Après avoir mené récemment une mission d’évaluation sur les conditions de détention de l’ancien président de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, et de sa femme, Simone Gbagbo, le chef par intérim de la Division des droits de l’homme (DDH) de l’Opération des Nations Unies pour ce pays (ONUCI), Guillaume Ngefa, a indiqué qu’aucun acte de torture n’avait été signalé mais que « des améliorations restent à faire ».
Une délégation menée par M. Ngefa s’est rendue récemment à Odienné, Boundiali, Korhogo et à Bouna pour des entretiens avec les anciens dignitaires du régime.
Lors du point de presse hebdomadaire de l’ONUCI jeudi, M. Ngefa a indiqué avoir discuté à Odienné et à Korhogo, avec le couple Gbagbo « sur leurs conditions de détention, y compris l’accès à l’information et à leurs avocats ».
« En ce qui concerne Mme Gbagbo, qui est en résidence surveillée, je crois que les conditions sont bonnes. Nous avons longuement parlé avec elle. Elle est satisfaite de ses conditions. Quant à l’ancien président, nous nous sommes longuement entretenus avec lui », a souligné M. Ngefa.
La même démarche a été effectuée avec les 25 personnes retenues à Boundiali, les sept se trouvant à Bouna et les cinq autres personnes emprisonnées à Katiola, accusés d’« atteinte à la sûreté de l’Etat » et de « crimes économiques ». Par ailleurs, le journaliste Hermann Aboua, animateur de l’émission télévisée Raison d’Etat, inculpé et détenu au camp de la gendarmerie d’Agban depuis le 21 juillet 2011, a reçu la visite d’officiers des droits de l’homme.
Toutefois, admet M. Ngefa, si aucun détenu ne s’est plaint d’actes de torture ou d’exactions et estime les conditions bonnes et acceptables en dehors de l’isolement, « nous avons certaines préoccupations et il y a des améliorations à faire. Nous allons faire des recommandations appropriées aux autorités. A Bouna, les conditions ne sont pas vraiment conformes, quand il pleut les murs suintent et il y a des problèmes d’étanchéité. Et les conditions d’hygiène ne sont pas ce que nous avons constaté ailleurs », a-t- il expliqué.
Il a aussi déploré que dans la période du 11 juillet au 10 août, en dépit de l’amélioration de la situation sécuritaire à Abidjan, celle-ci reste marquée par une certaine précarité avec de nombreuses violations des droits de l’homme, plus d’une centaine ayant été signalées et faisant l’objet d’investigations par les neuf bureaux régionaux des droits de l’homme.
« Les violations commises incluent des cas avérés d’exécutions sommaires, extrajudiciaires, des arrestations et détentions illégales, des cas de libération des personnes moyennant des sommes d’argent, des cas d’extorsion et des cas de rackets dont sont victimes de nombreux transporteurs », a précisé M. Ngefa.
Selon lui, dans le sud du pays, la Division des droits de l’homme a dénombré 26 cas d’exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, 85 cas d’arrestations arbitraires et de détentions illégales, 11 cas de viol et de mutilations génitales féminines et a effectué plusieurs missions à Abidjan et à l’intérieur du pays. « Pendant la période en revue, 26 personnes, dont un enfant de 17 mois, ont été sommairement exécutées à Biéby (40 km d’Azopé), Daobly/Ponan (120 km au sud est de Duekoué), Doba (90 km au nord de San-Pedro), Guetuezon (42 km de Daloa), Guitrozon (5 km de Duekoué) et à Yopougon.
Par ailleurs, huit fosses communes ont été découvertes aux alentours de trois établissements scolaires dans la commune de Yopougon à Abidjan. Le nombre exact de corps enterrés dans ces fosses communes n’a pu être déterminé », a déploré M. Ngefa.
Il a exprimé sa préoccupation face à la résurgence de violents affrontements entre des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et les jeunes des villages d’Ores-Krobou (39 km d’Abidjan), d’Abadjin-Kouté (situé dans la commune de Dabou), d’Abadjin-Doumé (10 km d’Abidjan), d’Akoupé-Zeudji (30 km d’Abidjan) et de Biéby (40 km d’Azopé).
« Ces violents affrontements ont été émaillés de graves violations des droits de l’homme notamment des atteintes à l’intégrité physique, des traitements cruels, inhumains et dégradants ainsi que des atteintes au droit à la propriété », a-t- il dit.
Il a noté des violations similaires perpétrées contre des personnes du groupe ethnique Bété, dans la localité de Nakiahio ( 108 km de Daloa). Selon M. Ngefa, les victimes ont dénoncé « des actes d’intimidation, d’extorsion ainsi que de nombreuses entraves à leur liberté de mouvement perpétrées par les éléments des FRCI déployés dans ces localités ».
Source: xinhua
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