Si la crise post-électorale a vu la victoire d’Alassane Ouattara sur son rival et ex-président Laurent Gbagbo, l’alternance des premières dames ivoiriennes a montré un contraste encore plus tranchant. Entre Simone Gbagbo l’Ivoirienne ultra-politique et Dominique Ouattara la femme d’affaires française, le match est lancé.
Parce qu’elle est Française d’origine, parce qu’elle s’est longtemps positionnée comme un chef d’entreprise influent à Abidjan, Dominique Ouattara ne jouera jamais le rôle politique assumé par Simone Gbagbo tout au long de la carrière politique de son mari.
L’ancienne Première Dame ivoirienne était en effet beaucoup plus que l’épouse du Président. A la fois première conseillère de Laurent Gbagbo et inspiratrice de la ligne dure du régime (les « faucons d’Abidjan »), Simone Gbagbo a joué un rôle de premier plan dans la vie politique ivoirienne. Les médias internationaux ont d’ailleurs régulièrement évoqué son rôle auprès des militants du FPI, ses harangues populaires extrêmement véhémentes et son rôle déterminant dans le jusqu’auboutisme des derniers jours…
Mythe ou réalité, Laurent Gbagbo a souvent semblé incapable de résister à l’influence de son épouse et de ses croyances religieuses. Une influence qui explique d’ailleurs les débordements subis par Simone Gbagbo après la prise de la présidence.
De la femme politique au chef d’entreprise, il y a un monde que le couple Ouattara ne semble pas vouloir franchir. Dominique Ouattara, Française et blanche, ne peut de toute façon pas revendiquer un rôle politique majeur dans un pays encore secoué par des mouvements anti-français et très attaché à son indépendance nationale face à l’ancienne colonie – des plaies régulièrement avivées par le couple Gbagbo qui jouait régulièrement de la ficelle du nationalisme ombrageux.
Mais avant même les émeutes anti-françaises de 2002, Dominique Ouattara s’est toujours positionnée en retrait par rapport à la carrière politique de son mari. Loin d’être un mentor ou une conseillère, la nouvelle Première Dame ne s’est jamais investie dans la vie publique ivoirienne que dans des actions caritatives, notamment au profit des enfants.
Un engagement humanitaire plus en adéquation avec le rôle traditionnel des Premières Dames… qui se consacrent à des missions caritatives tout en évitant soigneusement de se mêler aux polémiques politiciennes.
Un rôle aseptisé et effacé qui tranche avec l’activisme d’une Simone Gbagbo qui, plus encore que son mari, divisait le pays entre admiration et haine.
Par P.Bah
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