi j’estime qu’il faut y aller. De toutes les façons, notre objectif était atteint, c’est sa gestion qui nous a été malheureusement et injustement tragique.

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Aujourd’hui, ne peut-on pas affirmer que IB a été très crédule vis-à-vis de ses troupes et moins prudent, en se mettant seul contre tous ?

Crédule ou non prudent, moi je dirai plutôt abusé. Mr Coulibaly croyait en l’Homme. Il faisait beaucoup d’introspections, autrement dit il pensait que tout le monde était bon comme lui. Donc, il se sourcillait peu de sa propre personne au profit des autres en détresse et c’est ce qui explique cette longue traversée du désert qu’il a connue en exil. Il voulait voire les autres heureux ; et si certains ont profité de cette qualité de l’homme, cela va de soi. Après la victoire c’est-à-dire la défaite de Gbagbo, sa priorité était l’insertion de ses hommes.

De sa mort qu’est-ce qu’on peut aujourd’hui retenir ? Est-il mort au front, comme le dit la version officielle ou a-t-il été purement et simplement exécuté ?

Personnellement, je dirai plutôt que l’une ou l’autre des versions doit être confirmée ou infirmée par la publication de l’autopsie qui a déjà été effectuée sur sa dépouille. Sinon je pense que celui qui fait un coup d’état attaque et non, le contraire.

Guillaume Soro a-t-il quelque chose à voir avec sa mort ? Et quel intérêt tire-t-il de la mort d’IB ?

La réponse à cette question est la suite logique de la précédente, c’est-à-dire qu’elle dépendra du résultat de l’autopsie à la suite de laquelle les responsabilités seront arrêtées, et le président Ouattara a lui-même promis faire toute la lumière sur les circonstances de sa mort.

L’on sait qu’il avait autour de lui un cabinet. Pensez-vous que c’est fortuit et innocent qu’un Commandant ait un cabinet ? Il devrait avoir d’autres visées IB, n’est-ce pas ?

Un cabinet civil est indispensable dans une lutte militaire ! Je vous dirai que Mr COULIBALY a préparé cette insurrection depuis longtemps. Rappelez-vous l’attaque d’Akouédo en janvier 2006; donc il avait besoin aussi des hommes comme nous pour réussir son pari (instaurer la démocratie).

Selon vous, pourquoi le Président Ouattara n’a rien fait pour le garder en vie comme il s’est impliqué pour que rien n’arrive à l’ex Chef de l’État de Côte d’ivoire Laurent Gbagbo ?

Je suis de cet avis, je me demande pourquoi le père n’a pas protégé le fils. Je le répète, parce que Mr Coulibaly avait beaucoup d’estime pour lui et nous avions fait beaucoup dans ce combat pour la démocratie. On pouvait tout simplement l’arrêter et régler les différends à mon sens qui n’étaient pas profonds. Après le départ de Gbagbo, j’avais un rêve : celui de voire Mr Coulibaly à côté du président Ouattara gérer l’après crise, peut-être qu’on ferait appel aussi à nous nos compétences.

Sa dépouille a-t-il déjà été inhumée ? Si non, qu’attendez-vous et quelle suite vos amis et sa famille comptez-vous donner à cette affaire ?

Les préparatifs sont en cours pour son inhumation après le mois de carême et vous serez informés des détails. En ce qui concerne la suite à donner, j’ai déjà répondu à la question.

Plusieurs drames sont au quotidien enregistrés depuis le 5 août dernier avec la chute du bus dans la lagune Ebrié, faisant au moins 52 morts, quel commentaire ces morts en cascades vous inspirent ?

D’abord je m’incline devant la dépouille de ces disparus et je présente mes sincères condoléance à leurs familles. En tant que homme de science, je serai pragmatique et rationnel sur la question. Primo je mets en cause l’état des véhicules. Avec ces différents détournements de fond perpétrés à la Sotra et la longue crise que le pays a connue, est-elle à mesure de garantir l’état de ses véhicules ? Imaginez-vous l’état dans lequel se trouve un chauffeur de bus qui ne perçoit son maigre salaire qu’à partir du 10 du mois et qui apprend qu’Attey Philippe, l’ancien DG était payé à 13 millions. Je pense qu’avec la crise que le pays a connue depuis les élections, le parc auto ivoirien n’a pas connu de suivie technique. Les véhicules ne sont pas pour la plupart assurés et sont en mauvais états ainsi que les voiries. Secundo, il faut noter le manque de rigueur dans le comportement de l’ivoirien. On a tendance à négliger le plus important, il y a une lassitude; peut être que cela a été favorisé par le système de gouvernance précédent.

Tertio, dites-vous que l’ivoirien est sous pression depuis un moment, cette pression est l’effet du stress lié aux incessantes rumeurs de coup-d’état. Les autorités doivent rassurer la population pour que baisse ce stress afin qu’elle puisse se concentrer sur leurs divers activités. Et je pense que les automobilistes pourront se concentrer d’avantage sur les routes.

Interview réalisée par Nakanabo Tahirou, Ouaga.info

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