«Instruments de paix» et facteurs d’«union, de rapprochement et de développement», les langues africaines se sont retrouvées au cœur des réflexions de la Société Linguistique de l’Afrique de l’Ouest (Slao), lors de son 27ème congrès, qui a fermé ses portes hier vendredi, à Abidjan.
Avec pour thème : «Typologie et documentation des langues» ce congrès a évoqué la problématique générale de la dynamique des langues africaines. Qui face à l’hégémonie des langues occidentales courent vers leur perte. «Pratiquement toutes les langues africaines grandes ou petites, sont en danger d’extinction, à plus ou moins brève échéance parce que bon nombre d’entre elles n’ont pu résister au violent choc culturel et physique qu’à constitué la rencontre de l’occident avec l’Afrique», a fait remarquer le Professeur Jérémie N’guessan Kouadio, Président du comité d’organisation de ce congrès.
Comme l’a souligné le Professeur Ben Elugbe du Nigéria, par ailleurs Président de la Slao, «ce congrès va bien au-delà d’une discipline pour prendre en compte la problématique de la vie en société».
C’est sans doute l’une des raisons fondamentales qui a conduit les autorités ivoiriennes à accueillir ce congrès avec ses universitaires, en dépit de la pénible situation politico-social de laquelle sort à peine la Côte d’Ivoire. «Le Gouvernement reste à votre disposition pour toutes les sollicitudes dont il fera l’objet», a assuré, le représentant du ministère de l’Enseignement supérieur de Côte d’Ivoire, le Professeur Abou Karamoko. Avant d’encourager les africains à faire de leurs différences (linguistiques) une véritable source de richesse et d’émancipation. Car dira-t-il, c’est à cette seule condition que l’Afrique pourrait se «décomplexer» du spectre de l’hégémonie des langues occidentales.
Réunis au sein de locaux de l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée (Ensea) dans l’enceinte de l’Université de Cocody, les linguistes africains et occidentaux, ont fait plusieurs recommandations à l’issue de travaux pour la sauvegarde des langues africaines.
Au titre de ces recommandations qui s’articulent autour de la dynamisation des recherches sur la description et la classification des langues africaines et de la mise en œuvre de mécanismes pour faire de ces langues des instruments de développement et de cohésion sociale. Toute chose qui pourrait se faire entre autres, par l’intensification de l’alphabétisation dans les langues en voie d’extinction et par l’adoption d’une politique linguistique claire en faveur de l’introduction des langues africaines dans l’enseignement.
Ce 27ème congrès a enregistré en plus de la Côte d’Ivoire, la participation de plusieurs pays africains et occidentaux, notamment, le Nigéria, le Ghana, le Burkina-Faso, le Congo-Brazzaville, le Togo, le Bénin, le Cameroun, le Sénégal, l’Allemagne, la Russie, la Suisse, la France et les Pays-Bas.
Yves Marcel Youant | afreekelection.com
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