ABEL NAKI pdt du Cri Panafricain: « Nous nous battrons pour la libération du président Laurent Gbagbo et cela par tous les moyens »

Rumeur de coup d’état/ Mobilisation et contribution des Ivoiriens de l’étranger :

Depuis le 11 avril 2011, elles sont de plus en plus nombreuses, les organisations ivoiriennes mais aussi africaines, qui se rassemblent partout en Europe et principalement à Paris, pour clamer la libération de celui qu’elles continuent d’appeler leur président, le président déchu, Laurent Gbagbo. Au nombre de ces organisations : « le cri panafricain ».
Dernier née des mouvements pro-Gbagbo, le cri panafricain, selon un sondage traditionnel tiendrait le haut du pavé de cette mobilisation parisienne. Au moment où de folles rumeurs parlent d’un coup d’état en préparation depuis l’étranger avec pour soutien financier, les ivoiriens de la diaspora, nous avons voulu en savoir davantage. Dans cette interview exclusive, M. Abel NAKI dit « le facebooker de Gbagbo » et par ailleurs président du mouvement « Cri panafricain » nous dit tout.

Bonjour ; Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis Abel Naki, ivoirien d’origine. Je réside en France. Je dirige une agence de communication, et c’est de là qu’aux dernières élections présidentielles en Côte d’Ivoire, j’ai été copté pour occuper le poste de directeur de campagne adjoint, chargé de la communication à Paris. Aujourd’hui je suis à la tête du « cri panafricain », un mouvement qui lutte pour les libertés et les droits démocratiques en Afrique.
Comment est née « le cri panafricain », alors que vous étiez inconnu dans le milieu des associations et mouvements politiques sur la place parisienne.

Merci pour la question. J’ai toujours été à Paris et j’ai participé à toutes les marches organisées depuis le coup d’état manqué du septembre 2002 en Côte d’Ivoire. Vous savez, dans un combat, il y a des règles et des étapes. J’ai longtemps observé, car étant en Europe, loin du théâtre des opérations, il me fallait comprendre et bien appréhender les vraies causes de ce qui arrive à mon pays, la Côte d’Ivoire. J’ai mis huit ans.
Aujourd’hui, convaincu et conforté que la solution du mal dont souffre le continent africain en général réside dans la mobilisation et la contribution de sa diaspora ; voilà d’où est venue l’idée du « Cri Panafricain ». Nous existons officiellement depuis mars 2011. Et nous revendiquons la quasi-totalité des organisations panafricaines de France.

Comment en si peu de temps, le cri panafricain a-t-il tissé une telle toile ?

Tout est parti du réseau social, Facebook. J’ai compris, après l’élection du président Barack Obama, en 2008, combien de fois ce nouvel outil a révolutionné le monde de la communication. Et grande fut ma surprise de constater, après la mise en ligne de la page « le Facebooker de Gbagbo », le nombre d’amis ajoutés. En moins d’une semaine, nous avons atteint le chiffre de 5000, qui échangions entre nous des informations de tout genre et venant de tous les horizons. Voilà comment moi-même j’ai pu réaliser combien de fois, le président Laurent Gbagbo était aimé à travers le monde entier. On avait même des gens proches de l’actuel régime et qui nous informaient sur tout ce qui se tramait dans leur camp contre le régime de Gbagbo, tout comme des bonnes volontés issues de plusieurs services secrets de différents pays, y compris la France, qui nous balançaient sous anonymat des infos utiles.
Des gens appelaient depuis les Philippines et autres contrés, pour savoir comment s’organiser pour venir à bout des prédateurs de l’Afrique et de la Côte d’Ivoire en particulier. Voilà comment de la toile, nous sommes passés à la phase d’organisation pratique sur le terrain avec la création du Conseil pour la résistance ivoirienne et panafricaine (cri panafricain).

Revenons sur la rumeur de l’hospitalisation en France puis de la mort du président Alassane Ouattara qui a fait tache d’huile à l’époque.

Contrairement à ce qu’on peut raconter, l’information concernant la venue de M. Ouattara à Paris pour son hospitalisation, celle-ci nous avait été fournie par ceux-là même qui étaient chargés de l’accueillir, je veux parler des services français. Ils nous donnaient minute par minute son itinéraire. Par contre, l’info sur sa mort était une pure fabrication, parce que cela faisait deux mois que M. Ouattara jouait le mort, et il fallait prêcher le faux pour avoir le vrai. Et tenez-vous bien, lorsque l’info est sortie sur mon mur Facebook, le soir même à 20h, M. Ouattara est sorti de son silence et a prononcé un discours sur TCI. On a même vu la chaîne de télé, télésud, qui est allée à Abidjan et au Golf Hôtel pour un reportage exclusif sur la présence ou non du patron du Rdr. Le buzz étant crée, notre objectif était atteint.

Depuis un moment, on ne parle que du « cri panafricain » dans le milieu des organisations qui luttent pour la libération de l’ex-président ivoirien.

