La question est de savoir, en Côte d’Ivoire, à quoi faut-il plus croire chez le nouveau président Alassane Ouattara ? Quand on se rend compte que les promesses verbales d’Alassane Ouattara sont quelque fois contraires aux actes qu’il pose. C’est du moins, l’impression qu’en ont de nombreux partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo, mais également plusieurs ONG de défense des droits humains. Ils se fondent notamment sur le paradoxe entre la main tendue du chef de l’Etat ivoirien, lors de la célébration du cinquante-et-unième anniversaire du pays et le fait que quelques jours après, seulement des partisans de l’ancien homme fort du pays soient inculpés.
Au nombre des douze proches de Laurent Gbagbo qui viennent ainsi, ce mardi 9 août 2011, de s’ajouter aux premiers, qui avaient été déjà inculpés formellement, on note la présence de Pascal Affi N’Guessan, président du Front Populaire Ivoirien (FPI, ancien parti au pouvoir ; NDLR), Michel Gbagbo, fils de l’ancien président, l’ex-chef des femmes patriotes, Geneviève Bro Grébé ainsi que l’ancien ministre Jean-Jacques Béchio.
Les inculpés, repartis en deux groupes sont respectivement assignés en résidence surveillée à Bouna et à Katiola. Au total, on estime à près d’une quarantaine, le nombre total des proches de l’ancien président ivoirien qui sont aujourd’hui inculpés par la justice ivoirienne.
Pendant ce temps, estiment notamment les organismes de défense de droits de l’homme, aucun des hommes ayant combattu pour aider l’actuel chef de l’Etat à récupérer le fauteuil présidentiel, n’est inquiété. Pourtant, poursuivent lesdites ONG, les troupes des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, sont soupçonnées de s’être rendues coupables d’actes pouvant relever à la fois des chefs d’accusation de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. Cette situation fait craindre à beaucoup que l’on ne soit en face d’une justice à deux vitesses, dans laquelle seuls les droits des vainqueurs vont prévaloir.
De leur côté, pour les fidèles de Laurent Gbagbo qui sont notamment en dehors du pays, la main a eux tendue par Alassane Ouattara est loin d’être sincère. Comment en effet, se demandent-ils, pouvons-nous comprendre qu’en même temps que le président Alassane Ouattara dit, vouloir instaurer la réconciliation, il continue à traduire uniquement les éléments demeurés fidèles à Laurent Gbagbo en justice ? Tandis qu’au même moment, ses combattants à lui, se voient au contraire confier des responsabilités dans la nouvelle armée…
Ce paradoxe est d’autant plus difficile à expliquer que les fidèles de Laurent Gbagbo qui ont été contraints à l’exil, ont jusque-là conditionné leur participation
à un processus de réconciliation nationale à la libération de leurs proches, détenus au nord du pays. Au premier rang desquels, se trouvent notamment l’ancien président et son épouse Simone Gbagbo.
En clair, s’il veut véritablement aller vers la réunification de son pays et la vraie réconciliation, Alassane Ouattara devra user d’une démarche dans laquelle ses actes seront plus éloquents que son discours, ou au moins de s’y conformer.
Pivi Bilivogui pour GuineeConakry.info
Les commentaires sont fermés.