Le Temps
“Il n’y a qu’en Côte d’Ivoire qu’on peut trouver des idiots qui puissent accepter que les étrangers puissent travailler dans le secteur du pétrole pendant 10 ans sans être inquiétés ». C’est une boutade d’un Philippin sur le navire Baobab. Mais une boutade symptomatique de l’opacité qui règne sur certaines plateformes pétrolières où les expatriés rusent avec le droit ivoirien, tout en humiliant les Ivoiriens qui y travaillent. Situation devenue intenable sur le bloc Ci26 qui appartient (Cnr international). Obligeant les délégués de l’équipage ivoirien sur le Fpso Espoir ivoirien à déposer un préavis de grève, à compter de ce lundi, 1er août, pour, selon eux, dénoncer les traitements à double vitesse. Extrait : « …Nous avons l’honneur de vous informer au sujet d’un préavis de grève par le biais de cette lettre. Ce préavis est le résultat du traitement inapproprié de certaines de nos préoccupations. Du fait du rachat de l’entreprise Prosafe production par BW Offshore, un processus d’intégration des deux entreprises a commencé à se mettre en place. Processus qui a vu l’attribution de nouveaux contrats de travail à nos collègues coéquipiers expatriés du Fpso Espoir ivoirien depuis le 1er juillet 2011. Et ceci en accord avec la correspondance adressée par la direction de BW Offshore à tous les employés. Le personnel ivoirien n’a encore rien reçu de BW Offshore malgré toutes les promesses et toutes nos tentatives pour l’obtention de nos contrats venant de la direction. Ce qui fait l’objet de ce préavis de grève pour obtenir nos contrats à compter de ce 1er août 2011… ». A cela, il faut ajouter certaines revendications qui peinent à trouver une solution. Notamment, le plan « d’ivoirisation » dont les termes sont dépassés depuis 2008, la discrimination salariale. Là où des Ivoiriens touchent environ 35 000 par jour, pour le même poste, un expatrié empoche 150 000/ jour, voire 400 000 par jour. Sans permis de travail depuis 10 ans, ces expatriés s’engraissent sur le dos de l’Etat ivoirien parce que passant à travers les mailles des impôts. Selon des témoignages proches du dossier, l’administration les déclare comme des experts. Or, pour les sachants, les experts viennent généralement de par le monde en phase d’exploration. Ce qui n’est pas le pour le Ci26 qui est en production. Ceux des expatriés qui y travaillent sont dans l’illégalité puisqu’ils y sont depuis 10 ans sans permis de travail. La formation des Ivoiriens qui fait partie des cahiers de charges est bottée en touche consacrant la mainmise étrangère sur l’entreprise. Au Ghana voisin, la même société a été obligée par les autorités à construire un école de formation. Plus grave, pour de petits boulots, la société importe de la main d’œuvre de l’Inde, de l’Indonésie des Philippines, là où des Ivoiriens formés par la Sitram peuvent valablement faire le travail. En fin de compte c’est l’Etat de Côte d’Ivoire qui perd de l’argent, parce que tous ces déplacements budgétivores sont greffés sur les charges de l’entreprise qui laisse de la broutille à la Côte d’Ivoire au moment du partage des gains générés. Tous ces désagréments, les délégués ivoiriens l’imputent à Luc Sigui, Directeur des ressources humaines. Selon eux, c’est lui qui est le véritable obstacle au bonheur des Ivoiriens travaillant sur ce site. Nous y reviendrons.
Tché Bi Tché
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