Nous n’avons aucune prétention et ne revendiquons aucune gloire. Il faut savoir qu’avant l’arrestation du président Laurent Gbagbo, il y avait des organisations, mouvements de soutien et partis politiques sur le terrain de la mobilisation. Je profite de votre micro pour leur rendre hommage. Malheureusement, après le 11 avril, vu que la plupart du temps, ces mouvements étaient en partie soutenus financièrement par le pouvoir d’Abidjan, avec l’exil forcé et l’emprisonnement des bailleurs de ces fonds, la ferveur de la mobilisation avait pris un coup. Voilà comment j’ai approché les différents leaders pour voir comment nous pouvions lutter sans nous référer à un parrain.
La mobilisation a pris aussi un coup par peur de représailles. Il faut noter qu’avec le visage découvert de la France dans la chute du président Gbagbo, beaucoup avaient peur de manifester à Paris et crier Sarkozy « assassin !»
Mais avec le Cri panafricain et conscient du risque, nous avons pris nos responsabilités. Rappelez-vous que j’ai moi-même été arrêté par deux fois par la police française qui me reprochait d’avoir appelé à manifester sur la voie publique sans autorisation de la préfecture. La question que moi je pose, est-ce que Nicolas sarkozy a-t-il demandé une autorisation avant de bombarder la Côte d’Ivoire ? Et je rappelle que l’Onu peut être le maître du monde, mais n’est pas le propriétaire de la Côte d’Ivoire.

Actuellement, c’est la psychose à Abidjan. Des rumeurs parlent d’un éventuel coup d’état en préparation et qui serait soutenu par des mouvements pro-Gbagbo depuis l’étranger. Le cri panafricain est-il concerné ?

Non. Certes, nous nous battrons pour l’obtention de la libération de tous les prisonniers politiques, et cela par tous les moyens, Mais nous ne finançons aucune rébellion en préparation. Ce que nous faisons, c’est de récolter le maximum de fonds pour venir en aide à nos parents, frères et amis contraints de s’exiler du fait de la guerre en Côte d’Ivoire. Nous n’avions jamais connu cela par la passé et aujourd’hui cela s’impose à nous. Ils sont nombreux au Togo, Ghana, Libéria, Bénin ect. Avec le gel des avoirs de plusieurs cadres et la nouvelle vie bien difficile qu’ils doivent mener, il est de notre devoir de leur apporter assistance. Ce qui n’a rien à voir avec le financement d’une rébellion. Sinon, je ne crois pas que M. Ouattara le père de la rébellion en Côte d’ivoire ait peur d’une éventuelle rébellion. Vu que c’est son plat préféré. Enfin, je pense qu’après le 11 avril 2011, on ne peut plus dire que l’ivoirien aurait peur du bruit d’un obus ou d’un RPG. « On a tout vu et tout entendu » pour parler comme à Yopougon.
Vous marchez tous les week-ends pratiquement à Paris, avec des pancartes, des pub à la radio et plusieurs canaux de communication. D’où tirez-vous tous ces moyens ?
Comme je l’ai dit plus haut, beaucoup de mouvements ont baissé les grilles parce que leurs financiers sont en prison. Au Cri Panafricain, nous avons instauré une carte d’adhésion qui coûte 20 euros (13 000 fcfa). Nous vendons des gadgets, des Dvd de nos propres manifestations. Enfin et c’est une première, nous allons organiser une soirée gala, de levée de fonds. Ca sera le 13 août prochain à Paris. Bien entendu, en notre sein se trouvent des patrons de sociétés, des journalistes, des Dj, des artistes, des informaticiens et autres bonnes volontés qui nous viennent en aide pour des taches précises.

Concrètement comment entendez-vous réussir cette mission qui est l’obtention de la libération de l’ex-président ivoirien ?

Nous parlons de la libération du président Gbagbo, mais aussi de tous les prisonniers politiques sous le régime de M. Ouattara et bien entendu, nous souhaitons que toutes les conditions soient réunies pour le retour de tous les ivoiriens exilés. Il est aussi vrai que nous sommes plusieurs mouvements à manifester dans ce sens, mais sans une réelle cohésion. Notre objectif au Cri Panafricain est de rassembler tous ces mouvements un peu disparates, au sein d’une vaste organisation qui pourrait s’appeler « la galaxie patriotique de France.» Il est imminent que nous formions ce bloc des résistants afin de donner un nom et un vrai visage à notre lutte. A l’image de la galaxie patriotique présidée par Charles Blé Goudé ou encore du Rhdp, qui comme un seul homme a combattu le pouvoir de Laurent Gbagbo jusqu’à sa chute. Nous pouvons y arriver et nous en avons les moyens. Reste que chacun mette son orgueil de côté et se joigne au groupe, vu que l’objectif est commun.
Car c’est ensemble que nous serons forts. Pour ce qui concerne la stratégie à adopter pour obtenir la libération de notre président en dehors des manifestations, souffrez que nous ne vous en disons pas plus.

Ok, mais que devient le Cri panafricain, si Gbagbo était libéré demain ?

Nous avons dit Cri panafricain et non cri ivoirien. Ce qui signifie qu’aujourd’hui, nous luttons pour la libération des prisonniers ivoiriens. Il est clair que notre lutte ne s’arrêtera pas au seul cas de la Côte d’Ivoire, mais bien au-delà. Nous serons là partout où les libertés et les droits démocratiques sont bafoués en Afrique. D’ailleurs nous installerons très bientôt des bases dans plusieurs pays de la sous-région.

Propos recueillis par Philippe K

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