Ainsi donc, le grand looser (perdant) du football ivoirien a décidé de jeter l’éponge et de ne pas postuler à quatrième mandat à la tête de la Fédération (FIF). Mais, bien entendu, il ne l’a pas fait de gaité de cœur. Plutôt avec des cris d’orfraie sur son « bilan », des trémolos patriotiques et un tri entre les bons (ceux qui l’ont soutenu depuis 2002) et les mauvais Ivoiriens ( ces journalistes galeux qui l’ont « sali » et « attaqué avec méchanceté ». Il n’a pas laissé passer l’occasion de faire monter la mayonnaise égocentrique. Il le proclame haut et fort et crâne, il n’a pas « honte » de son bilan, fier comme un pot de rillettes du Mans ! Et pourtant, l’expert – comptable qui a brassé des milliards de francs CFA à la FIF, se fourvoie à l’heure des comptes.
* Au plan sportif : de 2002 à 2010, aucune équipe nationale et aucun club ivoiriens n’ont remporté de titre continental ! Zéro titre en neuf ans.
Eliminés de la CAN 2004, finalistes de l’édition 2006, demi-finalistes en 2008 et quart de finalistes en 2010, les Eléphants ont marché à reculons. Certes, ils ont obtenu un ticket pour le Mondial 2006 et un second pour celui de 2010, mais ils n’ont pas franchi, en ces deux occasions, le premier tour de l’épreuve. A titre de comparaison, le Black Star du Ghana, pour sa première qualification à la phase finale de la Coupe du monde, a franchi un tour en 2006 et a disputé les quarts de finale en 2010. En 2002, le Sénégal avait aussi atteint le même stade de l’épreuve. Au niveau des clubs, depuis 1999 ( l’Africa Sports avait remporté la Coupe des vainqueurs de coupe), aucun représentant ivoirien n’a disputé de finale continentale. Chez les juniors, les Eléphanteaux sont aux abonnés absents depuis la finale du Championnat d’Afrique 2003 !
Les « idées, les prières et les actions » de Jacques Anouma ont démontré leur efficacité (sic).
* Au plan technique : l’entêtement avec lequel Anouma s’est fourvoyé dans le choix des sélectionneurs en dit long sur sa méconnaissance du football. Après le mulet provençal Henri Michel (qui ne cesse de collectionner les vestes en Afrique), le naïf germanique Ulrich Stielike, le franchouillard Gérard Gili, le complexé bosniaque Vahid Hallihodzic et le volage suédois Sven Goran Eriksson – tous royalement rétribués – le voilà qui découvre qu’il y a des entraîneurs nationaux capables de faire le boulot.
Anouma a hérité en 2002, d’une sélection nationale très riche en talents et dont les Académiciens fournissent 80 % de l’effectif. Le père des Académiciens, c’est Jean-Marc Guillou. Anouma – sans doute influencé par Roger Ouégnin, le patron de l’ASEC d’Abidjan – l’ignore, ne le remercie pas et ne le sollicite pas pour un avis ou pour un conseil alors qu’il est le technicien qui connaît le mieux les potentialités des footballeurs ivoiriens. Des joueurs professionnels qu’Anouma assomme régulièrement avec des discours démagogiques et puérils. L’échec des Eléphants, de 2006 à 2010, le président de la FIF y a sa part de responsabilité.
* Au plan de la géopolitique du foot : en janvier 2006, au Caire, inversant tous les pronostics, Jacques Anouma est élu, aux dépens du candidat d’Issa Hayatou, au Comité exécutif de la Fifa. Le gros paquet de voix qu’il a recueilli impressionne. Plus, il fait peur à Hayatou qui ne cache pas son appréhension de se retrouver, face à face avec l’Ivoirien lors des élections présidentielles de la CAF. Anouma est marginalisé, traité comme un intrus. En 2007, un putsch diligenté par Hayatou et mené par le Nigérian Amos Adamu tente, illégalement, de lui ravir la présidence de l’UFOA. Anouma a la légalité avec lui et la Fifa lui fait savoir qu’elle le soutiendra s’il la saisit. Il tergiverse puis se rend à ….Canossa, pardon à Zurich où il rencontre Hayatou qui le roule dans la farine. Il le convainc de laisser tomber l’UFOA et lui promet (a-t-on dit à l’époque) de l’aider, plus tard, pour lui succéder à la tête de la CAF ! Un vrai marché de dupes. Anouma rentre dans le rang. Il recevra comme lot de consolation l’organisation du premier Championnat d’Afrique des nations (CHAN) en 2009. En octobre 2008, Hayatou est reçu et décoré par l’ex-président Laurent Gbagbo. On lui assure qu’en janvier 2009, Anouma ne se présentera pas contre lui.
La Côte d’Ivoire dépense des milliards pour accueillir le CHAN qui s’achève par un double fiasco sportif (la Côte d’Ivoire est éliminée d’entrée) et populaire. Anouma, protégé par le pouvoir en place n’a pas de compte à rendre. Son seul souci : rempiler au CE de la Fifa. Et le 23 février 2011 à Khartoum, l’Ivoirien soutenu par Hayatou, décroche un deuxième mandat et l’un de ses affidés pousse le ridicule jusqu’à affirmer que « le président Anouma est décidé à travailler en étroite collaboration avec le président de la CAF ». Qui se ressemble s’assemble. A la Fifa, il retrouve – jusqu’en 2015 – une planque dorée. Et il engrangera des dollars par millions. Et pour les convictions, vous repasserez.
Il reste toutefois une grosse corde à la patte de l’Eléphant Anouma : la tragédie du 29 mars 2009, au stade Houphouët – Boigny. Ce jour-là, à l’occasion du match Côte d’Ivoire – Malawi, des bousculades aux grilles du stade ont fait 19 morts et 140 blessés. Deux collaborateurs directs de Jacques Anouma furent poursuivis pour faux et usage de faux en écriture (double billeterie) et jugés. Mais le président de la FIF s’en tira sans une seule égratignure. Et les morts du Felicia sont oubliés à jamais.
Nous ne traiterons pas des « amours » et des « désamours » Anouma – médias, c’est une affaire ivoiro-ivoirienne. « Je n’ai pas honte de mon bilan, je l’assume » répète notre looser. Amen. – Mahjoub Faouzi
Mis à jour (Mercredi, 27 Juillet 2011 02:52)
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