Tous les généraux, au front ! Comme si personne ne voulait rater le coup, tous les hauts gradés de l’armée ont répondu présents à l’appel du gouvernement hier après-midi. Motif ?
Briser un tabou, celui de revoir de fond en comble les accords de défense qui unissent depuis 1961 l’armée ivoirienne à la France, l’ancienne métropole. A l’issue de deux heures de conclave dans les locaux de la primature, au Plateau, les militaires ont désigné l’un des leurs, le général de division Mathias Doué, pour conduire un comité scientifique de réflexion. Forte d’une vingtaine de membres, l’équipe de réflexion inclut les services techniques des ministères de la Défense, de la Sécurité, des Affaires étrangères, de l’Economie et des finances. Ces têtes pleines de l’armée seront assistées par un groupe de travail d’une quarantaine de personnalités. Elles ont un mois pour accoucher d’une matrice claire et détaillée qui régira désormais les relations entre les deux Etats, dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant. Signe de la portée nationale de l’ouvrage, l’armée a reçu hier « les directives et les orientations fondamentales » du gouvernement selon les mots du général Mathias Doué qui a confirmé que ces arrangements militaires, vieux de 50 ans, seront « sûrement » revisités. Signe également que nul secteur de l’armée ne sera épargné. Tous les grands corps et leurs chefs étaient à la table des discussions. Les généraux à la retraite, Joseph Tanny pour la gendarmerie, Abdoulaye Coulibaly et Kissi Kobenan pour l’armée aérienne, Mathias Doué pour les forces terrestres, le maréchal Lamine Fatiga pour la marine, le colonel Kouamé Amani pour les Eaux et forêts, notamment. Le Premier ministre y a dépêché son conseiller aux affaires militaires, le colonel Paitier, en plus de son ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi. En ouvrant ce vaste chantier pour un toilettage des accords de défense avec la France, la Côte d’Ivoire marque son retour à la normalité. Elle affiche aussi ses nouvelles ambitions militaires. Le président Alassane Ouattara dont la méthode, toute de discrétion, tranche d’avec les élans épidermiques de son prédécesseur, montre par la même occasion que l’on peut aller au changement, même sur les questions qui fâchent, tout en évitant l’affrontement. En attendant de voir dans un mois le nouveau visage du partenariat militaire entre Paris et Abidjan, le sujet, lui, domine l’actualité africaine. La France a réduit de 1800 à 200 ses troupes en Côte d’Ivoire après la crise post-électorale. Plus de 1000 soldats français doivent décamper de la base sénégalaise.
lenouveaureveil.com
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