Quatre mois après la chute de Laurent Gbagbo, la question sécuritaire en Côte d’Ivoire reste pour les nouvelles autorités une épreuve. La situation ne s’améliore que très lentement depuis la fin de la crise postélectorale.
Essentiellement composée de soldats des Forces Armées des Forces Nouvelles (Fafn), la nouvelle armée peine à trouver ses lettres de noblesse. L’insécurité règne toujours : braquages, agressions, vols, viols persistent à certains endroits. Même si à tous les coins de rue, l’on aperçoit des hommes en arme aux treillis défraîchis qui se pavanent sans qu’on ne sache à quoi ils servent véritablement. Les nouvelles autorités tentent par tous les moyens de résorber ce problème qui plombe le redécollage des activités. Des efforts sont certes consentis mais la situation sur le terrain n’est guère reluisante. Les populations ne savent plus à quels saints se vouer. Dans le souci de trouver un début de solution, le ministre de l’Intérieur a exigé le retour des policiers, gendarmes et militaires à regagner leurs postes respectifs. Le hic, c’est que les policiers professionnels à qui revient le maintien de l’ordre sont comme isolés dans des commissariats. Plus d’intervention. Et s’ils en avaient la volonté, de quels moyens disposent-ils. Ils ne possèdent plus aucune arme.
Ils doivent être nombreux à regretter les éléments des ex-Forces de Défense et de Sécurité (Fds). Et en particulier les policiers dont la mission était d’assurer la sécurité des populations sans exclusive. Chassés des Commissariats, ces policiers y sont revenus au terme de la crise postélectorale à la demande des nouvelles autorités. Qui ont en point de mire la réorganisation de l’armée ivoirienne. Désormais, ils doivent cohabiter avec ceux qui leur ont fait la guerre. Sacrifice oblige. Mais le hic, c’est qu’ils sont désormais réduits à de simple agent de sécurité, voire même des agents administratifs. Leur rôle se résume aujourd’hui à enregistrer les plaintes des populations. Pendant ce temps, leurs compagnons disposent de toutes les armes qu’ils ont héritées de la guerre qui a eu cours pendant la crise postélectorale.
Les Frci, pas des anges gardiens
C’est le Président de la République, Alassane Ouattara qui a signé au mois de mars dernier une ordonnance portant création des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Une fusion des ex-Forces de Défense et de Sécurité (Fds) et des ex-Forces Armées des Forces Nouvelles (Fafn). Pour donner naissance à une armée nouvelle. Une armée dont la mission est d’assurer la sécurité des populations et des Institutions de la République. Cette armée à forte concentration de soldats ex-Fafn suscite plus de peur que de confiance. Pour sans doute son manque de professionnalisme mais aussi pour son indiscipline.
«Nous sommes là pour votre protection» disent-ils aux populations. Depuis la fin de la crise postélectorale, ils inondent les villes du pays. Une image que ne partagent pas les populations qui souffrent le martyre. Ceux qui prétendent être les protecteurs n’ont d’yeux que pour eux et certains de leurs amis. D’une arrogance déconcertante, ils ne respectent personne. Imposent leur diktat aux populations qu’ils soumettent très souvent à des rançonnages. Malgré la menace faite par le Président de la République de ne plus voir d’homme en arme en ville, ces soldats demeurent armés. Ils perquisitionnent les domiciles au sens propre comme figuré du terme. Procèdent à des arrestations et des emprisonnements d’individus sous prétexte de leur appartenance à une milice. Ou encore, pour avoir pris des armes au plus fort de la crise. Une situation qui est assez préoccupante. Parce que tous continuent d’être apeurés même si le Gouvernement affiche une volonté d’assurer la sécurité des populations.
Hermann DJEA
Source: afreekelection.com
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