Chronique diplomatique – Qui veut pousser Ouattara Alassane à la faute ? – Par Ben Ismaël

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L’armée avec Félix Houphouët-Boigny, était considérée, comme une institution de développement, consultée et associée à toutes les grandes décisions de la Nation. Félix Houphouët-Boigny avait du respect pour les militaires. Il savait que l’armée était aussi une institution, comme… La présidence de la République, ou l’assemblée nationale. En clair, l’armée dans les véritables démocraties n’appartient ni à personne, ni même au Président de la République au pouvoir. Félix Houphouët-Boigny, avait lui-même peur de son armée, quand une enquête parlementaire avait demandé au Président de la République de sanctionner les militaires qui avaient ‘’tabasser’’ les étudiants en 1992. Le Président Félix Houphouët-Boigny refusa. Mais aujourd’hui, qui veut pousser Alassane Ouattara à la faute ? En terme militaire, et depuis le 19 septembre 2002, tout le monde sait que l’armée actuelle, est une armée extraordinaire, dont une partie est vraiment militaire, et l’autre partie politico-militaire, Alassane Ouattara le sait. Face à une telle armée, Alassane Ouattara doit être ‘’doux’’ avec des propos élégants. Ce qui peut apaiser le ‘’malaise’’ dans les casernes. Surtout que, Alassane Ouattara parle lui-même de soldats pro-Gbagbo. En terme militaire, l’armée, partout dans le monde ‘’n’acceptent’’ pas les ultimatums. Qu’on ne pousse pas Alassane Ouattara à la faute. Et, ceux qui poussent Alassane Ouattara à braver l’armée sont avec lui, dans son entourage. Ils veulent pousser Alassane Ouattara à la faute, pour une cohésion sociale de façade, pour mieux ‘’manger’’ dans la délation, l’escroquerie et le mensonge. Et, ce sont bien les mêmes, qui formatent l’information d’un coup d’Etat. J’insiste. Alassane Ouattara doit parler ‘’élégant’’ aux militaires. Parce que l’armée, qu’il a en face aujourd’hui, est une armée qui affiche une neutralité ambiguë, quasi essentielle loin du maintien d’ordre. Aujourd’hui en Afrique, l’armée n’appartient pas à celui qui est au pouvoir. Parfois, elle pèse lourd dans le choix du Président de la République. En Algérie, au Nigeria, l’armée a plusieurs fois joué son rôle de régulation de la scène politique. Parfois, elle ne fait pas de débat… Elle s’impose. Je signale que, l’armée est aussi comme ‘’un Etat’’ avec une masse de populations armées, facilement mobilisable, dont le ‘’patron est un ‘’chef d’Etat’’… mais major. A ce titre, l’armée a des besoins comme toutes les autres couches sociales. Si les angoisses, les ambitions de l’armée ne sont pas prises en compte, si l’armée n’est pas respectée, elle quitte sa zone de neutralité… En face d’elle, il n’y a plus de Président de la République. Je pense, que dans la situation politique actuelle de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a besoin d’un discret ‘’dialogue’’ avec l’armée, dans un style du ‘’bon ton’’, modèle d’efficacité de Félix Houphouët-Boigny, avec l’armée de 1960, jusqu’à sa mort. C’est dire, que l’armée n’appartient ni à personne, ni au chef de l’Etat, aux compliments flatteurs de ‘’chef suprême’’ des armées. Ceux qui poussent Alassane Ouattara à lancer des ultimatums aux militaires, savent aussi bien que, si l’armée quitte sa zone de neutralité, le chef de l’Etat devient un simple citoyen. Et, il est ‘’renvoyé’’ du Palais présidentiel. Autrement dit, quel que soit le chef de l’Etat en place, l’armée, ce sont bien des hommes, avec leurs qualités, défauts, ambitions sociales. Elle peut à tout moment parvenir à son intouchable consensus : la neutralité. Dans le cas actuel de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara doit s’adresser aux militaires avec le ton d’un homme d’Etat. C’est en ce moment, que reviendra à Alassane Ouattara, le mérite d’avoir été choisi, pour diriger plus de 20 millions d’ivoiriens. C’est bien dans la courtoisie, surtout avec les militaires, qu’il réussira sa mission de cohésion sociale. En tout état de cause, l’armée, en général, n’a aucun sentiment, quand elle veut prouver que sa ‘’moralité’’ est bafouée. Que ceux qui poussent Alassane Ouattara à la faute, regardent les archives de l’agitation de l’armée le 24 octobre 1999 qui a coûté l’effondrement du pouvoir radical de Henri Konan Bédié, il y a 12 ans. A l’heure, où j’écris ces lignes, je ne crois pas à une armée totalement loyale, d’autant plus, qu’elle est composée de militaires recrutés, ou venus d’ailleurs… Et, d’anciens soldats de forces armées ivoiriennes. L’enthousiasme, d’être à la tête de la Côte d’Ivoire, est-il chez Alassane Ouattara, qu’il ‘’s’amuse’’ avec le feu. Au total, un militaire reste un soldat, même si, celui-ci s’appelle ‘’général Soumaïla Bakayoko’’, l’un des grands symboles de la légitimité historique militaire du pouvoir de Alassane Ouattara.

Par Ben Ismaël
L’Intelligent d’Abidjan

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