Source: Nord-Sud
La voirie de l’ancienne capitale politique, Grand-Bassam est dans un mauvais état. Elle impacte sur les activités socio-économiques causant des tracas aux automobilistes..
La scène se passe au niveau de Modeste, village situé à l’entrée de la ville de Grand-Bassam, en cette matinée de veille de fête de l’indépendance. Edourd Kouassi, chauffeur de 504 véhicules desservant Grand-Bassam-Abidjan et les villes environnantes, est pris au piège avec son véhicule totalement embourbé dans les crevasses qui dictent la cadence de la circulation. L’amortisseur de son engin est littéralement hors d’usage. Il aura fallu l’aide de quelques villageois qui allaient dans les champs pour le tirer de là. Du temps perdu mais surtout le gagne-pain endommagé. Mais, il n’est pas seul à subir les contrecoups de l’incident. En effet, l’incident a crée un gigantesque bouchon, causant d’énormes désagréments aux autres automobilistes dont le flux ne faisait que croître. En cause, l’état défectueux de la chaussée sur cet axe pourtant international.
La voirie à l’abandon
Sur plus d’une vingtaine de kilomètres à partir du corridor de Gonzagueville jusqu’à la ville de Grand-Bassam, la circulation est infernale. Les automobilistes sont obligés de ralentir pour se frayer un chemin toujours pas évident. Le danger est permanent de jour comme de nuit notamment avec les poids-lourds qui transportent des marchandises de tout genre. On voit ces gros camions, généralement, en partance pour les pays limitrophes déhancher de façon dangereuse afin de sortir du labyrinthe. La situation n’est pas sans conséquence pour les usagers. A en croire, un officier de la gendarmerie, les automobilistes vivent un enfer sur cette voie détériorée par endroits avec à la clé des véhicules endommagés ; des cardans cassés, des amortisseurs brisés. Il souligne également que c’est de façon régulière que les gros camions de type remorque, en voulant éviter les nid-de-poule, déversent une bonne partie de leur chargement sur cette voie. Un moindre mal dans la mesure où le constat est que les accidents deviennent de plus en plus monnaie courante sur cette voie. Les services compétents évoquent une fréquence de 2 à 3 accidents par semaine parmi lesquels des accidents mortels.
Un bilan bien plus lourd pendant les week-ends où les flux sont importants. En effet, la voie draine de nombreux touristes et la clientèle composée majoritairement d’abidjanais viennent se récréer en bordure de mer. La situation attriste le village lagunaire de Modeste. Mais les populations refusent de sombrer dans la fatalité. Elles essaient de trouver des solutions intermédiaires en procédant au remplissage des crevasses avec du sable. Une solution manifestement provisoire en raison de la densité du trafic. Outre la voie express, la voirie de la commune de Grand-Bassam n’est pas non plus mieux lotie. Elle offre aussi un spectacle désolant. De l’entrée de la ville par la gendarmerie à la station Texaco, rien que des routes dévêtues. Situation accélérée surtout en cette fin de saison des pluies. Les eaux de ruissellement ont quasiment emporté une bonne partie du bitume, provoquant des érosions profondes. Sur cette voie, les automobilistes sont obligés de faire des détours en empruntant le trottoir qui n’est pas non plus en bon état. Tableau identique au carrefour de la mosquée Sylla au niveau de Shell en passant par le carrefour dialogue et le cinéma Congo vers la voie menant au quartier Phare. La voirie est en lambeau. Dommageable pour les chauffeurs de taxi communaux dits Wôrô-Wôrô qui échouent parfois dans ces ravins. Ces opérateurs économiques ne décolèrent pas face au désastre. Ils ne comprennent pas que Grand-Bassam, première capitale politique de la Côte d’ivoire, ville symbole, est délaissée de la sorte. Pourtant selon les automobilistes, la ville insulaire devrait plutôt bénéficier pour son titre d’ancienne capitale d’une dotation particulière du gouvernement pour son entretien. Hélas ! En attendant, les chauffeurs de taxi communaux ont banni de leur trajet, certaines voies au risque d’endommager leur engin. «Nos véhicules sont sans cesse endommagés. Amortisseurs cassés et cadrans brisés. Franchement c’est difficile. Ce qui fait que nous les chauffeurs, il y’a des tronçons que nous n’empruntons plus. Comme la voie menant au phare dans le sillage de la maison du parti, où la voie est intraitable », s’offusque Abdoulaye Traoré, un chauffeur de taxi. Les grincements de dents s’observent également chez les riverains qui, pour se rendre à leur domicile, sont contraints de faire le parcours à pieds. «Aujourd’hui, il n’ya plus de voirie à Bassam. Il faut le dire plus haut. A telle enseigne qu’aucun chauffeur n’ose prendre le risque d’endommager son véhicule. La situation nous tourmente », dénonce Brigitte Kacou, une résidente du quartier Phare. Tout comme elle, les operateurs économiques rouspètent.
La mairie s’organise
Pour les hôteliers réunis au sein de l’Association hôteliers, restaurateurs des services touristiques de Grand-Bassam (Horest), «le gouvernement ivoirien doit inscrire dans ses priorités la réfection totale de la voirie de Grand-Bassam ». D’autant qu’ils sont convaincus que la relance des activités économiques ne peut se faire sans infrastructures routières modernes. Mais pour les autorités communales, les évènements politiques ne sont pas étrangers à la léthargie. « La crise post-électorale a retardé les grands chantiers de rénovation et de renforcement de la voirie de l’ancienne capitale », explique Kassoum Bakayoko, directeur du service technique de la mairie de Grand-Bassam. A l’en croire, la mairie était sur des chantiers quant la crise est survenue. Outre ce facteur, il souligne le faible budget alloué à la mairie qui est de 10 millions Fcfa. Franchement dérisoire au regard des besoins et des investissements à réaliser. «Ce qui est prévu au budget pour les voiries est insignifiant. Le reprofilage fait 8 à 12 millions. Quand on a fini avec le reprofilage on n’a plus de moyens ». Pour M. Bakayoko, le petit budget affecté aux travaux d’infrastructures oblige le conseil municipal dirigé par Jean-Michel Moulod à chercher des ressources additionnelles à travers des aides extérieures afin de réhabiliter la voirie de Bassam. Des sollicitations qui coincent bien souvent en raison de la crise, les moyens se faisant rares. Malgré tout, souligne t-il, le maire a donné des instructions fermes pour que des solutions intermédiaires soient trouvées pour soulager les bassamois. A partir du 16 août prochain, dit-il, une opération d’envergure devrait démarrer au grand bonheur des populations. «Des solutions intermédiaires seront trouvées au plus tard le 16 Aôut. Nous allons refaire le sol avec du ciment et du graveleux. Quand on aura fini de stabiliser, on fera un petit béton pour couvrir toute la zone », souligne le chef de service technique de la mairie. Pour lui, ces solutions, quoique provisoires, devrait soulager les citoyens en attendant d’avoir de l’Etat, une suite favorable à la problématique de la voirie à Grand-Bassam. A l’en croire, la mairie a déjà entrepris en 2009, des travaux de renforcement des voies déjà bitumées. Elle compte relancer les travaux. Sur les 5 kilomètres de voirie à bitumer, la mairie a pris la charge de 3 dont 2 sont en cours. En ce qui concerne la voie express de Grand-Bassam, elle relève de l’Agence de gestion des routes (Ageroute). Mais la réalisation des travaux qui est l’affaire de la Société de développement de l’autoroute du Sud-Est (Sodase) est en bonne voie.
Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
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