Armand B. DEPEYLA – Soir Info
Deux éléments des ex-Fds ( Forces de défense et de sécurité), des conducteurs de chars, impliqués dans les massacres de plusieurs personnes dans un marché d’Abobo, au plus fort de la crise post-électorale entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, ont été mis aux arrêts et déférés le vendredi 22 juillet 2011, devant Tribunal militaire d’Abidjan (Tma). Ils ont été arrêtés au Bataillon d’artillerie sol-air ( Basa), au camp d’Akouédo, avant d’être conduits, vendredi dernier au Tribunal militaire d’Abidjan, par un officier de cette unité. Le capitaine Epokou est l’actuel commandant intérimaire de ce bataillon, après la fuite du Lieutenant-colonel Tohouri Dadi. « Pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons pas vous dévoiler les identités des deux soldats arrêtés », a fait valoir un magistrat militaire, en charge du dossier. Les mis en cause sont conducteurs de chars. Ils seront placés « en détention dans un lieu sûr », vu que la Maison d’arrêt militaire (Mama) est hors d’usage en ce moment, a ajouté notre interlocuteur. C’est une minutieuse enquête, menée personnellement par le procureur miliaire, Ange-Bernard Kessy Kouamé, qui a abouti à l’arrestation de ces deux conducteurs de chars. Ils ont été débusqués au Bataillon d’artillerie sol-air ( Basa), à Akouédo. « Ce sont eux qui pilotaient ce jour-là les chars qui ont lâché des obus de mortier sur le marché d’Abobo », accuse le juge, s’appuyant sur les aveux des accusés. « Ils sont tout de suite passés aux aveux au cours de l’interrogatoire. Ils ont reconnu être les auteurs, avec d’autres éléments, des tirs d’obus qui se sont abattus sur le marché d’Abobo. Aujourd’hui, nous avons pu remonter toute la chaine de commandement et sommes en train de situer les responsabilités, notamment pénales », a souligné le juge chargé de l’instruction. Ils sont poursuivis, selon notre source, pour des délits de « violation de consigne et de crime contre les populations civiles », pour avoir « utilisé des obus de 120 et 81 mm qui sont des artilleries de campagne », a insisté le juge en charge de l’affaire. Le jeudi 17 mars 2011, au moins six obus se sont abattus sur le marché d’Abobo. Ces obus tirés par les forces armées du camp du président sortant Laurent Gbagbo, selon l’Onuci, avaient fait entre 25 et 30 civils tués, et 40 à 60 blessés. Cette attaque à l’arme lourde avait provoqué une vague d’indignation et entrainé une cascade de condamnations de la communauté internationale. L’Onuci avait « exprimé son indignation devant de telles atrocités contre des civils innocents. Les auteurs de ces exactions (…) ne sauraient rester impunis », avait promis son porte-parole, Hamadoun Touré. L’équipe de l`Onuci dépêchée sur place était composée d’une « patrouille accompagnée d`experts des droits de l`Homme ». L’Onuci avait directement mis en cause les forces fidèles au président sortant Laurent Gbagbo. L’enquête du Commissaire du gouvernement Ange Kessi, qui a permis, aujourd’hui, l’arrestation de ces deux éléments des ex-Fds, vient accréditer les accusations de l’Onuci contre les soldats restés fidèles à Laurent Gbagbo, jusqu’à sa capture, le lundi 11 avril 2011.
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